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Les compétences transversales : un référent pertinent pour la formation ?

Séminaire : Les compétences transversales :un référent pertinent pour la formation ?

Lille – France – 27 avril 2017

Séminaire organisé par le laboratoire des Sciences de l’Education CIREL en France

Le 27 avril dernier, a eu lieu à la Maison de la Recherche de l’Université de Lille un séminaire consacré à l’examen de la notion de compétences transversales. S’y sont croisées diverses disciplines – sociologie, sciences de l’éducation, psychologie – pour amener différents éclairages sur un sujet intéressant et vivace dans le monde du travail, de l’éducation et de la formation.

Ce séminaire, dont l’origine est l’engouement actuel pour les compétences dites transversales, notamment considérées comme indispensables à l’employabilité des individus, nous a permis de nous intéresser à la nature de ces compétences, aux conceptions qui leur sont sous-jacentes et aux contenus visés.

La diversité des formules existantes pour les caractériser (génériques, fortes, soft skills, clefs, de base, etc.) nous indique au moins deux choses : d’une part, elles font l’objet d’une mobilisation notable dans les espaces professionnels (entreprises publiques ou privées, milieu de l’enseignement, de la formation, de l’insertion ou de la recherche), et d’autre part, il existe une grande diversité dans les conceptions disponibles.

Toutefois, au-delà de cette diversité, certaines conceptualisations des compétences transversales en identifient des caractéristiques :

  • elles seraient non techniques, c’est-à-dire non reliées à une tâche précise ou à un contexte professionnel particulier ;
  • elles seraient non disciplinaires, en cohérence avec l’idée d’une acquisition supposée informelle et/ou non formelle ;
  • et elles seraient par nature liées aux dimensions personnelles des individus.

Ces propositions posent toutefois de nombreuses questions, notamment celles de leur compatibilité avec l’idée même de compétence. 

Le séminaire :

INTRODUCTION : présentation des enjeux du séminaire, par Mme Ioana Boanca-Deicu (CIREL-Trigone) et Mr Sylvain Starck (CIREL-Proféor)

Ce séminaire se propose de discuter le concept de compétences transversales en analysant la manière dont celles-ci se trouvent mobilisées dans divers contextes (école, université, entreprise, formation continue et tout au long de la vie), afin de comprendre comment elles sont identifiées par différents acteurs, qu’ils soient concepteurs des dispositifs, représentants de discours institutionnels, professionnels, apprenants (élèves, étudiants, doctorants, stagiaires, etc.).

Pour ce faire, plusieurs perspectives d’analyse ont été proposées :

  • les usages qui y sont associés : Quels sont les processus en jeu dans la mobilisation de ces compétences en situation ? Quelles conceptions implicites des compétences transversales y sont associées ? Quels sont les critères de catégorisation des compétences transversales choisis par les concepteurs de référentiels ? Comment les professionnels et les décideurs jonglent-ils avec la pluralité de référentiels de compétences transversales ?  Comment sont-elles identifiées par les professionnels et quels usages en font-ils ?
  • leur apprentissage et/ou leur développement : existe-t-il une spécificité des apprentissages liés aux compétences transversales ? Comment leur évaluation est-elle envisagée et mise en œuvre ?
  • qu’est-ce qui caractérise l’aspect transversal des compétences visées dans les usages ? Faut-il parler de transférabilité de celles-ci ?  Dans quelle mesure le transfert est-il possible ? Quelles sont les conditions favorables au transfert des compétences d’un contexte à un autre ? Qu’est-ce qui distingue les compétences dites transversales des autres ? Qu’est-ce qui les rend capable de structurer les autres compétences ?

La réflexion menée se veut pluridisciplinaire croisant à la fois des approches sociologiques des politiques publiques (d’éducation, de formation et de l’emploi) et des logiques d’acteurs, des approches de l’analyse de l’activité (didactique professionnelle, ergologie, clinique de l’activité, etc.), et des approches biographiques. Elle s’attache à mettre ce questionnement en perspective dans quatre mondes :

  • L’école où il s’agit notamment de développer l’autonomie et l’esprit d’initiative des élèves, ingrédients de la 7ème compétence clé du socle commun français.
  • L’université et par exemple les écoles doctorales : Quelles sont les compétences transversales mises en avant et/ou recherchées dans les formations doctorales en sciences humaines et sociales ? Dans quelle mesure, celles-ci correspondent-elles aux objectifs affichés des formations doctorales dites transversales ?
  • Le monde professionnel : Quelle est la place des compétences transversales dans le processus de recrutement ? En quoi celles-ci facilitent-elles la mobilité professionnelle des travailleurs ? L’activité de transition déployée par les personnes qui font l’expérience du changement professionnel mobilise-telle des compétences transversales ?
  • La formation continue : Comment la formation des adultes et en particulier le secteur de l’insertion sont-ils interpellés par l’engouement social envers les compétences transversales ?  Y a-t-il une spécificité des formations en lien avec le développement ou l’acquisition de compétences identifiées comme transversales ?

