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Quand l’université s’initie au « Café mortel »

Alternative citoyenne pour parler et vivre la mort!

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Roseline Le Squère
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Qu'est-ce qu'un Café mortel ?

Un Café mortel, ou Death Café en anglais, est un rassemblement informel où les gens se réunissent pour discuter ouvertement de la mort et de la période de fin de vie. Initié en 2004 par le sociologue suisse Bernard Crettaz et popularisé par Jon Underwood au Royaume-Uni en 2011, ce concept vise à démystifier la mort et à encourager les discussions autour de ce sujet souvent tabou. Souvent, la mort s’exprime de manière emphatique. Le Café mortel encourage à s’exprimer de manière plus directe, sans crainte, et de manière spontanée. Les participants peuvent partager leurs pensées, leurs expériences, leurs peurs et leurs questions sur la mort dans un environnement accueillant et respectueux.

Un parcours de recherche mené depuis 2017, par des enseignants-chercheurs du Prefics, sur les aidants de malades d’Alzheimer, montre un intérêt pour les problématiques de la prise en charge et de la fin de vie. L’un d’entre eux, Frédéric Pugnière-Saavedra, maître de conférences à l’Université Bretagne Sud (UBS) et directeur adjoint du laboratoire PREFICS, s’investit sur les problématiques de la prise en charge et de la fin de vie. Il a également été contributeur à la convention citoyenne qui s’est déroulée au Conseil Économique, Social et Environnemental (Cese) entre le 09 décembre 2022 au 02 avril 2023. Fort de cette expérience, en avril 2024, il a initié l’expérimentation d’un Café mortel au cœur du campus universitaire de Tohannic, Université Bretagne Sud, à Vannes. (Une prochaine session est également prévue sur le campus de Lorient en novembre 2024). 30 personnes (étudiants, personnels de l’université accompagnés de leur conjoint et / ou ami) se sont réunies pour cet évènement. 

Death Café.

Comment s'organise un Café mortel ?

L'organisation d'un Café mortel est relativement simple et accessible. Les étapes clés pour organiser un tel événement :

  1. Choisir un lieu et une date : Les Cafés mortels peuvent avoir lieu dans des cafés, des bibliothèques, des centres communautaires ou même chez quelqu'un. L'important est de choisir un lieu où les participants se sentent à l'aise et où les discussions peuvent se dérouler sans interruption. Pour le cas de l’UBS, il s’agissait d’une salle classique, réservée à des activités plutôt institutionnelles.
  2. Inviter les participants : La publicité peut se faire via les réseaux sociaux, des affiches locales, des newsletters ou encore le bouche-à-oreille. Il est crucial de préciser que l'événement est ouvert à tous et qu'aucune préparation préalable n'est nécessaire.
  3. Créer un environnement accueillant : Offrir une collation aide à créer une atmosphère détendue et conviviale. De quoi s’asseoir et une disposition permettant des discussions en groupe sont également importants.
  4. Faciliter la discussion : Un ou plusieurs animateurs peuvent être présents pour guider les discussions, poser des questions ouvertes et s'assurer que tout le monde a l'occasion de s'exprimer. L'objectif n'est pas de diriger la conversation mais de permettre à chacun de partager ses pensées librement. Pour le cas de l’UBS, une professionnelle célébrante de funérailles civiles et conteuse, Noémie Robert, a mené l’ensemble de la séquence, en rappelant qu’elle intervient à titre de vivant, et donc, de mortel. 
  5. Respecter la confidentialité et le respect mutuel : Il est crucial d'établir des règles de base pour s'assurer que les discussions restent respectueuses et confidentielles. Ce qui est dit au Café mortel reste au Café mortel. Pour le cas de l’UBS, d’abord ouvert aux étudiants et personnels, nous aurions pu penser que participer à un tel évènement sur son lieu de travail et d’étude, amenait à des biais non néglibeables en termes de posture, et de possibilité de dialogue ouvert. Parler de la mort sur son lieu de travail n’est pas évident. On croise les étudiants, les collègues, on livre quelque chose. Frédéric Pugnière-Saavedra a ouvert la séquence rappelant l’importance de laisser à la porte de l’évènement les vêtements sociaux dont nous sommes tous empreints. Le but était de pouvoir laisser libre court à la prise en parole avec le moins de biais possibles. 

