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Café&Co, un tiers lieu pour soutenir la place de chacun dans la société !

Briser l’isolement lié au handicap ou pas, et se former, apprendre, agir pour soi, les autres.

L’association CAFE&CO a été créée en février 2022 par des professionnels de l’insertion et du handicap et des jeunes adultes en situation de handicap. Dix personnes au démarrage ont développé et renforcé l’association. Aujourd’hui ce sont près de trois cent adhérents qui animent des ateliers, se rencontrent, se forment, retrouvent du lien social et une dynamique de projet. En fait, le lieu et ses activités permettent de soutenir la place de chacun dans la société.  

J’ai rencontré Sébastien CALVO, responsable de ce tiers lieu singulier et utile socialement pour tous les individus. 

David LOPEZ : Sébastien, peux-tu présenter CAFE&CO, ses missions, ses activités ?

Sébastien CALVO : Créée en 2022, l’association avait un double objectif. Tout d’abord, nous voulions traiter l’isolement et les difficultés du lien social pour des personnes en situation de handicap en proposant un lieu ouvert à tous dans lequel la qualité de l’accueil est importante. Notre implantation dans le quartier « soupetard » est essentielle dans l’animation d’une dynamique de quartier. Ensuite, nous souhaitions apporter des solutions aux difficultés d’emploi et aux ruptures de projet, et donc essayer de faciliter l’accès à l’emploi en levant des freins. 

CAFE&CO est ouvert à toutes et tous sans justification de handicap. Ce point est essentiel. Nous en reparlerons dans la question du partenariat.

Nous avons répondu aux deux objectifs. L’isolement a été peu à peu limité, par la création d’un café associatif. Le café est ouvert à tout le monde. Il est implanté dans un quartier « politique de la ville ». Dans le café, outre la rencontre et le fait d’y passer un peu de temps, il y a deux espaces : un espace « activités » et un espace « formation ». L’espace « activités » permet à la fois d’occuper son temps, dans un sens positif, et d’acquérir des compétences. Les activités sont proposées par les adhérents ou par l’association.

L’espace de formation permet lui de retrouver une dynamique de projet. Chaque semaine, un programme de formation est créé et communiqué, avec des partenaires. Ce sont des formations destinées à lever des freins vers l’emploi, le bénévolat comme le code de la route, les habiletés sociales, des techniques de recherche d’emploi, le numérique... 

Nous avons évoqué les adhérents. Aujourd’hui ce sont environ 300 adhérents qui font vivre la structure, par leur engagement bénévole. CAFE&CO a voulu développer cette implication bénévole, marchepied vers une dynamique de travail. Appréhender le travail est un prérequis vers l’emploi. A travers ces actions, des gratifications existent pour ne pas uniquement se situer dans une forme de gratuité. Par exemple des tickets repas sont donnés aux bénévoles pour valoriser leur implication et leur engagement. Mais c’est aussi et surtout l’acquisition et la valorisation des compétences. Nous avons même envisagé des parcours de formation pour les bénévoles.

David LOPEZ : Sébastien, parlons aussi de questions techniques. Quels sont les coûts ? Le cadre règlementaire éventuel ?

Sébastien CALVO : Tout d’abord, nous avons un label par l’ARS (Agence Régionale de Santé) d’Occitanie. Il s’agit de « collectif d’entraide d’insertion sociale et professionnelle ». (CEISP)

Bulletin officiel Santé - Protection sociale - Solidarité n° 2022_19 du 15 septembre 2022.pdf

Globalement ce label développe quatre grands éléments : l’accueil inconditionnel, le soutien social pour lutter contre l’isolement, le développement de compétences, la possibilité de se confronter ou reconfronter à un projet professionnel et/ou bénévole. Nous disposons aussi de l’équivalent de 3,5 postes mis à disposition de salariés par l’association ASEI.

https://www.asei.asso.fr/

Nous proposons deux statuts aux personnes qui poussent la porte du CAFE. Des personnes peuvent venir consommer ou jouer de manière gratuite en ayant le statut de membre (majoration de 1 € de la première consommation). Elles n’ont pas à être adhérentes. 

