Softs skills et hard skills: l'approche STEAM comme méthode fédératrice


LES STEAM, UNE APPROCHE NOVATRICE
DES HARD SKILLS À L’APPROCHE STEAM
Au coeur de l’enseignement résident les savoirs, les savoir-faire et les compétences. Trois socles essentiels de tout parcours, qu’il soit scientifique, artistique, technique, littéraire, … Chaque domaine investi par les élèves, les étudiant·es et leurs enseignant·es est essentiel. Ils constituent les socles des connaissances et des activités de notre société, et chacun apporte une pierre à l’édifice commun. Singulièrement, c’est en effet en permettant aux individus de spécialiser leurs compétences et activités dans certains domaines, que nos sociétés ont pu développer des trésors de créations technologiques, artistiques, culturelles, … car c’est, in fine, par la coopération, soutenue par une communication rendue possible entre de nombreux individus, que l’humanité a réalisé un bond en avant magistral dans son évolution. A noter qu’il s’agit de deux compétences transversales. Cependant, la structuration de nos sociétés a engendré par ailleurs une forme de classification de valeurs entre les domaines que les individus ont investi en se spécialisant. Religion, cueillette chasse et combat ont, dans les sociétés premières, occupé le devant de la scène, et en fonction des besoins de la société, la valeur que l’on donne à raison ou à tort à une réalisation, une expertise, d’autres domaines ont occupé le devant de la scène. L’industrialisation des 18 et 19ème siècles marque encore très largement certaines représentations et valeurs aujourd’hui : l’ingénierie, la recherche et développement, le management occupent encore le haut du panier, lorsque cependant, les métiers de technicien.ne restent dans les imaginaires, largement sous-valorisés (image de l’ouvrier·ère travaillant à la chaîne, avec peu oupas de qualifications).Hard skills versus soft skills Depuis les années 1970, s’est progressivement répandue la notion de « soft skills » par opposition aux « hard skills » soit une catégorisation des compétences « douces » ou« transversales » par opposition ou contraste aux compétences « dures » ou «techniques ». Outre la catégorisation des domaines, nos sociétés avaient par ailleursclassifié les types de compétences, à nouveau, selon les besoins ou plutôt la compréhension dominante des besoins. Il était, à un certain point, utile d’identifier et de valoriser les compétences non liées à des savoirs et savoir-faire par domaine, mais plutôt transversales, celles qui peuvent être acquises hors des livres ou de la répétition du geste. Ces compétences comportementales ou psychosociales, jusque-là dévaluées, ont pu progressivement être revalorisées car identifiées, et portées par un discours et des outils qui se sont propagés depuis le monde de la recherche vers la gestion des ressources humaines, pour un retour vers l’enseignement, porté à la fois par les entreprises désireuses de trouver des solutions à leurs problèmes de recrutement, et par les enseignant·es, particulièrement des filières qualifiantes qui, un pied dans la porte des entreprises, ont identifié l’importance des compétences transversales pour l’insertion en stage, en alternance, voire à l’emploi. La littérature, que l’on peut qualifier de pléthorique (il suffit d’une recherche internet rapide pour s’en rendre compte) sur le sujet n’a cependant pas pu mener à la réconciliation entre les compétences dites « dures » et les compétences dites «douces » (hard et soft skills).Les pénuries de personnel que l’on connaît tant en Belgique que dans la plupart des pays industrialisés ont amené les entreprises et organisations à se montrer moins exigeantes dans les connaissances et savoir-faire techniques à l’entrée en fonction, et se tourner vers une collaboration accrue avec l’enseignement et la formation pour ce qui concerne stages et alternance, et vers le développement de solutions ultérieures à l’engagement (Plan Formation Insertion, centres de compétences, centres de formation privés) pour ce qui concerne le développement des hard skills. Parallèlement, organisations employeuses, enseignement, formation ont pris conscience que les compétences transversales constituent un must, une nécessité, pour l’insertion dans l’emploi, certainement encore bien plus aujourd’hui qu’hier :l’organisation du travail ayant évolué vers davantage de coopération horizontale et nécessitant autonomie, responsabilité, communication encore bien plus qu’hier. L’organisation moderne du travail revient, d’une certaine manière, aux fondamentaux qui ont fait l’essor d’homo sapiens. On se rend compte que l’acquisition des compétences transversales passe