La valeur ajoutée sociale des Cafés mortels

Les Cafés mortels apportent une multitude de bénéfices sociaux, tant au niveau individuel que communautaire :

  1. Briser le tabou de la mort : En offrant un espace pour discuter de la mort, les Cafés mortels contribuent à normaliser ce sujet et à réduire la peur et l'anxiété qui l'entourent. Les participants apprennent à voir la mort comme une partie naturelle de la vie. L’intérêt de s’efforcer de laisser « ses vêtements sociaux » à la porte de l’évènement se trouve également dans la possibilité de profiter pleinement de ce temps de partage en se rapprochant, simplement, d’une communauté d’humains sans rôle social identifié. 
  2. Renforcer les liens communautaires : Ces événements créent des opportunités de rencontres et de connexions profondes entre des personnes qui, autrement, n'auraient peut-être pas interagi. Partager des expériences personnelles peut renforcer les liens et créer un sentiment de solidarité et de compréhension mutuelle.
  3. Favoriser le bien-être mental : Ce n’est pas un espace à visée thérapeutique. Il n’y a pas d’attente théorique tolérée. On parle à cœur et à tripes. Le but est de créer du lien entre les vivants. Parler de la mort et de ses craintes peut être réconfortant pour les participants confrontés au fait qu'ils ne sont pas seuls dans leurs pensées et leurs sentiments. Cela peut également entraîner certains participants, peut les aider à vivre une vie plus pleine et consciente, en valorisant chaque moment. 
  4. Encourager les discussions sur la fin de vie : Les Cafés mortels incitent à parler des souhaits et des plans de fin de vie, ce qui peut aider à préparer les individus et leurs familles à faire face à cette étape avec plus de sérénité et de clarté.

Les Cafés mortels sont bien plus que des discussions sur la mort. Ils sont des espaces de partage, de réflexion et de connexion, qui enrichissent les vies des participants en les aidant à aborder la mort avec honnêteté et ouverture. Ils montrent que parler de la mort peut, paradoxalement, enrichir notre manière de vivre. 

Le temps d’une soirée, un collectif se crée sous la forme d’une communauté éphémère traitant des représentations de la mort.  Il est à noter que moins de 5% des personnes, aujourd’hui, vivent une pratique religieuse au quotidien. Or, 74% des cérémonies de funérailles sont religieuses. Donc au moment de mourir, cela a une place particulière. 

Le Café mortel est associé à un mouvement de l’alternative citoyenne, dans le but de se réapproprier des espaces, des sujets sur les funérailles. Derrière ce mouvement se glisse également un engagement militant citoyen. Né en Suisse il y a 20 ans, par Bernard Crettaz (spécialiste des rites funéraires), les Cafés mortels se tiennent dans le monde entier. Pour en savoir plus : <deadcafe.com>.

Bibliographie associée 

Cafés mortels - Sortir la mort du silence, de Bernard Crettaz, 978-2-8309-1390-3, 2010

Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, EAN : 9782072574795, 304 pages, 2014

Ces deux ouvrages sont des exemples pour appréhender, sous la forme d’un roman d’abord, le cheminement de la réflexion sur la mort pour aider à l’acceptation, aider aux décisions, aider à la vie qui continue ; puis pour appréhender pour le second ouvrage le principe du café mortel.

Une ressource associée, sous la forme d'une bibliographie étendue, est également publiée sur EPALE. Cf. Centre de ressources. 

Cet article a été rédigé par Roseline Le Squère, experte thématique EPALE France. 

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