L’analphabétisme fonctionnel des adultes dans les pays riches de l’ouest

Jusqu’a la fin des années soixante du 20éme siècle, l’analphabétisme était traité dans les pays développés comme un phénomène sévissant dans les zones du Sud pauvre et arriéré. La conviction que le problème était à jamais résolu était universelle et bien ancrée dans la conscience des sociétés européennes. Les thèses prônant que cela concerne aussi les cercles de sociétés non négligeables dans les pays de prospérité étaient admises par les gouvernements comme par les sociétés elles-mêmes avec méfiance. Tout au plus, on spéculait, l’analphabétisme ne pouvait concerner que la partie d’immigrés qui commençaient une nouvelle vie dans les pays riches, ceux-ci investissant dans le savoir et l’éducation.
« La découverte » de l’ampleur de l’analphabétisme dans les pays développés de l’Ouest a causé un choc, la surprise et l’incrédulité. Les recherches internationales comparatives initiées par l’OCDE dans les années quatre-vingt- dix du 20ème siècle ont démontré qu’une partie considérable d’Européens se classifiait dans le cercle des « analphabètes » alors qu’en majorité écrasante ces personnes avaient terminé au moins l’école primaire, avaient donc été soumises à la socialisation dans une société lettrée avec sa culture lettrée, ont eu un contact avec l’écriture ( en famille, à l’école, dans le quotidien) et savaient très bien quel rôle énorme joue la langue écrite. La personne contemporaine illettrée connaît les lettres dans leur individualité, mais elle ne sait néanmoins pas les relier. Au demeurant, elle peut lire une phrase mais elle ne sait pas comprendre son contenu. En général, pour un analphabète fonctionnel on considère qu’il s’agit d’une personne adulte dont les compétences dans le domaine de la langue écrite sont plus basses que celles qui sont nécessaires pour faire face aux exigences sociales établies, à la participation sociale et à la réalisation des chances individuelles de l’autoréalisation.

En 2010, le Comité des Régions de l’Union Européenne a édité un document intitulé « La lutte contre l’analphabétisme fonctionnel » - Mise en œuvre d’une ambitieuse stratégie européenne contre l’exclusion et pour protéger le développement personnel », dans lequel on postule entre autre « introduire la lutte contre l’ analphabétisme pour les buts transversaux de la stratégie changée à Lisbonne après 2010 ainsi que mener une lutte contre l’analphabétisme parmi les directives stratégiques de la communauté. ». Le document affirme que l’analphabétisme concerne tous les groupes d’âge, surtout les gens après 45 ans, il est présent aussi bien dans les villes que dans les milieux ruraux et ne concerne pas uniquement les personnes exclues du marché du travail (la moitié des personnes que l’analphabétisme concerne travaillent) et n’est pas un phénomène lié à la migration (les trois quarts des analphabètes après cinq ans de résidence dans le nouveau pays parlent uniquement la langue du pays de séjour).
Certains des pays européens effrayés par les résultats des recherches de l’OCDE ont mené leurs propres recherches. Les études en France (années 2004/2005) ont décelé parmi la société des adultes de d’âge productif (population active d'environ 40 millions de personnes) un groupe de 3,1 millions de personnes qui conformément à l’échelle des connaissances admises ont été qualifiées comme analphabètes fonctionnels (soit 9% de la population active). Ces études concernaient uniquement des personnes ayant fréquenté le milieu scolaire français. Ainsi donc, 59% des analphabètes fonctionnels sont des hommes, autrement dit, 11% de la population masculine en France ne sait ni lire ni écrire tandis que les femmes sont moins de 8%. Une majorité écrasante d’analphabètes fonctionnels français a maîtrisé la langue française durant l’enfance et ce, dans les milieux populaires et en tant que langue unique.
Les études menées en Angleterre en 2011 ont permis d’établir que 14,9% (plus de 5 millions) des Anglais se révèlent analphabètes fonctionnels. Les mêmes études en Allemagne ont montré que les analphabètes intégraux (déficit total en lecture et écriture) constituent 4,5% de la population allemande dans le groupe d’âge de 18 à 64 ans. L’analphabétisme fonctionnel concerne 10% des personnes dans cette catégorie d’âge. La population des analphabètes intégraux et des analphabètes fonctionnels englobe en général 7,5 millions de ressortissants. En outre, plus de 25% de la population adulte (13,3 millions) ressentent des graves difficultés avec l’écriture et la lecture. D'ordre général presque 40% des habitants adultes de l'Allemagne se qualifient pour le groupe d'analphabètes fonctionnels et des personnes ayant des aptitudes insuffisantes dans les domaines de la lecture et de l'écriture.
En Pologne, des études exhaustives n'ont pas été menées jusqu'à présent, cependant, de nombreux éléments tendent à démontrer que le problème existe également. Déjà dans les années soixante- dix du siècle précédent , les pédagogues de Torun ont prouvé que parmi les élèves terminant l'école primaire, presque 10% étaient déjà analphabètes fonctionnels, ces jeunes gens n'arrivaient pas à maîtriser plus de 5% du savoir contenu dans les programmes d'éducation des matières particulières et pourtant ils ont obtenu un certificat.