également par un processus d’apprentissage, qui n’a rien de moins essentiel que celui qui vise les savoirs et savoir-faire. Les pénuries de personnel sont en outre l’une des conséquences de processus d’orientation malheureusement biaisés. L’OCDE rappelait en 2018 que les 10 métiers auxquels les jeunes de 15 ans se destinent sont essentiellement des métiers qui existaient déjà au 19ème siècle (médecin, policier·ère, enseignant·e,…). Les jeunes, qui tout particulièrement en Belgique, sont moins de 1 sur 2 à avoir déjà rencontré un·e conseiller·ère en orientation, peinent à se représenter de nombreux métiers, particulièrement les métiers en lien avec les dernières innovations technologiques. Aujourd’hui, les organisations employeuses expriment leur souhait d’engager des «têtes bien faites plutôt que des têtes bien remplies ». Entendez prioritairement des personnes qui ont acquis un niveau de compétences transversales suffisant pour s’insérer dans le milieu professionnel, progresser, apprendre le métier. Est-ce à dire que les « hard skills » perdent de leur valeur aux yeux du marché du travail ? Certainement pas. Mais comme l’OCDE ou le Conseil de l’Europe, les organisations à l’initiative de TeachInSTEAM sont convaincues que les compétences transversales peuvent être des catalyseurs pour l’acquisition des compétences techniques ou disciplinaires au sens strict. Des compétences nouvelles pour un monde VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigu)Au coeur des enjeux de l’emploi, de l’innovation et de la compétitivité, la question des compétences est déterminante pour la santé économique d’un pays ou d’une région. Nous évoluons en effet depuis une quinzaine d’années, et c’est encore plus vrai ces dernières années, dans un environnement caractérisé par 4 défis majeurs 1 : la volatilité, soit des changements rapides (crise économique, catastrophes naturelles notamment dues au dérèglement climatique, instabilité politique,…), l’incertitude, qui fait référence à l’imprévisibilité de certains phénomènes (apparition d’une technologie de rupture comme les IA, conflits armés, …), la complexité, qui fait référence à l’interconnexion et l’interdépendance de facteurs extrêmement nombreux à prendre en considération, notamment des règlementations croisées entre les règlementations nationales, internationales, commerciales, environnementales, …. Et pour finir le défi de l’ambiguïté qui désigne une impossibilité de s’assurer d’une interprétation, d’une position au regard d’un phénomène, entraînant incompréhension et erreurs d’appréciation. En parallèle, ce sont les compétences transversales liées à la gestion de ces incertitudes qui, progressivement, apparaissent dans les top 10 des compétences les plus recherchées par les organisations employeuses : adaptabilité, innovation et créativité, résolution de problèmes, …Dès lors, en tant qu’actrices et acteurs de l’enseignement, ayant pour préoccupation de former la jeunesse à la citoyenneté et à leur fournir les connaissances et compétences utiles pour poursuivre des études et s’insérer dans l’emploi, il importe de pouvoir tenir compte de ces évolutions, des enjeux auxquels les élèves seront confrontés en tant qu’étudiant·es ou dans leur vie d’adultes. L’approche STEAM, que les partenaires TeachInSTEAM ont souhaité proposer aux enseignant·es comme outil, permet de réconcilier les différentes notions de compétences-clé (hard et soft skills) et de les envisager sur un même plan. Cette approche permet également de sortir de la conception de métiers stéréotypés sur le plan du genre ou de la valeur (hiérarchisation des métiers, entre métiers des filières qualifiantes et filières générales).
DÉFINITION DE L’APPROCHE STEAM
L’approche STEAM est une pratique éducative transversale qui intègre au moins deux des domaines STEAM pour encourager l’exploration interdisciplinaire et la démarche par projet. Cette approche nécessite un exercice de créativité d’unetemporalité suffisante et implique au moins une réalisation concrète. Elle permet auxapprenant.es de mettre en oeuvre leurs connaissances dans un contexte pratique auregard d’enjeux sociétaux (économiques, culturels, écologiques, etc) et d’exercer leur pensée réflexive (STEAMULI, 2024).Cette définition est celle qui prédomine dans le paysage belge francophone. Elle est portée notamment par le référentiel de compétences de l’approche STEAM réalisé par Steamuli et Formanam au bénéfice des professionnel·les de l’enseignement qui souhaitent se former à cette approche.Il s’agit donc d’une pratique mobilisable par les professionnel·les de l’enseignement et ce, quelque soit le niveau d’enseignement dans lequel i·elles exercent.
