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EPALE - Plateforme électronique pour l'éducation et la formation des adultes en Europe

Discussion

Comment mieux apprendre aujourd’hui ?

Enjeux multiples et questions à explorer

L’apprentissage tout au long de la vie (Lifelong Learning), se trouve aujourd’hui invoqué sur de très nombreux sujets : Inclusion et diversité ; Transition numérique ; Environnement et lutte contre le changement climatique ; Participation à la vie démocratique, valeurs communes et engagement civique qui sont les priorités Erasmus 2023. Mais plus largement les sujets de formation sont de plus en plus associés à des enjeux sociétaux, collectifs au-delà du seul développement de chaque personne qui en bénéficie. L’imprévisibilité actuelle peut éclairer cette pluralité d’enjeux : conflits armés installés, impacts du réchauffement climatique et enjeux des multiples transitions à venir et à anticiper ; tensions démocratiques, citoyenneté, usages des réseaux sociaux et influence qu’ils peuvent avoir sur la remise en question de savoirs institués, développement de l’esprit critique, impacts du numérique et des intelligences génératives, accès facilité aux contenus formatifs…. …apprendre n’est donc pas uniquement un enjeu individuel pour s’intégrer dans la vie active mais bien plus largement une nécessité afin de pouvoir prendre sa part dans le développement d’un monde commun plus inclusif.

Une fois posés ces enjeux et ces principes généraux, on perçoit la complexité de sujets interdépendants et souvent entremêlés : certains relèvent de conceptions philosophiques, d’autres d’évolutions technologiques ; d’autres encore d’usages des ressources et de modalités techniques. Nous souhaitons mettre en discussion 4 questions que nous proposons ci-après et qui illustrent également 4 tensions, voire 4 polarités. Elles sont distinguées mais évidemment interdépendantes. Et bien d’autres questions peuvent être débattues.

Voir l’article " Appendre aujourd’hui : quelles métamorphoses en cours et leviers d’action ? "

 

  1. Apprendre : comment articuler enjeux individuels, enjeux collectifs, enjeux de société…?

Si « apprendre tout au long de la vie » est invoqué sur tous les sujets, comment ces enjeux s’articulent-ils ? Comment et de quelle manière peuvent-ils éclairer à la fois les parcours individuels et les choix de société ? Quelles modalités de travail sur la citoyenneté ? Quels liens entre choix de carrière et impacts climatiques ? Comment introduire la question d’une communauté de destin dans des sociétés qui prônent la réussite individuelle ?

 

  1. Comment concilier accès immédiat à des ressources illimitées et développement de l'esprit critique?

Si une multiplicité de ressources sont accessibles, disponibles, elles ne garantissent pas leur utilisation pertinente. Enjeux de fiabilité, impacts des réseaux sociaux : l’esprit critique et la nuance se trouvent en conflit permanent face aux dérives de l’influence sociale et de la binarisation. Alors, comment aujourd’hui développer l’esprit critique et la nuance face au déluge de points de vue et d’informations ?

 

  1. Comment ne pas faire de l’apprentissage tout au long de la vie une sommation à se former ?

Si apprendre tout au long de la vie est un slogan mainte fois répété, apparemment consensuel, n’y a-t-il pas également une injonction à se former qui ne trouve pas forcément un écho pour tous. Apprendre tout au long de la vie : une nécessité et une intention partagée par tous, vraiment ? Qu’en pensent les personnes ? Comment travailler cette question partout et pour tous ?

 

  1. Se former ou apprendre ? Comment la formation s’inspire de ce qu’apprendre suppose ?

Apprendre ne relève pas uniquement de dispositifs formatifs institués : on développe des compétences dans un multiplicité de situations, plus ou moins formalisées, ayant ou non des objectifs formatifs. Comment déplacer la question de la formation vers celle de l’apprentissage ? Quelles sont les conditions pour que les personnes apprennent ? Quels processus proposer ? Quelles nouvelles ingénieries développer qui permettent de rendre les situations apprenantes ?

