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Mémoire - Le vieillissement, l'éducation des adultes et le cerveau

Découvrez les progrès de la science sur la mémoire, la neuroplasticité et l'impact de l'éducation et de la formation tout au long de la vie.

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Regina EBNER

Memories - About ageing, adult education and the brain

[Traduction : EPALE France]

Depuis peu, je commence à perdre un peu la mémoire. Je reconnais que pour certaines choses, j'ai toujours été un peu tête en l'air. Par exemple, il m'est arrivé une fois de partir au Portugal sans mon portefeuille. Arrivée là-bas, je n’avais rien pour payer ! Heureusement, je n'étais pas tête en l'air pour tout, ce qui m'a bien servi sur le plan professionnel. Hélas, je ne peux plus en dire autant. Nombre d'e-mails restent aujourd’hui sans réponse parce que je pense y avoir déjà répondu. J'oublie des choses même si elles sont sur ma to-do list. Je me demandais si c'était une conséquence de l'âge, alors je me suis mise à faire des recherches sur Internet pour en savoir plus sur le vieillissement du cerveau et la mémoire. Je me suis concentrée sur les sites « officiels », c'est-à-dire les organisations de santé et de science, les bibliothèques et les instituts nationaux. J'avoue ne pas avoir tout compris, mes connaissances en neurosciences étant très limitées. Néanmoins, les fondements scientifiques de la mémoire des êtres humains et leur lien avec l'apprentissage sont extrêmement importants pour les sociétés vieillissantes.

Neuroplasticité - le cerveau, un muscle puissant

Je vais commencer par un terme que j'ai découvert lors d'un discours tenu par un neuroscientifique, qui parlait justement des personnes âgées et de l'apprentissage : la neuroplasticité.

La neuroplasticité, c'est la capacité du cerveau à s'adapter, à apprendre, tout au long de la vie, grâce à la pratique ou à l'expérience. C'est ce qui rend les systèmes biologiques uniques et adaptables. Ces évolutions ne concernent pas seulement les étapes critiques du développement du cerveau, mais aussi la réorganisation neuronale tout au long de la vie grâce aux processus d'apprentissage et de consolidation de la mémoire dans des conditions normales et pathologiques. (KU Leuven Brain Institute, Neuroplasticity, learning and memory

Autrefois, on pensait que le cerveau se formait durant l'enfance et l'adolescence et qu'il se stabilisait à l'âge adulte. En réalité, c'est plutôt le contraire. Le cerveau ne se forme pas complètement pendant l'enfance et l'adolescence. Son développement est en fait le fruit de la génétique, de l'apprentissage et de l'expérience. Il faut bien comprendre que le terme « biologique » n'implique pas un résultat fixe et prédéterminé. Au contraire, notre cerveau évolue continuellement tout au long de notre vie, façonné par les expériences que nous vivons et les connaissances que nous acquérons. Ainsi, une grande partie du développement cérébral consiste à modifier les connexions entre les neurones, notamment en renforçant les voies entre les neurones qui sont fréquemment sollicitées. Comme un muscle !

Quant à savoir comment le cerveau gère la mémoire et l'apprentissage, c'est - comme je l'ai appris - une question clé des neurosciences. Les universités et les instituts de recherche travaillent à différents niveaux, du point de vue médical au point de vue comportemental (et leurs connexions).

Selon l'Université de Louvain, le concept de neuroplasticité remet en question cette vieille croyance selon laquelle notre cerveau arrive à maturité à l'adolescence et demeure inchangé en vieillissant. Elle soutient également l'idée que notre cerveau continue d'évoluer et de se transformer tout au long de notre vie, même en cas de maladies. Cette découverte a débouché sur des recherches passionnantes, mêlant les domaines des neurosciences et des sciences du comportement. Aujourd'hui, les scientifiques s'intéressent même aux changements dynamiques qui se produisent aux niveaux les plus petits de notre cerveau, comme les synapses, et suivent la transformation des voies neuronales et des réseaux cérébraux entiers. Ils explorent toutes les facettes du cerveau, depuis les mécanismes moléculaires les plus petits jusqu'à la complexité des systèmes, tant chez l'animal que chez l'homme.