STEM-STEAM, des racines communes
Il existe deux acronymes possibles pour parler des démarches « STE(A)M. » : d’une part, l’acronyme STEM et d’autre part, l’acronyme STEAM. Ce dernier a été développé afin d’ajouter une composante « ART » aux activités STEM. Cinq disciplines sont alors reprises au lieu de quatre : « Sciences, Technology, Engineering, Arts and Mathematics». Cette composante a été ajoutée car les compétences créatives et la connaissance des arts sont considérées comme essentielles pour aider à l’évolution des métiers STEM et pour permettre de résoudre des problèmes de façon plus innovante. Dès lors, nous parlerons des métiers STEM et des compétences STEM mais de l’approche(par compétences) STEAM. Les STEM sont un concept qui a vu le jour à la fin du XXe siècle, mais ce n’est qu’à partir de 2001 que l’acronyme a été officiellement adopté et utilisé. L’importance des quatre disciplines associées ne cesse de croître dans notre société, rendant la notion de STEM de plus en plus présente et abordée dans notre quotidien. L’approche des STEAM commence progressivement à se mettre en place dans le secteur de l’enseignement, tant en Europe qu’aux États-Unis, pionniers de cette initiative. Les disciplines principales des STEM sont les mêmes que dans les STEAM. Il peut donc exister de multiples variantes d’apprentissages émanant de l’ajout de la notion artistique, qui permet de faire appel à la collaboration, au travail d’équipe et au travail de groupe. Des études mettent en lumière le rôle émancipateur que la créativité et l’expression de soi à travers les arts peuvent apporter aux questions scientifiques, sur des sujets comme le changement climatique, le développement durable et la biodiversité. Les différentes disciplines artistiques comme le théâtre, la musique, le design, la danse, etc., contribuent à l’approche STEAM, la créativité, la communication, le travail collaboratif,… se développant au travers d’activités faisant appel à ces disciplines artistiques.
UN CROISEMENT DE DISCIPLINES
Les différentes disciplines portées par les STEAM doivent garder leur intégrité et indépendance. Les STEAM ne constituent pas une discipline, mais représentent l’association et la convergence de ces différentes disciplines, visant à booster les apprentissages et à les travailler de manière holistique. L’approche STEAM permet de travailler deux, trois, quatre ou cinq disciplines en simultané ou en parallèle. Les enjeux sont la mise en avant des compétences STEAM au travers de séquences de cours où l’apprentissage a pour ambition de promouvoir l’interdisciplinarité. Lorsque les élèves sont invités à faire des mathématiques avec des sciences, cela fait appel à des compétences telles que la réflexion et la créativité. Enfin, l’approche STEAM permettent le développement des soft skills. Ce sont descompétences comportementales et relationnelles qui ne sont pas directement liéesà des connaissances techniques ou académiques. Contrairement aux hard skills(compétences techniques), les soft skills sont souvent transversales et peuvent êtreappliquées dans divers contextes professionnels. Ces compétences sontparticulièrement recherchées en entreprise. Les compétence STEAM se veulentcollaborative ; le travail en équipe et en groupe est le socle de cette approche,permettant de développer des compétences telles que la communication etl’échange. Chaque discipline STEAM est enrichie par une autre à travers les exercices demandés, et les difficultés liées à tel ou tel apprentissage peuvent être atténuées parla synergie du travail de groupe, ce qui apporte un côté ludique aux apprentissages. Les activités STEAM sont des portes d’entrée qui conduiront les élèves vers desapprentissages plus savants et plus complexes. Donner le goût des mathématiques,des sciences, de l’ingénierie, en y apportant du lien et de la modernité, voilà le défi del’approche STEAM. Allier la créativité au service des apprentissages des Sciences, Technologies, Ingénierie, Arts et Mathématiques, c’est ce que met en avant cette approche encore peu répandue. Faire appel aux STEAM lors de sa pratique d’enseignant, ce n’est pas repenser une nouvelle matière ou une nouvelle discipline, c’est faire interagir les disciplines déjà existantes afin qu’elles puissent répondre aux besoins de l’évolution de la société.
Pour plus d'informations sur cette approche, www.teachinsteam.be et le guide méthodologique pour l'approche STEAM au sein de l'enseignement qui y est disponible entièrement gratuitement.