Les personnes qui adhèrent, nos adhérents, sont alors impliquées dans la vie de l’association. Elles peuvent proposer des activités et ont leur mot à dire sur la gestion de l’association. La cotisation annuelle est de 30 euros. Cette somme ne doit pas être un frein à l’adhésion. Pour les personnes en situation de handicap qui pour beaucoup touchent l’allocation adulte handicapé, celle-ci est faible, mais nombre de nos adhérents souhaitent participer y compris par cette modeste adhésion. 

David LOPEZ : Sébastien peux-tu parler des partenariats, car un tel projet ne peut se développer seul, sur un territoire ?

Sébastien CALVO : Nous sommes en lien avec de très nombreux partenaires. Nous sommes repérés comme une sorte de « chaînon manquant ». Nous sommes bien identifiés par des institutions qui accompagne des jeunes adultes vers le monde adulte. Nous accueillons des jeunes adultes en fin de formation en difficultés pour accéder à l’emploi. Les instituions accueillant des personnes adultes en situation de handicap n’ont pas toujours des places disponibles. En outre, nous assistons à une volonté des personnes de se « désinstitutionnaliser » et d’être considérées comme des citoyens ordinaires sur un modèle inclusif. 

Nous accueillons des personnes présentant des handicaps différents. Mais nous accueillons aussi des personnes sans handicap : personnes retraités, personnes du quartier, famille…

Nous avons une relation avec le centre social de Jolimont. Le service d’emploi accompagnée du département de la Haute Garonne, la Mission Locale Toulouse sont aussi des partenaires très importants. 

Enfin, nous nouons des partenariats forts avec l’économie sociale et solidaire (ESS). Il faut considérer que nos locaux sont situés au sein de « la bouillonnante », lieu majeur de l’ESS. https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-comment-cet-ancien-batiment-d-un-grand-groupe-de-telephonie-va-totalement-changer-de-fonction_54816316.html

CAFE&CO est un lieu qui favorise la dynamique de quartier. Le café permet la réception de partenaires. On peut privatiser le lieu. Des services de traduction de documents en FALC (« faciles à Lire et à comprendre ») sont mis en place. 

Pour la sensibilisation à la différence, au handicap, une radio enregistre des podcasts. Pour ce que nous appelons la déstigmatisation, une friperie a été mise en place qui renforce encore les échanges avec le quartier, avec le territoire… 

David LOPEZ : Et l’Europe dans tout ça ? Nous nous étions rencontrés dans une formation Européenne à Tours en octobre 2024.

Sébastien CALVO : Nous avons beaucoup avancé. Nous avons été retenus et financés dans un programme de mobilités pour 30 bénévoles dans le cadre Erasmus+ (éducation des adultes). Notre partenaire pour les mobilités est la Fundacio Support, en Catalogne. Les mobilités seront effectuées par l’équipe fondatrice de CAFE&CO, avec une majorité de personnes en situation de handicap. Ensuite ce seront des bénévoles qui seront mobilisés et sollicités. 

Au fond nous recherchons avec ces échanges européens de voir comment est envisagée l’accessibilité universelle en Europe. C’est un de nos objectifs en France, où nous avons créé un groupe pour auditer les situations dans l’hôpital, dans les services publics, les sites internet. 

Il nous semble que les combats pour l’accessibilité universelle sont majeurs pour les personnes en situation de handicap, mais aussi pour tous les citoyens afin de promouvoir l’égalité de tous.

David LOPEZ : Merci Sébastien pour cette présentation inspirante. Je voudrais citer Farbod KHANSARI, secrétaire général du Conseil Français des personnes handicapées pour les questions européennes : « Le point de départ de la convention, c’est avant tout l’autonomie de vie, les besoins et les choix de la personne concernée. Un point de vue largement diffusé est que ce sont les institutions qui bloquent l’autonomie de vie de la personne. Chaque personne a des besoins spécifiques et si nous nous référons aux besoins de chacun, nous pourrions mettre en face une offre adaptée, de qualité, sur-mesure. Pour cela, il faut des moyens » J’ai vu cette interview dans un entretien auprès de Hospimedia. https://www.hospimedia.fr/

David LOPEZ, Expert EPALE France

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