 

Ce sont que quelques facettes des enjeux actuels autour d’apprendre ». Et qui nécessitent plus que jamais de réfléchir, débattre, expérimenter, tirer les leçons des initiatives. Merci de nous présenter vos expériences, initiatives, propositions…pour enrichir le débat et apprendre ensemble

 

 

 

 

 

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Commentaire

Kā pilnveidot mācību procesu, lai tā dalībnieki ne vien tiktu integrēti darba tirgū, bet arī kļūtu par empātiskiem un proaktīviem mainīgas sabiedrības dalībniekiem un organizētājiem?

           Raksta autors uzdod ļoti vērtīgus jautājumus par mācību un mūžizglītības funkcijām šodienas pasaulē un to, kādu mums jānoformulē izglītības mērķi un uzdevumu. Manuprāt, šos jautājumus it īpaši būtiski uzdot te, Latvijā - izglītībai esot milzīgu, fundamentālu pārmaiņu viducī, pedagogiem un valstisko izglītības procesu vadītājiem ir jāspēj izvērtēt, kā no Rietumiem gūtās idejas varam integrēt mūsu vēsturiskajā un sociālajā kontekstā; kā šīs idejas, kuras attīstījās jau 20.gs. pirmajā pusē, bet pie mums ar lielu vilni nonākušas tikai tagad, varam integrēt mūsu skolā gudri, ar mums pieejamajiem resursiem, neuzgrūžot izglītības procesa smagāko nastu uz pedagogiem un skolu vadību? 

Šie ir jautājumi, uz kuriem ikdienas praksē jāmeklē atbildes ikvienam no mums un jāstrādā, lai Latvijas izglītības sistēmu izveidotu par vislabāko, kāda mums var būt.

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How to improve learning today? - A question that is constantly changing and to which there will always be new answers. 
The discussion topics raised in the article are important and raise interesting questions. Using the example of learning platforms, I would like to address the last question in particular (How can we move the focus from training to learning?).

First of all, a distinction must be made between training and learning. 
In training, the focus is on teaching a new skill or knowledge within a regulated framework. This means that it has a fixed beginning and end, as well as a specific learning objective that is to be achieved.
Learning, on the other hand, always takes place, whether consciously or unconsciously. 

With digitalization, new types of learning are constantly emerging, one of which is the use of virtual learning platforms. This provides the opportunity to shift the focus from conscious training to learning. Conventional training is often dominated by the trainer, while a virtual learning program shifts the responsibility to the participants. This enables more individualized learning opportunities and the learning content can be adapted to the needs of the participants. In addition, virtual learning platforms are easier to adapt to the conditions for learning. For example, easy access means that learning can take place at home, in the office, or on the move. 

Ultimately, the use of virtual learning platforms can be an attempt to change the focus from training to learning, make learning more individual and provide lifelong learning, especially for adults.

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Apprendre Aujourd’hui c’est penser l’ingenium : accepter l’incertitude et réguler la diversité des apprentissages.

 

Merci à André pour ce texte réflexif, et inspirant.

Ce texte dense m’invite à dialoguer sur deux points spécifiques : le développement de l’esprit critique, et l’obligation de (se) former.

 

Apprendre ensemble et développement critique

Apprendre est indispensable à l’Humain et l’apprentissage fait partie de l’espèce humaine. Cependant au-delà des aspects individuels indispensables en termes de compétences et bénéfiques en termes de plaisir des savoirs, l’apprentissage est aussi un enjeu social et sociétal, et participe, hélas pourrait-on dire, à la compétition internationale. Oui « apprendre est à la fois une nécessité et un enjeu individuel et collectif ». Cette double dimension invite au partage, à l’ouverture et au développement de l’esprit critique afin de lutter contre la bipolarisation des idées dans un environnement présenté comme de plus en plus clivant. Devant cette montée des idées imposées, des outrances de tout bord, me revient la lecture de l’ouvrage de Birnbaum Jean (2021), Le courage de la nuance, Seuil, où il nous dit : « dans le brouhaha des évidences, il n’y a pas plus radical que la nuance ». Comme j’apprécie cette approche humaine que j’ancre dans les apprentissages.

 

Apprendre est une nécessité ontologique de l’humain, indispensable, incontournable et par là même obligatoire. Alors, aujourd’hui, qu’est ce qui change ?

Il convient de reconnaitre que l’on n’apprend jamais seul et qu’actuellement, notamment pour sortir de type d’obscurantisme, il convient encore plus d’apprendre de soi, apprendre des autres, apprendre du groupe, apprendre de l’organisation et apprendre de l’environnement. Il convient d’apprendre pour soi et pour transférer le réel.

