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DES FORMATIONS SUR LES DISCRIMINATIONS LGBT POUR LA POLICE

L’association FLAG !, est une association apolitique, asyndicale et amutualiste, dont l’objectif est de lutter contre toutes les formes de discriminations à l’encontre des LGBT (Lesbiennes, Gay, Bisexuel-les, trans) au sein des Ministères de la justice et de l’intérieur.  FLAG organise des formations de sensibilisation au sein des écoles de police et de gendarmerie, pour améliorer les pratiques professionnelles. 

Interview de Johan CAVIROT, Président de l’association et formateur.

 

L’association FLAG !, est une association apolitique, asyndicale et amutualiste, dont l’objectif est de lutter contre toutes les formes de discriminations à l’encontre des LGBT (Lesbiennes, Gay, Bisexuel-les, trans) au sein des Ministères de la justice et de l’intérieur. Son objectif est également d’accompagner les victimes au sein de la chaîne pénale et d’améliorer les rapports entre les forces de l’ordre et les victimes LGBT. FLAG organise des formations de sensibilisation au sein des écoles de police et de gendarmerie, pour améliorer les pratiques professionnelles. FLAG est membre de l’organisation Européenne « EUROPEAN LGBT POLICE ASSOCIATION », elle-même membre du comité des ONG au sein du Conseil de l’Europe.

Flag_asso

J’ai interviewé Johan CAVIROT, Président de l’association. Il est ingénieur principal des systèmes d’information et de communication à la direction centrale de la police aux frontières, réserviste de la gendarmerie nationale. Il a au sein de ces institutions une connaissance des trois grands secteurs du Ministère de l’Intérieur. Il est formateur au sein du Ministère et, à ce titre, il connaît et pratique diverses méthodes de formation d’adultes.

 

David LOPEZ: Dans les formations organisées par FLAG, vous vous adressez à des personnes en formation professionnelle. Les contenus évoqués sont clairs. Mais en termes de compétences quelles sont celles que votre équipe aimerait voir atteintes ? Compétences sociales, connaissances, compétences transversales (capacité à l'écoute / empathie/...).

Johan CAVIROT : Lors de ces interventions nous avons plusieurs objectifs. Tout d'abord elles visent à améliorer la connaissance des élèves gardiens et des élèves gendarmes du public LGBT+, ce qu'il y a derrière ces lettres au-delà des préjugés et idées préconçues, le vocabulaire spécifique. Nous souhaitons également mettre en lumière la particulière fragilité de ces victimes au regard de l'isolement très souvent amicale et familiale. En effet, le suicide est beaucoup plus présent chez le public LGBT après une agression LGBTphobes (60% ont des pensées suicidaires dans l'année qui suit l'agression contre 5% pour une personne hétérosexuelle victime du même niveau de violence).

Afin de faire face à ces sensibilités, il est important que le policier ou le gendarme fasse preuve d'une écoute et d'une empathie renforcée afin que la victime se sente non jugée et suffisamment en confiance pour pouvoir aborder un sujet qui touche à l'intime. On ne peut pas traiter ce sujet comme un vol de téléphone ou un tag sur la façade d'une maison.

Il est aussi important que les forces de l'ordre sachent correctement caractériser, au sens judiciaire cette fois, l'agression subie afin de relever les bonnes circonstances aggravantes et les éléments permettant ensuite au parquet de prendre les bonnes décisions.

Les policiers et les gendarmes sont vraiment les premiers maillons dans la prise en charge des victimes et si celle-ci se déroule mal les conséquences sur la victime peuvent être tragiques.

Les pouvoirs publics sont pleinement conscients de cette urgence. D'ailleurs, le nouveau plan gouvernemental de lutte contre les LGBTphobies demande le renforcement de ces sensibilisations auprès des effectifs et en particulier, dès la formation initiale.

Les formations permettent également de réfléchir à l’identité et au genre.

 

Ginger

 

Les personnes en formation reçoivent-elles une "reconnaissance" de leur participation ? Certificat ? Cela leur sert-il pour leur "carrière" ?

Il n'y a pas de reconnaissance particulière sous forme de diplôme ou de certificat, toutefois lors de leurs examens, un sujet peut porter sur cette thématique et ils devront y répondre correctement pour décrocher la validation de leur scolarité et ainsi pouvoir devenir policier ou gendarme.

Cette formation peut ne jamais leur servir durant leur carrière mais il suffit d'une victime mal prise en charge pour aboutir à un drame humain.

 

D'autres associations comme FLAG existent en Europe. Sur la formation, y-a-t-il des échanges, des rencontres ? Sur les partages de méthodes, sur les outils utilisés ?

Tout à fait. Les échanges se font par l'intermédiaire de l'European LGBT Police Association, dont FLAG! fait partie des membres fondateurs. Cette association regroupe tous les associations européennes équivalentes à FLAG!. Lors des réunions de travail, la formation est un sujet à part entière car au-delà de la prise en charge des victimes ceci contribue aussi à lutter contre les LGBTphobies qu'il peut y avoir à l’interne des institutions ou dans l'entourage d'un policier ou d'un gendarme.

 

Quels sont les outils généralement utilisés ? Documents écrits ? Numériques ? Formation on line ? MOOC ?

Nous utilisons un PowerPoint pour dérouler la formation puis nous remettons à chacun des élèves un "PV FLAG!" reprenant les 61 infractions avec une circonstance aggravante liée à l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Nous avons également sortie une application mobile FLAG! , permettant de consulter ces infractions depuis son téléphone. FLAG! assure l'actualisation en fonction des évolutions législatives.

Nous n'avons pas encore d'enseignement à distance car ce sujet nécessite un échange avec les stagiaires. Tout le monde n'a pas la même construction, les mêmes préjugés sur ce sujet qui touche vraiment à l'intime, aux attirances amoureuses et sexuelles.

Pour conclure, Johan CAVIROT ajoute : « Nos interventions ont lieux en formation initiale mais il y a déjà 250 000 policiers et gendarmes sur le terrain qu'il va être difficile de former rapidement sur ces sujets. FLAG! souhaite l'augmentation de nominations d'officier de liaison comme cela est en place à Paris. Cet effectif est à la fois parfaitement formé, mais il a également la capacité, puisque c'est son emploi à temps plein, de maintenir une veille et ainsi une formation continue sur ces sujets. Il est alors une ressource précieuse pour tous les policiers et les gendarmes déjà en unité ».

Nous convenons également que ce travail de formation initiale, peut également devenir une base pour une formation continue et surtout qu’il pourrait être transférer à d’autres professions telles que les enseignants, les personnels médicaux ou éducatifs, …

Propos recueillis par David LOPEZ, coordinateur thématique EPALE France.

Sites ressources:

https://www.flagasso.com/

https://www.lgbtpolice.eu/

 

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