 

1.Compétences  transversales  :  comment  sortir  de  l’impasse ?,  exposé  de Mr Jean-Claude Coulet (chercheur associé au CRCCP, Université de Rennes 2)

Partant des raisons qui expliquent l’intérêt porté aux compétences transversales, il s’est agi de montrer que les difficultés rencontrées dans son utilisation tiennent, avant tout, à l’absence de référence à une modélisation théorique des compétences individuelles et collectives.

Dans  un  deuxième temps,  en référence aux théories de  l’activité, Mr Coulet s’est donc principalement attaché à présenter les apports d’une telle modélisation aux problématiques de formation et d’emploi.

Dans un troisième temps, il a fourni quelques exemples d’opérationnalisation de ce cadre théorique, tant dans le champ de l’éducation et de la formation qu’au niveau de celui des organisations et des territoires.

L’idée présidant à ce dispositif d’armer les jeunes d’une meilleure capacité d’analyser leurs expériences informelles et d’en conceptualiser les apports a suscité l’intérêt bienveillant du spécialiste des théories de l’activité, Mr Coulet, invité à ouvrir la journée de conférence.

Devant l’hétérogénéité des manières d’appréhender et d’opérationnaliser la compétence, et les compétences transversales, le chercheur a exposé sa propre approche du sujet, s’appuyant sur les théories de l’activité qui ont l’avantage de s’attacher aux processus mis en œuvre dans la mobilisation et la construction des compétences. Ces travaux offrent ainsi un ensemble de concepts utiles pour dresser un cadre théorique permettant de définir avec précision ce qu’est la compétence : « une organisation dynamique de l’activité, mobilisée et régulée par un sujet pour faire face à une tâche donnée, dans une situation déterminée ».

Selon lui, les apports de la psychologie en la matière sont indispensables car elle permet de rendre compte des aspects dynamiques, adaptatifs, contextuels et subjectifs des processus de mobilisation de la compétence.

Le modèle que propose le chercheur articule ces différentes dimensions pour, d’une part, décortiquer ce que l’individu mobilise et comment il le mobilise lorsqu’il effectue une tâche donnée dans un contexte déterminé (« schème d’activité », « inférences », « règles d’action »…), et d’autre part, comprendre comment l’individu capitalise et utilise ce capital d’expériences alors même qu’il agit (« boucles de régulation »).

 

Rapport

2. Le statut des compétences transversales dans les éducations à l’esprit d’entreprendre, exposé de Mme Patricia Champy-Remoussenard (PU, CIREL-Proféor)

 

En France, l’éducation à l’esprit d’entreprendre préconisée par les politiques éducatives supranationales, nationales et locales se développe dans des dispositifs divers, à tous les niveaux d’enseignement, et interroge, voire bouscule la forme scolaire classique et la forme de travail.

Au cœur de ce développement, des socles communs de compétences sont proposés comme base de ces pratiques nouvelles. On peut considérer que l’esprit d’entreprendre, d’entreprise, ou encore d’autonomie et d’initiative sont des compétences qu’on peut inclure dans les compétences 

transversales et leur statut dans le développement des éducations à l’esprit d’entreprendre doit être identifié.

Alors qu’une compétence est normalement toujours en lien avec une tâche spécifique, les compétences transversales sous-entendent une transversalité.  Elles ne sont donc plus en lien avec une tâche spécifique, mais bien avec une ou plusieurs tâche(s) générale(s).

Dans des situations spécifiques, la question se pose alors de comment transférer des compétences d'une situation à l'autre, tout en sachant que le caractère transférable dépend de la complexité des valeurs associées aux situations.

Les compétences sont ainsi mobilisées dans plusieurs contextes, dont l'éducation à l'esprit d'entreprendre.

Dès lors, les systèmes éducatifs sont  utilisés comme levier pour atteindre cette logique de l'esprit d’entreprendre.

3.Discours de doctorants en sciences humaines et sociales sur leur formation doctorale : des compétences scientifiques et transversales indissociables ?, exposés de Mr Daniel Bart (MCF, CIREL-Théodile) et de Mme Stéphanie Fischer (ATER, CIREL-Théodile)

Face à l’engouement de discours institutionnels et socio-économiques véhiculant la distinction entre des compétences dites « scientifiques » et d’autres dites « transversales », l’analyse tend à montrer d’une part que s’il fallait faire le pari d’un développement de compétences transversales chez les docteurs, celles-ci ne sembleraient pouvoir se forger en dehors de travaux spécialisés, et d’autre part que cette caractéristique est plus largement repérée dans les discours des doctorants les plus intégrés au contexte scientifique et institutionnel de leur formation doctorale.

L’exposé concerne en particulier l’insertion professionnelle des docteurs, et leur difficulté à faire des choix.  En effet, il est actuellement constaté que plusieurs doctorants changent de sujet entre la fin de leur master et leur doctorat.

Le travail de doctorat comprend trois compétences majeures : la lecture, la méthodologie, et l’écriture.

Le travail de lecture semble nécessaire avant de prendre une décision de choix de sujet.

C’est pendant cette phase de lectures diverses et variées, souvent longue, que les choix de sujet s’opèrent.  Un temps conséquent peut dès lors déjà avoir été perdu si un changement, parfois radical, doit avoir lieu.