 

Du droit à la formation à l’obligation de se former

L’instruction obligatoire et le développement de la formation ne sont pas nouveaux, en France des lois de Jules Ferry à la fin du XIXème aux lois Delors de 1971, portent cette double inscription d’autonomie et de citoyenneté, de développement individuel et collectif. Effectivement, comme nous avons pu l’écrire par ailleurs (Ardouin 2006), nous sommes passés d’un droit à la formation à une obligation de se former. Dans ce contexte prescriptif nous invitons à ce que la formation demain garde cette dimension de bien commun (Ardouin (2019), La formation demain, un bien commun, Éducation Permanente 2019/3-4 (N° 220-221), 173 à 184).

 

Alors apprendre aujourd’hui, c’est penser l’ingenium c‘est à dire  accepter l’incertitude et réguler la diversité des apprentissages.

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In the series of student accounts on the question of "How to learn today", another angle is offered by the contribution of the Erasmus programme to the learning process. Non-formal skills play a major role in learning, particularly when students are involved in student life. In parallel with the content of the courses and the formal organisation of a course, the environment in which it takes place is rich in learning. When students take advantage of it, it contributes to the development of learning.

@André Chauvet@susana MAJOR@David LOPEZ@Divina FRAU-MEIGS@Thierry Ardouin@Damien Amichaud@Roseline Le Squère

Testimony :

My name is Mathis NZOULOU, I’m a student currently enrolled a European project
management master’s degree in the University of South-Brittany. During the last year of my
double-bachelor degree of linguistics and literature in both German and English, I had the
chance to take part in the Erasmus+ exchange program. I spent one year at the Dublin City
University in Ireland. This year was overall an incredible experience. I had the chance to
meet people from all over the world and study in a completely different environment.
One of the things that struck me the most was the vibrant student life of the Dublin City
University. The university indeed has a Student Union system that finances the activities of
clubs and societies ran by students. As an exchange student, I became involved in the
Erasmus Society, the local antenna of the Erasmus Student Network. Reflecting on this
experience, I think there are some valuable insights I would like to share.

This testimony aims to underline the benefits brought by being active in student life, especially in a multicultural environment.

I would describe the main goal of the Erasmus Society as easing the social life of exchange
and abroad students and make them discover a bit more of the country. In the Dublin City
University, we organised activities where members could meet each other as well as a few
day-trips in Dublin and in Ireland. Some events also emphasised the cultural exchange
between students who had very different backgrounds.

We tried to have at least two events per week. The most recurring event was the weekly
coffee morning, where everyone could come and share a cup of tea or coffee with some
biscuits. This was the main hub for exchange and abroad students to meet each other. We
also used that event to advertise and register people for other coming events like movie
nights, game nights, day trips in Ireland, Irish dance workshops, pub quiz and many more
different activities.

All of this required a lot of organisation, and behind each event was the work of the Erasmus
Society Committee. It was fashioned in the usual way committees are. Thus, all of the
members were students. We met altogether at least once a week, but some committee
members could meet more to discuss specific projects, cooperation with other societies or
internal organisations. All of that ran well, very well. And to this day, I’m positively surprised
that a committee composed of people from different European countries, and also from other
continents, found success.

Despite having different backgrounds, we managed to work together. I think it was pretty
natural for us but sharing our process may help other organisations who struggle to find
harmony. We met regularly, and everyone listened to each other and could have a say
during the meeting. Because we planned events early in the year, we could spend more time
discussing execution rather than planning. It surely made things easier to have a clear vision
of what was to achieve. Besides, the team was pretty understanding and it was okay to ask
for help if we could not achieve a task. In that matter, we had enough committee members to
cover for each other when needed. I also think that committee members were flexible
enough in their minds not to be angered by a mistake. It was more important to warn the
other when we forgot to do something or warn that we were about to fail as soon as possible
since it allowed the whole committee to adapt. From my point of view, seeing the whole
process of running the society as part of my student routine took some pressure away and
made me enjoy it.

