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EPALE - Plateforme électronique pour l'éducation et la formation des adultes en Europe

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La VAE en Belgique francophone dans l’enseignement supérieur et universitaire : comment ça marche?

Dans ce 2ème épisode de son séjour en Belgique, Isabelle HOUOT pose la question du fonctionnement de la VAE à l'université en Belgique et y répond grâce à la rencontre d'Arnaud SALMON, attaché-référent à la Direction des affaires académqiues de l'ARES et d'Anne GRYBZ, chargée de mission VAE et conseillère en formation continue à l'UCLouvain. 

Dans ce 2ème épisode de son séjour en Belgique, Isabelle HOUOT pose la question du fonctionnement de la VAE à l'université en Belgique et y répond grâce à la rencontre d'Arnaud SALMON, attaché-référent à la Direction des affaires académqiues de l'ARES et d'Anne GRYBZ, chargée de mission VAE et conseillère en formation continue à l'UCLouvain. 

Qu’est-ce que la VAE en Belgique francophone?

C’est une voie d’accès alternative à l’enseignement supérieur qui permet aux adultes en reprises d’études de s’inscrire à l’Université, dans une Haute Ecole (et Ecole supérieure des arts (ESA) sans disposer des titres requis.

C’est un décret fédéral, issu des accords de Bologne qui l’organise  Il s’agit  d’une procédure d’admission aux différents cycles de formation sur la base d’une reconnaissance de l’expérience professionnelle et/ou personnelle par un jury académique.

Que dit ce décret  pour l’enseignement supérieur ?

« Article 119. - § 1er. Aux conditions générales que fixent les autorités de l'établissement d'enseignement supérieur, en vue de l'admission aux études, les jurys valorisent les savoirs et compétences des étudiants acquis par leur expérience professionnelle ou personnelle.

Cette expérience personnelle ou professionnelle doit correspondre à au moins cinq années d'activités, des années d'études supérieures ne pouvant être prises en compte qu'à concurrence d'une année par 60 crédits acquis, sans pouvoir dépasser 2 ans. Au terme d'une procédure d'évaluation organisée par les autorités de l'établissement d'enseignement supérieur, le jury juge si les aptitudes et connaissances de l'étudiant sont suffisantes pour suivre ces études avec succès.

Au terme de cette évaluation, le jury détermine les enseignements supplémentaires et les dispenses éventuelles qui constituent les conditions complémentaires d'accès aux études pour l'étudiant. »

« § 2. En vue de l'admission aux études via la valorisation des savoirs et compétences des étudiants acquis par leur expérience professionnelle ou personnelle, l'établissement d'enseignement supérieur organise un accompagnement individualisé visant à informer l'étudiant sur la procédure à suivre telle que fixée par les autorités de l'établissement et précisée dans le règlement des études, et à faciliter les démarches de l'étudiant jusqu'au terme de la procédure d'évaluation visée au § 1er. »

Comment ça marche ?

Depuis le décret du 31 mars 2004[1], Toute personne ayant  acquis une expérience d’au moins cinq ans dans un domaine particulier en milieu professionnel ou sur le plan personnel peut  donc valoriser cette expérience et bénéficier, à terme, d’un diplôme ou d'un certificat de formation continue reconnu. Elle peut solliciter la valorisation de cette expérience par le jury de l’établissement d'enseignement supérieur de son  choix, à tous les cycles d’études. Elle peut  ainsi accéder à l’enseignement supérieur sans avoir les titres requis et, éventuellement, obtenir des dispenses afin de raccourcir la durée de ses études.

Toute personne ayant  un projet professionnel ou de formation et qui souhaite valoriser ses compétences pour être davantage reconnu dans son emploi, pour  faciliter sa  recherche d'emploi  ou encore pour  changer d'orientation peut ainsi contacter le conseiller VAE de l’établissement d’enseignement supérieur de son choix.