D’autre part, si le sujet de doctorat est modifié, les doctorants doivent faire face à une difficulté majeure : celle de leur insertion professionnelle parfois devenue difficile si le sujet est devenu trop différent du sujet initialement préconisé et donc sans lien avec leur insertion professionnelle.  Ils devront dès lors mettre en œuvre des compétences transversales, notamment au niveau de leur adaptabilité.

4.La compétence transversale : une «nouvelle clé» pour l’insertion ?,exposé de Mmes Frédérique Bros (MCF, CIREL-Trigone) et Marie-Christine Vermelle (MCF, CIREL-Trigone)

En tant que dispositif-outil visant à identifier la compétence transversale, "Skillpass" était au cœur de l’intervention de Mmes M.-C. Vermelle et F. Bros, toutes deux membres de l’équipe de recherche associées à l’expérimentation du "Serious Game" en région Hauts-de-France.

Leur communication a soulevé la difficulté de l’apprentissage d’une compétence à identifier ses propres compétences transversales, le tout s’adressant à des jeunes gens en parcours d’insertion, par l’intermédiaire d’un outil vidéo-ludique et de l’animation d’un professionnel formé à cet effet.

Ce défi a semblé partiellement relevé selon leurs premières analyses, mettant en évidence l’aisance différenciée dont témoignent les professionnels concernés dans l’animation d’une telle formation.

Leur recherche sur le dispositif "Skillpass" s’est intéressée aux effets de l’utilisation de référentiels de compétences transversales dans le champ de l’insertion des jeunes adultes.

Ont été présentées les principales incidences observées sur :

  • les pratiques d’accompagnement mises en œuvre dans différents réseaux (E2C, missions locales, organismes de formation) ;
  • les  rapports  au  savoir et  à l’apprendre des  publics  jeunes  faiblement  qualifiés/scolarisés (« NEET »).

La question fondamentale est donc de savoir comment les acteurs se saisissent, résistent, ou s’accommodent du "passage obligé" par la compétence transversale comme condition d’accès à l’emploi.

Le but premier du jeu est l’identification des compétences transversales, afin de pouvoir aider les utilisateurs dans leur parcours professionnel.  Ils doivent dès lors identifier leurs compétences et mener des activités significatives permettant de capitaliser les compétences transversales du héros du jeu.

Les compétences professionnelles englobent des compétences techniques spécifiques et des compétences clés.

Dans ce contexte, les caractéristiques du jeu sont de faire face à des événements, d’échanger et interagir, ainsi que de collaborer.

Afin d’analyser les expériences de vie, sont identifiées en partant des situations-problèmes :

  • des compétences clés (par exemple le travail en équipe) ;
  • des capacités (par exemple s'intégrer dans un groupe) ;
  • et des indicateurs (par exemple ne pas juger l'autre).

5.La transition intergénérationnelle des savoirs professionnels en entreprise. Quelles compétences transversales pour la formation des jeunes salariés ?, exposé de Mme Corinne Baujard (PU, CIREL-Proféor)

Dans les entreprises, la question du départ des salariés est devenue un enjeu primordial pour la transmission des savoirs professionnels en situation de travail. Les différentes modalités de transmission déployées mobilisent de plus en plus des compétences transversales pour la formation des jeunes salariés. Les réticences ou les freins propres aux organisations mondialisées, éclatées géographiquement, fonctionnant à distance dans des écosystèmes numériques, invitent à réfléchir aux dimensions collectives menées au sein des activités. La transmission générationnelle des savoirs permet-elle d’intégrer les jeunes salariés confrontés aux parcours d’apprentissage différents ? Quels dispositifs peuvent mobiliser les experts pour transmettre leurs savoirs aux jeunes afin qu’ils puissent dépasser les situations qu’ils rencontrent ? A partir d’entretiens réflexifs, menés selon une approche interactionniste auprès de cinq entreprises, l’analyse, actuelle mais encore provisoire, permet d’identifier que les compétences transversales évoluent selon les conditions d’organisation du travail. Il en résulte que la transmission générationnelle des savoirs professionnels est un révélateur important des situations de travail formatives.

La transmission des savoirs est un processus basé sur les expériences et les débats sur la transmission des compétences sont omniprésents.  La transmission concerne, dans les entreprises, les techniques professionnelles, alors que les experts sont aussi porteurs de la culture d'entreprise.

Le sens de la direction va souvent des seniors vers les jeunes, alors que cette conception est étroite.

Il y a donc souvent négligence du besoin de réadaptation des savoirs et des compétences, alors que la fonction du tuteur peut aussi être celle d’apporter du sens à l'expérience.

 

6.Conclusions

La notion de compétences transversales est de plus en plus présente, mais c’est une dimension cachée du travail.

Les nouvelles compétences qui suscitent un grand intérêt pour l’éducation en France, et aussi l’éducation tout au long de la vie sont l’autonomie et l’esprit d’entreprendre (ou pour la France l'esprit d'initiative), et donc les nouvelles technologies interpellent car elles seront fortement et de plus en plus sollicitées à l’avenir afin de développer davantage ces compétences.

Bernadette Schreuer

 

 

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