Utilisation des outils numériques dans le domaine de l’éducation des adultes


[Traduction (anglais-français) : EPALE France
Auteur : David Mallows]
Utilisation des outils numériques dans le domaine de l’éducation des adultes
L’avenir est numérique, mais ces outils peuvent-ils résoudre tous les problèmes de l’éducation des adultes ? David Mallows a partagé ses réflexions.
Nous faisons tellement de choses en ligne de nos jours : nous restons en contact avec nos amis, nous effectuons nos achats, nous nous informons, nous regardons la télévision, nous payons nos impôts et nos factures d’eau. Nous marchons dans la rue en gardant notre téléphone à la main afin de ne pas manquer le dernier message, la dernière mise à jour ou notification qui nous a été envoyé. Bref, nous aimons nos téléphones et nos tablettes ainsi que notre tout nouveau « cordon ombilical » qui nous relie à l’univers numérique de Facebook, Instagram et Twitter. Nous adorons ce monde de stimulation constante, de possibilités illimitées, et nous semblons accepter les promesses vides et les illusions avec lesquelles il nous alimente. Oui, nous faisons beaucoup de choses en ligne de nos jours, mais certainement pas tout. Nous continuons à nous engager avec des choses, des gens et des lieux hors ligne. Nous vivons dans le monde réel des choses physiques ; nous les touchons, nous leur parlons et nous en parlons.
Possibilités et défis
Bien sûr, l’offre d’apprentissage en ligne à destination des adultes est vouée à s’élargir de plus en plus, et c’est peut-être une bonne chose. En effet, la numérisation est synonyme de flexibilité, de facilité d’accès, de flots de potentielles ressources multimédias et de nouveaux moyens d’inciter les adultes à s’engager dans l’apprentissage. Cependant, l’introduction de ces technologies se fait lentement et, contrairement à ce qu’on crie sur les toits, leur efficacité se montre relativement limitée. Les faits soulignent plutôt les difficultés qui entourent la formation du personnel, les coûts engagés (non seulement pour les outils et les infrastructures nécessaires à leur fonctionnement, mais également pour former les professionnels) et, selon la localisation géographique, le manque de connectivité.
On nous dit souvent que la technologie a le potentiel de bouleverser l’accès à l’apprentissage, de surmonter les obstacles géographiques, physiques et financiers, et de proposer des contenus différents, accessibles partout, tout le temps, tout en reposant sur une multitude de méthodes. Elle en serait capable, mais est-ce que ce sera le cas ? Et si oui, ces changements seront-ils si importants ? Ou s’agira-t-il simplement d’une modification des mécanismes de prestation, sans impact réel sur l’apprentissage dans lequel nous nous engagerons ? Dans les années 1980, la télévision était supposée entraîner une grande transformation de l’éducation ; quand j’ai commencé à enseigner dans les années 1990, chaque classe disposait d’un téléviseur et d’un magnétoscope qui prenaient la poussière dans un coin. Les téléviseurs ont rapidement été remplacés par des rétroprojecteurs connectés à des PC, qui ont été à leur tour remplacés par des machines en réseau, puis par des services en nuage et des tablettes connectées (ou tout autre appareil similaire). Bref, la technologie change ; les tableaux blancs non interactifs étaient autrefois une grande nouveauté qui visait à bannir la poussière générée par les craies de la salle de classe et à enseigner à toute une génération la différence entre les marqueurs effaçables et les marqueurs permanents (ainsi que les conséquences si on utilisait le mauvais...).
Les outils numériques ne sont pas un but, mais un moyen
Nous devons faire la distinction entre l’apprentissage de l’utilisation des outils numériques et l’apprentissage par l’utilisation d’outils numériques. Le premier a constitué l’un des principaux moteurs de la hausse de la participation des adultes à l’éducation et à la formation au cours de la dernière décennie. Toutefois, dans un grand nombre de sociétés, l’omniprésence des outils numériques a rendu leur utilisation (la compétence numérique) moins pressante dans de nombreux domaines. Bien que certains groupes aient été exclus de la révolution numérique en raison de leur manque de compétences en TIC (et, peut-être, du manque d’accès à ces outils et aux connexions à haut débit qui permettent de les faire fonctionner), ces technologies numériques font dorénavant partie du quotidien d’une part croissante de la population. L’objectif des éducateurs d’adultes devrait donc être non seulement d’encourager l’apprentissage par des moyens numériques, mais aussi de veiller à ce que l’utilisation de ces outils améliore l’apprentissage, qu’ils permettent de franchir un cap plutôt que de se contenter de transférer des documents imprimés dans un PowerPoint.
Numérisation et inclusion
L’apprentissage numérique ne constitue-t-il qu’une technologie supplémentaire ? Son introduction dans la salle de classe (et la manière dont elle façonne les prestations en matière de formation des adultes) représente-t-elle une modification fondamentale dans le domaine de l’éducation et de la formation des adultes ? Faut-il alors repenser les fondements de notre approche en la matière ? Je n’en suis pas convaincu.
Les attentes, les motivations, les modes de vie et les expériences des jeunes (les futurs apprenants adultes) sont différents de ceux de ma génération (j’ai la cinquantaine). Ces outils posent de nouveaux défis aux fournisseurs de services éducatifs en termes de prestation et d’évaluation de l’enseignement, mais ils offrent également de grandes opportunités d’innovation et permettent de toucher une toute nouvelle génération d’adultes.
Pour certains groupes d’apprenants, l’utilisation de la technologie dans l’éducation s’accompagne d’un certain nombre d’obstacles et les personnes les plus susceptibles d’être exclues de l’apprentissage le seront encore davantage si une plus grande part de l’offre de formation est mise en ligne. Dans ce cas, ceux qui pourraient en tirer le plus de bénéfices se trouveraient exclus du processus.
Pour résumer
Les technologies numériques adaptées à l’éducation des adultes ne sont pas qu’un effet de mode et sont faites pour durer (jusqu’à ce qu’elles suivent la voie du rétroprojecteur bien sûr). Il est donc essentiel que nous consacrions du temps et des efforts afin d’explorer les meilleures manières de les mettre au service de l’éducation des adultes. Toutefois, n’oublions pas que cette dernière passe nécessairement par des relations personnelles et que les meilleurs éducateurs sont en mesure de forger, d’entretenir et d’utiliser de tels liens pour soutenir les adultes dans leur apprentissage.
L’éducation numérique devrait améliorer l’enseignement, et non pas se contenter de faire perdurer les méthodes existantes via de nouvelles technologies. Nous devons explorer les différentes manières dont ces outils peuvent permettre aux apprenants de partager leurs idées et de les confronter avec celles de leurs pairs. Nous devons nous fixer pour objectif d’améliorer l’expérience d’apprentissage, d’accroître la motivation et de fournir une expérience qui se rapproche des moyens par lesquels les adultes ont accès aux informations et communiquent entre eux dans le monde réel, en dehors de la classe.
David Mallows a 30 ans d’expérience dans le domaine de l’éducation des adultes, dans lequel il a œuvré en tant qu’enseignant, formateur d’enseignants, superviseur et chercheur. Il était auparavant directeur de recherche au National Research and Development Center for adult literacy and numeracy (NRDC) de l’UCL Institute of Education de Londres et représente actuellement le European Basic Skills Network à EPALE en tant que coordinateur thématique des compétences de la vie courante.
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