En ce sens, la prise en compte de la plasticité neuronale ouvre de nouvelles possibilités et témoigne de l'extraordinaire capacité d'adaptation et d'apprentissage de notre cerveau. Elle remet en question d'anciennes certitudes et ouvre la voie à de possibles interventions révolutionnaires susceptibles d'améliorer la santé cérébrale et les capacités cognitives tout au long de la vie. En encourageant ce domaine de recherche en pleine effervescence, nous pouvons élucider les mystères de la résilience cérébrale et ouvrir de nouvelles perspectives pour mieux comprendre les troubles neurologiques et le bien-être en général. 

Memories - About ageing, adult education and the brain

Qu'est-ce que cela implique pour l'apprentissage et l'éducation des adultes ?

Ross Cunningham, auteur de l'article pour l'UNESCO La neuroplasticité : Comment le cerveau change avec l'apprentissage, en vient à la conclusion que notre cerveau est conçu pour continuer à apprendre, et non pour être freiné par des raisons biologiques. Tout au long de la vie, notre cerveau reste élastique et évolue constamment, s'enrichissant de nouvelles expériences. Ce n'est pas seulement une question de génétique, notre « intelligence » repose également sur les connexions complexes forgées par nos expériences d'apprentissage. Notre cerveau est donc naturellement amené à apprendre sans cesse.

Au quotidien, lorsque nous accomplissons des tâches, résolvons des problèmes et relevons des défis, des connexions spécifiques dans notre cerveau se renforcent, ce qui consolide nos habitudes, renforce nos souvenirs et améliore nos compétences.

Il en va de même lorsque nous apprenons consciemment en pratiquant et en nous entraînant - le principe du renforcement des connexions reste le même. Selon M. Cunningham, l'apprentissage est plus significatif lorsque des liens sont établis entre des concepts connexes que lorsque l'on mémorise par cœur. Cette approche révèle tout le potentiel d'adaptabilité de notre cerveau, dévoilant ainsi la véritable essence de l'apprentissage profond.

Autrement dit, la croyance selon laquelle « on n'est jamais trop vieux pour apprendre » est bel et bien fondée sur des preuves neuroscientifiques. Le deuxième point correspond au concept d'apprentissage informel et à son importance. Le troisième point, qui fait référence à l'éducation formelle, est moins important pour l'éducation non formelle des adultes, mais il faut tout de même le garder à l'esprit. J'ai déniché une étude qui s'est penchée sur deux formes différentes d'apprentissage et sur leur impact sur la mémoire et le cerveau.

Nous avons examiné l'impact de l'apprentissage continu sur les fonctions cognitives des personnes âgées en utilisant plusieurs conditions de contrôle, en nous basant sur une distinction entre l'apprentissage productif et l'apprentissage réceptif. Ces deux types d'apprentissage se distinguent par les opérations cognitives qu'ils impliquent. L'apprentissage productif renvoie à des activités qui nécessitent un apprentissage actif et une mobilisation soutenue de la mémoire de travail, de la mémoire à long terme et d'autres processus opérationnels. En revanche, l'apprentissage réceptif renvoie aux activités qui reposent sur l'observation passive, l'activation des connaissances existantes et les activités familières, plutôt que sur l'acquisition d'informations nouvelles et la réalisation de tâches exigeantes sur le plan cognitif. (Park DC, Lodi-Smith J, Drew L, Haber S, Hebrank A, Bischof GN, Aamodt W. The impact of sustained engagement on cognitive function in older adults : the Synapse Project. Psychol Sci. 2014 Jan;25(1):103-12.

L'apprentissage productif a eu un impact considérable sur les fonctions cognitives, tandis que l'apprentissage réceptif n'a eu que peu voire pas d'effet. Ces résultats peuvent clairement éclairer l'apprentissage des adultes, en particulier des plus âgés. D'autres recherches portent sur l'éducation des adultes et sur l'impact qu'elle peut avoir sur les apprenants âgés. Ainsi, des études axées sur divers arts participatifs tels que la musique, le théâtre, la danse et l'écriture créative se sont révélées très prometteuses pour améliorer la qualité de vie et le bien-être général des adultes (plus âgés). Ces activités contribuent à améliorer les fonctions cognitives, la mémoire, l'estime de soi, les interactions sociales et à réduire le stress. L'Institut national américain du vieillissement (US National Institute of Ageing, NIA) souligne l'importance de poursuivre les recherches dans ce domaine et explore activement de nouveaux modèles de recherche et de nouvelles mesures pour établir l'efficacité et le rapport coût-bénéfice des activités artistiques.

Perdre la mémoire, très peu pour moi !

Pour en revenir au début de mon article, que faire pour stimuler la mémoire ? Le NIA formule les recommandations suivantes :

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