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Investir dans la qualité en formation, après la réforme (3/3)

En cette nouvelle année, de transition et d’application de la loi « Avenir professionnel », une « nouvelle société de compétences » devrait voir le jour, gouvernée par France Compétences, avec l’appui opérationnel des opérateurs de compétences (OPCO) chargés de favoriser l’élaboration de plans de développement des compétences. Un nouveau décret devrait impacter les acteurs de la formation, mais de quelles manières ?
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Frank SAVANN

 

Viser le développement des compétences en passant par "la qualité de la formation"

En cette nouvelle année, de transition et d’application de la loi « Avenir professionnel », une « nouvelle société de compétences » devrait voir le jour, gouvernée par France Compétences, avec l’appui opérationnel des opérateurs de compétences (OPCO) chargés de favoriser l’élaboration de plans de développement des compétences.

Le rapport à la compétence dans la loi est omniprésent, insistant. Il souligne et rappelle :

-         que la formation est un moyen au service de l’objectif compétence,

-         et que pour y parvenir, la compétence est l’affaire de tous : managers, RH, apprenants, prestataires de formation et financeurs (OPCO, Etat, régions, Caisse des dépôts et consignations, Pôle Emploi...)

Et comme le développement des compétences ne devra pas se faire au détriment de la maîtrise et l’optimisation des fonds de la formation, on réintroduit, dans le cadre de cette réforme systémique, un nouveau décret qualité basé sur les fondements du précédent (cf. les 6 critères du décret du 30/06/2015). Sauf que celui-ci devrait impacter autrement mais aussi considérablement les acteurs historiques et nouveaux du système de formation mis en oeuvre.

 

Le marché de la formation sera marqué par l’obligation d’être certifié

Cette obligation s’imposera à tous les prestataires de formation dès lors que leurs clients mobiliseront des fonds mutualisés ou publics (issus du CPF, PRO A, contrats de professionnalisation ou d’apprentissage, plan de développement des compétences des entreprises de -50 salariés, financements Pôle Emploi, Etat ou Régions).

L’année 2019 devrait donc être marquée par un marché de la formation, formation professionnelle continue et apprentissage, qui évoluera rapidement vers l’obligation d’être certifié. Ce « must have » induira une probable réduction du nombre de prestataires de formation avec un phénomène qui pourrait faire émerger des freins d’ordre organisationnel, économique et financier. En effet,

-         pour entrer dans le marché : se doter d’une certification qualité constituera un frein financier non négligeable aux candidats à une activité de formation. Si techniquement, disposer d’une déclaration d’activité auprès de la Direccte n’empêchera pas la réalisation de prestations de formation, le chiffre d’affaires sera alors potentiellement limité aux seules conventions négociées dans le cadre de relations directes avec les acheteurs… privés,

-         pour y rester : tous les opérateurs de formation en place, en particulier ceux qui interviennent sur des actions certifiantes, voire éligibles au CPF, verront leur modèle économique quelque peu bousculé… par une rémunération à la baisse. Avec un décret fixant un taux horaire du CPF à 15€/h, il faudra compensé par du volume pour atteindre une marge correcte et obtenir le retour sur investissement dans la certification qualité choisie. Comment espérer produire de la qualité à 12 ou 15 apprenants ? Il faudra innover, peut-être s'appuyer sur les solutions numériques proposées en formation.

 

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Les incidences pour les professionnels des RH et de la formation
 

La plupart des acheteurs publics intègrent déjà la certification qualité comme critère de sélection dans leurs appels d’offres. Et c’est aussi souvent le cas des appels d’offres lancés par les grandes entreprises. Donc pour ces acheteurs, mais aussi tous les autres, s’ils souhaitent conserver ce critère dans la sélection de leurs prestataires, ils devront apprendre à distinguer les apports d’une certification qualité en formation de toutes les autres, si toutefois ils ont du temps à y consacrer et si tant est que cela change beaucoup dans les livrables attendus des professionnels qui seront tous certifiés.

Les prestataires de formation disposent d’un an pour réfléchir à la certification qui correspondra le mieux à leur stratégie de développement. Comme la majorité d’entre eux n’est pas certifiée mais inscrite au data-dock (environ 50000) et la moitié « data-dockés », le conseil qui pourrait leur être donné est :

-         Etape 1 : pour ceux qui ne sont pas data-dockés, faites le nécessaire au pus tôt !

-         Etape 2 : pour ceux qui sont data-dockés, avant toute chose, engagez-vous dans une démarche qualité qui correspond à votre organisation et sa stratégie. Puis, dans un second temps, faites-vous accompagner pour identifier la certification qualité adaptée. Vous devriez avoir l'embarras du choix.

Les financeurs, notamment les OPCO, devront régler une équation pas forcément évidente : soutenir le développement des compétences, notamment dans les structures de moins de 50 salariés, avec une offre de services incitative et adaptée tout en garantissant la qualité de la formation au sens réglementaire. Et cela, ils devront le faire sans l’outil qu’ils ont collectivement développé : le data-dock. La piste qu’ils ont tout intérêt à développer est celle de l’Action de Formation En Situation de Travail (AFEST).

Les OPCO déjà créés, qui ont déjà nommé leur responsable Afest, sont invités à se manifester pour être auditionnés par le groupe de travail national porté par l’Agenda Européen pour la Formation des Adultes (AEFA). Une première journée d’auditions est planifiée le 14 février à Paris. Un post suivra d’ici quelques jours sur la note de cadrage appliquée par ce groupe de travail.

