Accompagnement au développement de la posture réflexive de l’étudiant en soins infirmiers

Dans un contexte de soins mouvant, soumis à des changements rapides et continus, le développement de la posture réflexive de l’étudiant en soins infirmiers devient une priorité. Il existe une divergence entre les intentions du référentiel de formation portées vers le déploiement de la réflexivité et un dispositif d’évaluation presque exclusivement normatif.
Partant de ce constat, l’auteure explique l’importance de la phase d’analyse dans l’ingénierie de formation. Puis, la recherche apporte un éclairage théorique étayé à partir des concepts tels l’accompagnement, plus précisément l’accompagnement à la réflexivité, et l’évaluation, plus particulièrement l’auto-évaluation.
Une enquête qualitative réalisée auprès de trois formateurs/concepteurs exerçant au sein de trois IFSI différents interroge les dispositifs d’évaluation et leurs impacts sur le développement de la posture réflexive et l’auto-évaluation. Ainsi, l’enquête permet d’entrevoir les pratiques en terme d’évaluation et la place laissée à l’étudiant dans le montage des dispositifs. L’enquête offre une vision sur les dispositifs d’évaluation et situe l’enjeu actuel pour le soignant : la construction d’une identité réflexive, porte d’entrée à la construction identitaire et l’émancipation. L’enquête permet de saisir l’importance de la posture du formateur dans son accompagnement auprès des futurs infirmiers.
Une discussion prenant appui sur l’analyse institutionnelle permet de pointer les coulisses et les règles tacites admises par les formateurs pour une appropriation du dispositif d’évaluation et la possibilité d’une co-réflexivité.
Les préconisations émises s’intéressent aux étudiants infirmiers mais aussi aux formateurs et sont portées par les convictions de l’auteure.
Mots-clés : Ingénierie de formation, accompagnement, réflexivité, auto-évaluation
Réflexivité en IFSI
L’étude des incohérences, notamment, entre les intentions du référentiel infirmier de 2009 portées vers le déploiement de la réflexivité pour l’étudiant infirmier et un système d’évaluation presque exclusivement normatif, et la mise en exergue des exigences implicites du monde du soin pour tout soignant, nous ont amené à nous questionner sur les mutations en cours en ce qui concerne l’exercice infirmier.
Nous avons mis en lumière notamment une notion essentielle qui motive nos actions au quotidien : la « dimension réciproque » (Paul, 2009) de l’accompagnement. Cela sous-entend que la posture réflexive n’est pas à sens unique, elle est déployée et démontrée dans les faits et gestes du formateur, dans les intentions de l’ingénierie de formation, dans la philosophie, trame de fond de la conception du dispositif de formation.
Puis, nous avons identifié, en nous appuyant sur de nombreux auteurs, des modalités évaluatives propices au développement de la posture réflexive et du « pouvoir d’agir » (Lhotellier, 1997) des étudiants, modalités évaluatives qui viennent bouger les lignes des pratiques habituelles, en laissant une place centrale à l’étudiant dans le montage, et lors de la réalisation des évaluations. Ces différentes explorations théoriques nous ont conduit petit à petit vers la phase empirique et notre question de recherche. Quels sont les dispositifs d’évaluation conçus ou à concevoir par les formateurs-concepteurs en IFSI afin de favoriser le développement de la posture réflexive de l’ESI ?
Nous avons fait le choix d’une recherche qualitative où nous avons mené des entretiens compréhensifs, parsemés de phases d’explicitation.
A l’issue de notre enquête, nous avons mené une analyse thématique et nous avons mis en lumière plusieurs éléments intimement imbriqués les uns avec les autres : les pratiques de ce jour des formateurs sont teintées de valeurs issues du monde du soin, l’accompagnement à l’auto-évaluation demeure une priorité pour le formateur qui s’arrange du système pour pouvoir répondre à cet objectif.
Enfin, nous avons émis trois préconisations différentes mais complémentaires visant une finalité commune : l’autonomie, la professionnalisation et l’émancipation des étudiants en soins infirmiers et des formateurs-accompagnateurs.