Elle sera alors  accompagnée à chaque étape de son parcours de validation

  • Pour la préparation du dossier détaillant son parcours 
  • Pour la présentation du dossier au jury qui autorisera ou non son admission

Cette voie d'accès à l'enseignement supérieur est entièrement prise en charge par l'établissement et donc gratuite pour le candidat.

Comment la plateforme interuniversitaire  pour la VAE a-t-elle été mise en œuvre ?

A l’origine un projet pilote

En 2007 : un premier projet pilote a vu le jour  suite aux travaux de la  Commission Education tout au long de la vie (ETALV[2]) du Conseil Interuniversitaire de La Communauté Française (CIUF) dans la perspective d’appliquer la VAE pour l’admission en master

A partir de 2008, une plate-forme de coordination est déployée au niveau du CIUF : elle organise le suivi de  la mise en œuvre de la VAE et met en place un  du dispositif d'information du public  ainsi qu’un observatoire de la VAE (création d'un tableau de bord et identification des indicateurs, relevé de ces indicateurs)

Des conseillers VAE  sont présents dans toutes les académies et universités.

2008-2014  un projet  FSE VAE-universités

Le projet VAE-Universités (2008-2013) va permettre de développer cette plateforme interuniversitaire pour la VAE initiée par le CIUF dans une perspective européenne de formation tout au long de la vie

Il s’agissait  en effet par ce dispositif de

  • Contribuer à la réduction des inégalités en matière d’accès à la formation
  • Rendre visible et organiser l’exercice  des droits individuels à la VAE
  • Assurer la crédibilité et  la légitimité sociale de la VAE
  • Opérationnaliser la mise en œuvre dans toutes les universités  
  • Créer un réseau d’acteurs

En 2013 le décret paysage

En 2013 –  le Décret « paysage » définissant le paysage de l'enseignement supérieur et l'organisation académique des études donne naissance à l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES)[3] :   fédération des établissements d’enseignement supérieur francophones de Belgique. Cette dernière est chargée de garantir l'exercice des différentes missions d'enseignement supérieur, de recherche et de service à la collectivité, conformément aux objectifs généraux, et de susciter les collaborations entre les établissements.

Dès lors l’ARES va mettre en place une instance de concertation et coordination spécifique pour la VAE ayant pour but de

  • Garantir les principes d’égalité de chance et d’équité de traitement dans l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
  • Favoriser le développement interuniversitaire de la VAE  (échanges de pratiques, formation des professionnels, des accompagnateurs, des jurys…),
  • Piloter la progression de cette nouvelle voie d’accès à l’université (tableau de bord, recommandations, suivis FSE),
  • Mesurer les avancées de démocratisation souhaitée,
  • Harmoniser des pratiques.

 

2015-2020  Le  projet FSE VAE2020

Ce projet va permettre de

  • Stabiliser et développer la  plateforme interuniversitaire,

Cette dernière  se compose de :

  • 2 représentants par université :  un Conseiller/relais VAE,  un Coordinateur/Référent VAE
  •  Pour l’ARES : du coordinateur et d’un  attaché affaires académiques
  • Instituer un Comité de suivi (gestion administrative).

Ce dernier comprend un coordinateur VAE de chaque université et un représentant des services comptables des universités.

Il assure le suivi des livrables du projet FSE, le Suivi des rapports financiers et d’activités, le relevé des indicateurs du projet.

Il s’agit maintenant de

  • Continuer à promouvoir le développement de la VAE auprès des parties prenantes (pouvoirs publics, fédération insertion socio-professionnelle, fédérations des secteurs privés les Universités (jurys, services administratifs, autorités, …) et de pérenniser l’action

Deux projets sont en cours : 

  • En Région wallonne
  • En province Brabant wallon

 

 

Des partenariats pour faciliter l’accès aux différents dispositifs pour le citoyen

De nombreux partenariat ont été noués avec les Hautes Ecoles, la promotion sociale, les centres de validation des compétences afin d’une part d’harmoniser l’information en direction du public, de faire connaître le dispositif de VAE et orienter des candidats vers les universités.