 

Les organismes certificateurs devront repenser leur offre

Pour les prestataires de formation et pour les formateurs indépendants, les certifications et labels qualité en formation devraient se diviser en 2 catégories :

-         les certifications accréditées par le Cofrac (Comité Français d’Accréditation dont la mission, ici, est d’accréditer les certifications délivrées par les organismes certificateurs - cf. Art. L. 6316-2)

-         et probablement, les certifications et labels « validées » par l’instance de labellisation, créée ex materia, reconnue par France Compétences.

Même si le marché de la certification qualité en formation devrait se développer encore quelques belles années, il sera transformé par :

-         une concurrence nouvelle entre d’un côté les certifications qualité accréditées par le Cofrac et de l’autre celles qui pourraient être reconnues par l’instance de labellisation dépendant de France Compétences,

-         la réduction probable du nombre d’opérateurs de formation qui renonceront à ce marché devenu trop contraignant, trop administré, voire trop « processé » pour eux.

-         une nouvelle perception des clients dans leur rapport à la qualité pour qui la certification pourrait devenir un objectif administratif susceptible même d'empiéter sur l’objectif de la satisfaction client, cher aux experts de la qualité.

La certification qualité qui était un signe distinctif, voire un avantage concurrentiel dans les appels d’offres, deviendrait demain une obligation administrative (justifiée par une attestation ou copie de la certification qualité) dans un marché où presque tous les prestataires seront certifiés.

Sur le plan normatif, la qualité de la formation a germé dans le terreau de la satisfaction client. Puis, sous l'impulsion réglementaire, elle s’est considérablement développée avec un premier engrais, celui du « décret qualité 2015 » dont la composition intégrait deux solutions au dosage plutôt équilibré : d'une part la liste des certifications générales ou spécifiques du CNEFOP et d'autre part le référencement financeur avec notamment le fameux data-dock.

Demain, le futur engrais du « décret qualité 2019 » aura pour ingrédient 100% de certification (plus de référencement financeur). Nous risquons de récolter encore de la formation (exprimée non plus en volume d'heures dispensées ou mais en euros dépensés), quand la récolte attendue par la loi est celle de la compétence (plus difficile à évaluer ou à tracer que la formation selon l'approche comptable, mais tout à fait possible).

"La formation seule ne produit pas la compétence"

 

Qualité de la formation et formation de qualité resteront deux notions distinctes

Les deux notions « qualité de la formation » et « formation de qualité » ne s’opposent pas.

Elles sont simplement portées par deux catégories d’opérateurs animés par des missions différentes, voire complémentaires.

D’un côté, il y a tout ceux qui se déclarent garants de la qualité des formations (organismes certificateurs, instance de labellisation et organismes financeurs) en l’érigeant comme un moyen, notamment au service de la satisfaction client (référentiel du certificateur), de l'optimisation financière par voie réglementaire (grâce au un référentiel national et le décret qualité). Ces professionnels de la qualité interviennent très en amont du départ en formation pour rassurer et assurer, de la sélection du prestataire à son évaluation à partir de processus encadrés. A l'automne prochain, nous profiterons d'une belle démonstration avec l'application CPF.

De l’autre côté, il y a tout ceux, dont c’est le métier (prestataires de formation, ingénieurs formation et formateurs), qui œuvrent quotidiennement à la réalisation de formations... de préférence de qualité. Ils considèrent les formations de qualité peuvent viser des objectifs de compétences différents quand bien même le programme annoncé ou affiché est commun aux apprenants dont les profils et les attentes sont pourtant souvent différents.

Ces professionnels de la formation peuvent parfois être amenés à mobiliser une énergie folle pour associer des apprenants enfermés dans une équation impossible :

apprenant + formation de qualité = (x) compétences

Pour obtenir l’égalité dans cette équation, il conviendrait d’ajouter : un objectif professionnel (précisée dans la nouvelle définition de l'action de formation), des précisions sur les compétences attendues (fond et forme dans la prescription de formation) ou encore organiser ses modalités d’application (environnement de travail).

Comme si l’inconnue dans cette équation était l’impossible expression des compétences attendues ou des conditions dans lesquelles elles doivent nécessairement se développer.

Or, dans une réforme qui prône la compétence, s’il peut être décrété la qualité de la formation, il ne peut y avoir de formations de qualité sans apprenant engagé. Et il ne peut y avoir d’apprenant engagé sans que la compétence visée soit clairement comprise et exprimée en amont par celui qui la prescrit, dont on attend ensuite qu’il favorise son développement dans les meilleures conditions : bilan post-formation, conditions du transfert des apports de la formation en situation de travail…

Les limites d’une formation de qualité commencent par une prescription approximative en amont ou par l’absence d’application dans l’environnement où les compétences sont attendues. Dans les entreprises, il convient désormais de replacer le management au cœur de l’objectif compétences. C'est un des chantiers auxquels devront s'atteler les OPCO dans les PME/TPE, et les professionnels des RH et de la formation avec les managers qu'ils accompagnent dans les entreprises plus grandes.

Investir dans la qualité de la formation, après la réforme (1/3) 

Investir dans la qualité de la formation, après la réforme (2/3)

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Frank SAVANN est expert thématique EPALE France et consultant RH & formation. 

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