SPORT POUR TOUTES ET TOUS, SPORT INCLUSION

Depuis toujours il y a deux versants au sport. La compétition et la performance d’athlètes confirmés, est souvent le fait de « professionnels » ou d’amateurs très volontaires qui aiment et sont au service du challenge, de la réussite, de l’amélioration permanente de leurs capacités. Des compétitions locales, nationales, internationales sont organisées pour permettre la rencontre et la « lutte » sportive.

Il existe aussi des activités sportives réalisées pour le plaisir, pour la santé, pour se sentir bien dans une activité où la « gagne » est présente, mais où le jeu, le plaisir d’être ensemble sont primordiaux.

Entre ces deux types de sports, il n’y a pas forcément d’oppositions. 

Les complémentarités se font jour. Les athlètes de demain ont commencé comme des sportifs d’un club, dans une ville, une zone rurale, un territoire.

Depuis maintenant plus d’une cinquantaine d’années, le sport inclusif, citoyen s’est développé. Les cadres des fédérations ont compris que le sport pouvait être un vecteur d’inclusion sociale, de partage entre des jeunes et des moins jeunes de toutes origines, un élément déterminant pour une meilleure vie en société. Ce sport citoyen s’est mis en place à partir des fédérations sportives thématiques (judo, rugby,….) et à partir de fédérations sportives dites affinitaires. En France on trouve l’UFOLEP et la FSGT. 

L’UFOLEP www.ufolep.org se définit comme suit : L’Ufolep c’est une vision du sport à dimension sociale pour répondre aux enjeux actuels tels que le sport-santé, le sport-handicap, le sport-durable avec des valeurs incontournables : la solidarité, le fair-play, la laïcité et la citoyenneté. 

La FSGT indique sur son site ses origines et ses valeurs. https://www.fsgt.org : La Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), doublement agréée sport et éducation populaire, compte 240 000 pratiquant.e.s, 4200 clubs et propose une centaine d’activités physiques, sportives et artistiques, compétitives et non compétitives. Créée en 1934 au sein du mouvement sportif ouvrier et dans la lutte contre le fascisme, elle promeut le droit d’accès au sport de toutes et tous en se donnant comme objectif le développement de contenus d’activités, de vie associative et de formation adaptés aux besoins de la population.

Ces deux fédérations sont membre de l’ISCA : International Sport and Culture Association https://www.isca.org Organisation non gouvernementale et à but non lucratif ouverte aux associations œuvrant dans le champ du sport / loisirs et des activités physiques. 

UN EXEMPLE ASSOCIATIF : « ROUCOULETTES hand-ball», ASSOCIATION DE HAND-BALL 

J’ai rencontré Jorge CAJE ESPINOLA, Président de «Roucoulettes hand-ball ». Auparavant, j’ai voulu savoir pourquoi ce nom. Il s’agit d’un terme technique au hand-ball. C’est un tir très technique qui consiste à « casser » son poignet afin de donner de l’effet au ballon. 

L’entretien s’est montré très riche et j’ai pu aussi rencontrer deux participants aux entrainements. 

David LOPEZ : Jorge, « Roucoulettes hand-ball » est une association Parisienne de hand-ball LGBTQI+. Peux-tu me raconter l’histoire et les valeurs de l’association ?

Jorge CAJE ESPINOLA: L’association est créée en 2018, avec un réel début sportif en 2019. Au départ ce sont des adhérents d’une autre association multisports LGBTQI+ qui ont voulu se centrer sur un seul sport et surtout mettre en œuvre une vision plus militante, plus politique.  Ils ont aussi voulu s’appuyer sur des valeurs fortes. 

Nous voulons certes une prise de parole LGBT, mais aussi nous souhaitons agir dans les luttes contre les discriminations, toutes les discriminations. Nous accueillons des hommes et des femmes et tous les genres. L’âge n’est pas un critère. Actuellement, nos adhérents ont de 23 à 65 ans. La taille et le poids ne sont pas des critères. L’appartenance à certains milieux sociaux non plus. Nous rencontrons ici des personnes que nous n’aurions pas côtoyées avant. 

