Education à la citoyenneté mondiale : reconnaître l’importance des espaces informels pour l’enseignement


[Traduction (anglais-français) : EPALE France]
Comment les enseignants peuvent-ils au mieux soutenir l’éducation à la citoyenneté mondiale ? Dans son blog la chercheuse Madeleine Le Bourdon partage les résultats de ses recherches, soulignant l’importance des espaces informels pour l’éducation à la citoyenneté – un domaine d’étude négligé-et formule cinq recommandations à l’attention des praticiens qui enseignent dans ce domaine.
Le concept de la citoyenneté mondiale n’est pas neuf. De Diogène à Kant et aux érudits contemporains comme Kwame Appiah, la citoyenneté mondiale a été largement discutée et interprétée dans les milieux académiques.
Au cœur de ces interprétations cependant, se trouve souvent une confusion du local et du mondial, et l’adoption d’une perspective cosmopolitaine. Aux fins de cet article, la citoyenneté mondiale s’entend d’un processus continu de transformation vers des sentiments de solidarité avec les personnes auxquelles nous sommes liés culturellement et géographiquement. L’enseignement, qui est un apprentissage structuré avec des objectifs définis, est considéré comme essentiel au développement de la prochaine génération de citoyens mondiaux.
L’apprentissage expérientiel est la clé de l’enseignement de la citoyenneté mondiale
Comment devons-nous, dès lors, en tant qu’enseignants, approcher le développement de ce processus transformatif, particulièrement à une époque où les politiques d’enseignement sont de plus en plus centrées sur les objectifs, le succès et les grades ? Beaucoup d’intellectuels qui étudient l’enseignement de la citoyenneté mondiale ont posé la même question, ce qui a permis l’élaboration d’un cadre des meilleures pratiques. Baillie Smith a souligné la nécessité d’encourager des apprenants à l’esprit critique et réflexifs, qui sont mieux informés « des causes plutôt que des effets de la pauvreté et de la justice dans le monde ». Andreotti souligne également la nécessité de s’assurer que les apprenants se demandent, de manière critique, d’où et comment ils obtiennent les connaissances, en diversifiant les voix entendues, et se joint ainsi à un appel plus large à la décolonisation des programmes d’enseignement traditionnels. D’autres, par ailleurs, ont mis l’accent sur l’importance d’un environnement ouvert et sûr pour l’enseignement. Certains voient les enseignants comme des facilitateurs - ils fournissent des sources d’information fiables et d’une gamme plus étendue mais ils ne sont que de simples participants aux discussions, pas les leaders de ces dernières. En bref, l’apprentissage expérientiel est considéré comme essentiel pour le Certificat général d’éducation.
Meilleures pratiques pour les enseignants
Dans mon article de 2018, cependant j’ai concentré mon attention sur les espaces informels entre les séances d’enseignement structuré, où les élèves interagissent, sérieusement, à l’écart des pressions et des contraintes de la classe. Que ce soit dans l’enseignement formel (écoles, universités) ou non-formel (programmes d’enseignement organisés par diverses institutions d’enseignement pour adultes ou par des ONG) ces espaces informels n’ont pas été explorés. C’est surprenant dans la mesure où la citoyenneté mondiale est considérée comme une démarche d’apprentissage qui dure tout au long de la vie. Ma propre recherche m’a appris que l’enseignement de la citoyenneté mondiale se situe dans les espaces entre les séances d’enseignement structurés, où les apprenants sont à même de développer leurs compétences et leurs connaissances et de devenir des apprenants indépendants. J’explore ces espaces en plus de détails dans mon prochain chapitre pour le livre de Bloomsbury sur les perspectives internationales de l’enseignement à l’échelle mondiale (édité par Douglas Bourn).
Mais pour l’instant, voici mes recommandations essentielles pour les praticiens et les enseignants qui ont la citoyenneté mondiale comme sujet dans leurs cours :
- Permettez aux apprenants d’interagir en dehors des situations d’enseignement structuré et reconnaissez la valeur de cette interaction.
- Créez une expérience qui stimule les sens des apprenants. Les apprenants apprennent de différentes manières et une expérience holistique peut intensifier l’impact de l’enseignement. En pratique ceci peut signifier l’apprentissage par la musique, la danse, les jeux, des dégustations et de la cuisine internationale, des visites d’études, inviter des conférenciers de cultures différentes ou, si possible, des voyages d’études.
- Honorez les émotions qui se manifestent lors de ces occasions, accordez l’espace et le temps nécessaires à l’expression et au respect de ces émotions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la classe.
- Créer un sentiment de communauté parmi les apprenants contribue à rendre familier ce qui ne l’est pas. Manger ensemble, nettoyer ensemble, jouer ensemble permet aux personnes de connecter, et à des sentiments de connexion, d’appartenance et de solidarité de se manifester.
- Diversifiez l’environnement de votre enseignement et encouragez les élèves à faire de même en dehors de leurs classes. Il pourrait s’agir ici par exemple de les encourager à lire plusieurs sources d’actualités, de suivre une gamme étendue de personnes d’horizons différents sur les médias sociaux, ou encore de connecter et d’interagir avec une variété de personnes et d’endroits dans leurs propres communautés. L’adoption d’habitudes de ce type dans les espaces informels ouvre la porte à l’apprentissage continu.
Il y a beaucoup plus d’espaces informels qui peuvent contribuer à ce processus transformatif continu, et n’hésitez donc pas à ajouter les vôtres mais j’espère que ceux-ci constituent un bon point de départ. |

Suivez Madeleine sur Twitter: @MLeBourdon
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