Des actions ont été menées avec le  FOREM , office de l’emploi pour la région Wallone et Et ACTIRIS[4] pour Bruxelles.

Il existe peu de partenariats avec les entreprises en matière de VAE en Belgique francophone à l’exception notable toutefois du dispositif « Convention Collective de Travail 104 » : il s’agit ici d’un plan pour l’emploi des travailleurs âgés dans l’entreprise. Cette CCT a été rendue obligatoire par l’arrêté royal du 28 octobre 2012 et comporte un système de reconnaissance des compétences acquises.

Comment les professionnels de la VAE travaillent-ils ?

Si les procédures sont harmonisées ou en voie d’harmonisation au sein des universités francophones, (accueil, accompagnement, jury) les dispositifs restent cependant variables :

  • A l’université de Liège, à l’université libre de Bruxelles, ainsi qu’à l’université Saint Louis (Bruxelles) ce sont un ou deux  Conseiller(s) VAE par université  qui réalise(nt) l’accompagnement des candidats
  • A l’université de Namur, ainsi qu’à L’université catholique de Louvain les candidats vont s’adresser dans un premier temps à  un Relais VAE qui les dirigera ensuite vers un  Conseiller VAE (accompagnement 2ème ligne) (UNamur, UCL à l’exception de l’UCL-Mons et de la FOPA, FOPES)
  • Dans certaines facultés : La Faculté Ouverte De Politique Economique Et Sociale (FOPES –UCL) ou encore la  Faculté Ouverte de Pédagogie pour Adultes (FOPA-UCL) , le  dispositif de VAE est totalement intégré dans le programme
  • Enfin dans d’autres établissements, comme à l’université de Mons, le conseiller VAE est un conseiller à la formation, intégré au service administratif (admission)

 

Le conseiller VAE a pour mission d’aider le candidat …

  • à choisir son cursus,
  • à adopter une attitude réflexive au regard de son parcours de vie,
  • à formaliser les compétences acquises pour les rendre visibles et évaluables par un jury,
  • à construire son dossier,
  • à identifier les pièces probantes à joindre à son dossier VAE,
  • à se préparer à la commission VAE (jury),
  • à procéder à son inscription administrative.

 

 

Qu’est-il demandé concrètement au candidat ?

Il est demandé au candidat de réaliser un dossier.

Ce moyen a été choisi car il apparaît comme le plus à même

  • d’aider le candidat à mettre en mot son parcours d’enseignement, de formation, professionnel et personnel
  • de prouver que l’ensemble des acquis équivaut à l’ensemble ou une partie des connaissances et aptitudes exigées pour l’obtention d’un diplôme visé

 

Le dossier comporte 2 volets (plus ou moins volumineux en fonction de la filière et des preuves apportées par le candidat)

  • Le Volet 1 est en quelque sorte un « CV élargi » et comporte les justificatifs de l’expérience à valoriser :
    • toute expérience dont le candidat demande la valorisation doit pouvoir être prouvée. (Via des  documents originaux permettant de quantifier la durée des expériences et leur type (contrat de travail, attestation d’employeur, descriptif de fonction, factures, …).
  • Le  Volet 2  est construit comme un portfolio de compétences :
    • Il permet par un travail rédactionnel  d’affiner la description des activités à valoriser, les compétences acquises …

 

Comment fonctionnent les jurys ?

Les procédures suivies par les jurys sont inscrites dans le règlement intérieur des établissements. En matière de décision, les jurys sont autonomes.

Ils se composent :

  • du directeur de l’entité,
  • de membres de l’équipe pédagogique,
  • du conseiller VAE.

 

A partir du dossier et éventuellement d’une épreuve, le jury vérifie l’acquisition par le candidat de compétences au regard de critères :

  • de sa capacité à suivre avec fruit un cursus,
  • de ses besoins pour correspondre au profil de sortie d’un diplômé,
  • des référents du programme (prérequis),
  • L’expérience du candidat (y compris années d’études réussies ou diplôme étranger ou privé).