Nous voulons surtout créer un « safe space », où les jugements et les violences n’ont pas leur place. 

A la création, nous étions 35 personnes. Aujourd’hui l’association est forte de 120 personnes sont 25 % de femmes. Quand un adhérent vient nous voir, nous ne posons pas de questions sur son orientation sexuelle. 

Nous nous entrainons quatre soirs par semaine dans des groupes de débutants, intermédiaires et confirmés.

Par ailleurs, nous organisons des ateliers de formation de 3 heures avec SOS HOMOPHOBIE pour sensibiliser les adhérents au sexisme. 

Enfin notre conseil d’administration de 14 membres souhaite marquer une différence entre le fait d’être un club avec ce que nous sommes, à savoir une association sportive militante et conviviale.

David LOPEZ : Jorge, peux-tu me parler de vos liens sportifs en France et en Europe ?

Jorge CAJE ESPINOLA : Nous sommes adhérents à la Fédération Française de Hand-Ball et, à la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail). Cette double affiliation thématique et affinitaire démontre notre volonté d’être un exemple d’intégration. 

Nous participons à des compétitions organisées par la FSGT. L’idée est le respect du corps de l’autre à travers la mixité dans les matches. Ce point est très important pour nous.

Par ailleurs nous participons aussi à des tournois de la Fédération Sportive LGBT+, qui défend aussi les principes d’inclusion dans le sport. Par  exemple, nous avons le 20 avril participé à un tournoi en hommage à Robert Badinter. 

En Europe, nous participons à des rencontres avec d’autres associations LGBTQI+ en Espagne, en Suède, en Allemagne, en Norvège. C’est dans notre ADN que d’être volontaristes et d’aller vers les autres. 

J’ai ensuite rencontré deux adhérents et pratiquants, Romane et Julien. Je les ai questionnés sur la pratique sportive entre personnes différentes en âge, en sexe, en poids.

Romane et Julien : La question pour jouer et bien jouer n’est pas le sexe, c’est le gabarit. Du coup nous apprenons, dans le jeu, à maîtriser nos forces. Certes, les différences physiques existent, mais il est indispensable de s’adapter. Nous aimons cette adaptation qui nous rend plus forts et plus solidaires. Jouer en pensant à l’autre, membre de ton équipe ou bien adversaire nous fait nous dépasser. Du coup, comme cela a été dit, nous nous sentons bien dans l’association, à notre place. 

Dans certains tournois organisés par d’autres associations, il peut y avoir des règles de discrimination positive (les buts des filles comptent double). Nous nous préférons la construction d’un savoir-faire de respect commun. 

David LOPEZ : Pour terminer Jorge, aimerais-tu aller plus loin dans des échanges Européens ? 

Jorge CAJE ESPINOLA: Oui bien sûr, comme je te le disais, la rencontre avec l’autre est dans notre ADN. Nous avons été en lien avec des clubs ou des associations d’autres pays. Mais l’idée d’aller plus loin qu’un simple week-end de matches nous intéresse. Savoir et échanger avec d’autres associations de pays différents sur cette notion essentielle de sport inclusif serait un plus pour « Roucoulettes hand-Ball ».

Enfin, en complément et en lien avec les Jeux Olympiques, Les Roucoulettes hand-ball animeront des temps d’initiation au hand-ball, ouverts à toutes et tous, à Paris dans les Arènes de Lutèce 8 Rue de Navarre, Paris 5^e. Les séances se tiendront les :

Jeudi 1^er août 2024 De 19 h à 21 h 30

Jeudi 8 août 2024 De 19 h à 21 h 30

Mardi 13 août 2024 De 19 h à 21 h

Vendredi 23 août 2024 De 19 h à 21 h 30

David LOPEZ, Expert EPALE France.