La question de l'illettrisme est systématiquement soulevée par les représentants des sciences diverses, en indiquant les menaces pour les individus et les sociétés, résultant du manque d'efficacité et des carences scolaires dans lesquelles il y a plusieurs phénomènes négatifs tels que : sélection scolaire, redoublement, abandon de l'apprentissage, absences aux cours, renonciation à se présenter aux examens finaux, échecs à ces examens quand ils sont entrepris et beaucoup d'autres facteurs.
De même, les études internationales des aptitudes à la lecture et à l'écriture des personnes adultes dans lesquelles ont participé les Polonais, à titre d'exemple "International Literacy Survey , IALS" peuvent susciter de l'inquiétude. La Pologne s'est retrouvée, dans ces études, parmi les pays les moins bien notés. Tant pour les 42,6% d'examinés sur l'échelle de la compréhension des textes continus que sur les 45,4% sur l'échelle de compréhension de documents et de formulaires qui ont été résolus sur des tests de niveau plus bas en comparaison avec d'autres pays comme la Suède (7,5%), la Norvège (8,5%) ou le Danemark (9,6%), ce qui fait apparaître d'énormes disproportions dans les aptitudes des personnels examinés. En plus, des données inquiétantes sont fournies par les études concernant les capacités de lecture des Polonais, lesquelles études ont été menées par la Bibliothèque Nationale. Dans un nombre croissant de foyers, il n'y a aucun livre (22%). Sur 63% de personnels examinés en 2016, il ressort qu'aucun livre n'a été lu. A peine un Polonais sur dix a lu plus de 7 livres. A peine 46% des participants ont pu lire un texte comportant au moins 3 pages manuscrites.
Etant donné que les études internationales ont démontré le lien statistiquement important que ceux qui pratiquent la lecture pour le plaisir obtiennent un score très élevé aux tests, comme d'ailleurs dans les résultats scolaires il faut considérer les données ci-dessus comme un signal alarmant voire lugubre. Le sociologue polonais Mikolaj KOZAKIEWICZ a constaté il y a déjà des années que l'analphabétisme est un anachronisme manifeste dans une époque où volent des spoutniks et où règnent les machines à calculer et il faut voir là autre chose qu'un phénomène non existant ou pire supprimé à jamais.
En Pologne, le nombre d'écoles primaires pour les adultes diminue progressivement et systématiquement. Il est tout aussi visible que la diminution des élèves adultes concernés. Néanmoins comme le montrent les expériences menées dans d'autres pays, les chiffres ne sont pas très fiables. L'obtention du diplôme de fin d'études primaires, du collège 1er cycle ou même du niveau plus élevé ne constitue pas la preuve que son détenteur ou sa détentrice ont un niveau de connaissances suffisamment courant dans l'exercice de l'écriture pour faire face aux exigences du monde du travail, de la quotidienneté et de poursuivre leur construction en s'appuyant sur une compétence avérée dans le domaine de la lecture et de l'écriture pour que le développement personnel, professionnel et social soit harmonieux. Le bas taux de participation dans les écoles primaires pour adultes pourrait témoigner au maximum que le devoir scolaire a été exécuté. Mais il ne prouve rien quant à la qualité de l'éducation scolaire ni sur la connaissance des diplômés dans la culture de l'écriture.
Nous n'avons pas d'informations approfondies sur le phénomène d'illettrisme en Pologne. Une chose cependant est sûre. Le déficit constaté dans la lecture et l'écriture n'est pas inéluctable et ce n'est pas une maladie incurable, On peut parfaitement contrecarrer ce déficit et réduire l'échelle du phénomène en donnant aux individus et aux groupes sociaux une autre chance pour parfaire leur éducation.
Professeur Ewa Przybylska- maître de conférence, titulaire de la chaire d'éducation des adultes du département des sciences pédagogiques à l'Université de Nicolas Copernic à Torun
"Social" nie pomaga w uczeniu się...
Te dane szczerze mnie przeraziły. Pierwsza refleksja, która mi się nasunęła to taka, że całe dobrodziejstwo tego, co przynosi technologia, internet, social media, jednocześnie zabiera nam to, co cenne – umiejętność skupienia się na danym zagadnieniu dłużej niż kilka minut. Mamy wokół tak dużo bodźców, które zabiegają nam motywacją do tego, aby włożyć wysiłek w analizę informacji, refleksję… Sama po sobie widzę, że choćby nauka języka obcego, która kiedyś przychodziła mi z łatwością, dziś jest wyzwaniem, bo wymaga uważnego skupienia się danym zagadnieniu, aby je naprawdę zrozumieć. A pokusa, która automatycznie przychodzi, to szukanie szybkich rozwiązań właśnie w wirtualnym świecie.