I also had the chance to ask the former president of the Erasmus Society about her own
experience. Her name is Xingru Zhou.She is from China and is currently doing a Bachelor
Degree in communication in the Dublin City University. According to her, there were a lot of
jobs to do as president. She chaired weekly meetings and did the human resources job of
the society (finding committee members, regularly checking if everyone is alright, motivate
people or discharge them of their responsibilities if needed). It was important for her to keep
an eye on everything that happened to be sure that everyone was having a good time.
I also asked her about what she learned and here is her answer:
“I think I learned a lot as president. For one, I think I’ve learned adaptability a lot. As
president, I’m facing different people and different types of personalities. So when dealing
with different people,I needed to adjust my strategy. It helped me to improve my
interpersonal skills. It also made me better at planning and organising. It took a lot of
planning to organise and figure out a place for the weekly meeting for example. It also gave
me a good hindsight on how to be a good leader. To make people trust you and follow your
lead you don’t need to be authoritarian but rather have to be nice to people and make them
trust you. I have learned a lot of cultural differences from my activities in the Erasmus
Society in general, which is very useful to me, and I'm very glad of it.”

There would be many more things to say about such an experience but to wrap it up I highly
recommend you to invest yourself or to encourage people you know to get involved in
student life. It is a practical way of learning new skills and achieving things we never thought
we could. As another former member of the Erasmus Society told me, being involved in the
society helped her to meet new people. I personally improved my ability to work in a team
and rely on other people. Doing it in an antenna of the Erasmus Student Network made it
even richer by giving me the opportunity to work and learn from people from all over the
world that I would never have met otherwise.

Contact : Mathis NZOULOU, <mnzoulou@gmail.com>

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Dans la série de témoignages d'étudiants sur la question de "Comment apprendre aujourd'hui", un autre angle est proposé par l'apport du programme Erasmus dans le parcours de formation. Les compétences non formelles tiennent une place forte dans l'apprentissage, notamment lorsque les étudiants s'investissent dans la vie étudiante. De manière parallèle aux contenus de formations et l'organisation formelle d'un parcours de formation, l'environnement dans lequel cela s'inscrit est riche d'apprentissage. Lorsque les étudiants s'en saisissent, cela contribue à développer l'apprendre.

@André Chauvet@susana MAJOR@David LOPEZ@Divina FRAU-MEIGS@Damien Amichaud@Thierry Ardouin@Roseline Le Squère

Témoignage :

Mon nom est Mathis Mathis Nzoulou, je suis actuellement étudiant en master de gestion de
projet régional et européen à l'Université de Bretagne-Sud. Durant la dernière année de ma
double licence LLCER Anglais et Allemand, j’ai eu la chance de prendre part à un échange
dans le cadre du programme Erasmus +. J’ai passé une année à la Dublin City University.
Cette année a été une expérience fantastique. J’ai eu la chance de rencontrer des
personnes de différents horizons et d’étudier dans un cadre complètement différent de ce
que j’avais connu auparavant.

Une des choses qui m’a le plus frappé lors de mon voyage est sans aucun doute la vitalité
de la vie étudiante de la Dublin City University. L’université a en effet un système associatif
étudiant qui finance les activités de club et de société géré par les étudiants. En tant
qu’étudiant en échange, je me suis investi dans la Société Erasmus, antenne locale du
réseau étudiant du programme Erasmus (Erasmus Student Network). Avec du recul sur
cette expérience, je me rends compte qu’il y a des observations intéressantes que je
voudrais partager. Ce témoignage a pour but de rendre compte des avantages à prendre part à la vie étudiante, en particulier dans un contexte multiculturel.

Pour moi, le but de la Société Erasmus était de faciliter l’intégration des étudiants étrangers
ou en échange tout en leur faisant découvrir un peu plus du pays. A la Dublin city University,
nous organisions des activités ou les membres pouvaient se rencontrer ainsi que des
excursions dans Dublin ou plus globalement en Irlande. Certains événements faisaient aussi
la part belle aux échanges culturelles entre étudiants qui avaient tous des origines
différentes.