 

Pour prendre leur décision, Ils vont ainsi porter attention :

  • au degré d’expérience et de maturité professionnelle démontrée par le candidat,
  • à son  degré d’autonomie et de prise de responsabilités,
  • à ses aptitudes à la synthèse et à la communication,
  • à la pertinence du choix  qu’il a opéré des exemples d’acquis professionnels au regard du référentiel de compétences.

 

Nos interlocuteurs lors de cette rencontre nous signalent que subsistent cependant encore des difficultés d’harmonisation liée à l’autonomie et à la diversité des jurys.

Quelques chiffres

Chiffres_vae_belgique

 

Les chiffres montrent une évolution positive notable du nombre de candidats accompagnés dans les universités de Belgique francophone de 2008 à 2013 qui tend cependant à marquer le pas entre 2015 et 2017 par rapport à la période précédente tout en restant relativement stable.

Chiffre_2_vae_belgqiue

Analyse et perspectives

En Belgique, il convient de bien distinguer la valorisation de la validation des acquis de l’expérience.

La VAE est ici un dispositif de valorisation et non un dispositif de certification comme c’est le cas en France ou encore au Luxembourg.

Une démarche de VAE en Belgique ne permet pas l’octroi d’un diplôme mais seulement l’accès aux études de l’enseignement supérieur et/ou la dispense de suivre des enseignements. Elle permet également d’obtenir par équivalence (enseignements précédemment suivis ou expérience)  la validation de certaines unités d’enseignement.

Comme dans l’ensemble des dispositions européennes concernant la reconnaissance des acquis de l’expérience dans l’enseignement supérieur, que ce soit à des fins de valorisation ou de certification, la démarche pour le candidat reste complexe et exigeante et dans cette perspective le rôle de l’accompagnement reste central pour la réussite des candidats et mérite sans doute d’être encore davantage pensé et développé.

Car dans l’ensemble des pays européens qui ont adopté de telles dispositions, la VAE est considérée comme un outil central pour le développement de la formation de la vie.

Pensée dans une perspective de réduction des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et par conséquent d’augmentation du taux de qualification de la population active exerçant des emplois d’encadrement , elle est encore bien loin d’atteindre ces objectifs.

Cependant, le développement qu’elle a connu et qu’elle poursuit dans l’enseignement supérieur européen est riche d’enseignements pour l’accueil, l’accompagnement et la formation des adultes dans les universités ou hautes  écoles, particulièrement au moment où les ambitions européennes pour la formation tout au long de la vie vont dans le sens de penser la formation des adultes en termes de parcours fluides et articulant davantage apprentissages formels et non formels.

Bien des collaborations sont à envisager entre ces établissements des différents pays européens, ces professionnels de la VAE, forts de leurs expériences diverses de reconnaissance des acquis de l’expérience, collaborations qui sont de nature à ouvrir à des ingénieries de parcours innovantes pour mener à bien cette ambition de faire de la formation des adultes dans l’enseignement supérieur une formation adaptée à leurs attentes et besoins légitimes.

 


[1] Communauté française de Belgique, Décret définissant l’enseignement supérieur, favorisant son intégration à l’espace européen de l’enseignement supérieur et refinançant les universités, 31 mars 2004.

[3] L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) est la fédération des établissements d’enseignement supérieur francophones de Belgique. Son rôle est d'assurer la coordination globale de leurs activités et de susciter entre eux le développement de collaborations.

[4] Actiris est l'Office régional bruxellois de l'Emploi. Il est chargé de mettre en œuvre la politique bruxelloise de l'emploi et d'assurer le bon fonctionnement du marché de l'emploi en Région de Bruxelles-Capitale. A cette fin, Actiris propose un large éventail de services tant aux entreprises qu'aux demandeurs d'emploi.

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