Nous essayions d’organiser au moins deux événements par semaine. L'événement le plus
régulier était la “Matinée Café”, où tout le monde pouvait venir pour partager un café ou un
thé accompagné de biscuits.Cet événement était l’espace principal de rencontre entre
étudiants étrangers ou en échange. Nous utilisions aussi cet espace pour promouvoir et
inscrire les gens à nos autres événements qui allaient de soirées cinéma à des initiations à
la danse irlandaise en passant des soirées jeux, des excursions en Irlande et des soirées
quiz et autres activités de toute sorte.
Tout cela nécessitait beaucoup d’organisation, et le bureau de la Société Erasmus travaillait
en amont à la réalisation de chaque événement. Le bureau était organisé comme bien des
bureaux associatifs. Néanmoins, tous ses membres étaient des étudiants. Nous nous
réunissions au moins une fois par semaine, mais certains membres du bureau pouvaient se
voir davantage pour discuter de projet en particulier, de partenariat avec d’autres clubs ou
d’organisation interne. Une belle mécanique qui fonctionnait à merveille. A vrai dire, je suis
toujours surpris aujourd’hui qu’un bureau composé de personnes de différents pays
européens et venant même d’autre continent ait aussi bien fonctionné.

Malgré des origines différentes, nous arrivons à travailler ensemble. Tout s'est fait assez
naturellement pour nous, mais partager notre façon de nous organiser pourrait aider des
groupes qui peinent à trouver l’harmonie. Nous nous réunissons régulièrement dans un
esprit d’écoute mutuelle ou tout le monde avait son mot à dire. Ayant défini les événements
que nous souhaitions réaliser assez tôt dans l’année, nous parlions beaucoup plus
d'éléments d'organisations concrets que de planifications au sens large. C’était une force
d’avoir une vision claire de ce que nous voulions faire. De plus, l'équipe était très à l'écoute.
Il était chose aisée de demander de l’aide si besoin. Je pense aussi que les membres du
bureau n'étaient pas du genre à se froisser pour une erreur. Il était plus important de tenir les
autres au courant que nous avions oublié de faire quelque chose ou de les prévenir que
nous étions proches de l’échec afin que tout le bureau puisse s’adapter en conséquence.
Pour moi, appréhender mon activité dans la société comme part de mon quotidien a rendu la
chose beaucoup moins stressante et plus agréable.

J’ai eu l'opportunité d'interroger l’ancienne présidente de la Société sur son expérience. Son
nom est Xingru Zhou. Elle est venue de Chine pour effectuer un bachelor de communication
à la Dublin City University. Selon elle, la charge de travail en tant que présidente était assez
conséquente. Elle présidait les réunions hebdomadaires et s’occupait des ressources
humaines de la Société (recruter des membres pour le bureau, vérifier régulièrement que
tout le monde va bien, motiver les membres du bureau ou les relever de leurs fonctions
quand nécessaire). Il était important pour elle de garder un œil sur tout afin que tout le
monde puisse passer un bon moment.
Je lui ai aussi demandé ce qu’elle avait appris à travers cette expérience et voilà sa réponse
:
“Je pense que j’ai beaucoup appris en tant que présidente. J’ai vraiment appris à m'adapter
en fait. En tant que présidente, j’ai fait face à différentes personnes et à différents types de
personnalité. Donc quand je m'entretenais avec des personnes différentes, il fallait que
j’ajuste ma stratégie. Ça m'a aidé à améliorer mes compétences interpersonnelles. Ça m’a
aussi rendue meilleure pour organiser et planifier des choses. Ça me demandait pas mal
d’organisation de planifier et de trouver un lieu pour les réunions hebdomadaires par
exemple ! Ça m'a aussi donné une bonne idée de ce que devait être un bon leader. Pour
que les gens croient en toi et suivent tes instructions, il ne faut pas faire preuve d'autorité,
mais plutôt être sympa avec eux et gagner leur confiance. J’ai appris beaucoup de choses
sur les différences culturelles dans mon activité à la Société Erasmus, ça m'est très utile et
j’en suis contente ! “

Il y aurait encore des choses à dire sur une telle expérience, mais pour faire bref, je vous
recommande de vous investir ou d’encourager vos connaissances à s’investir dans la vie
étudiante. C’est une façon concrète d’apprendre de nouvelles compétences et de réaliser
des choses dont on ne se serait pas cru capable. Comme me le disait une autre ancienne
membre de la Société Erasmus, participer à la vie étudiante l’a aidé à rencontrer de
nouvelles personnes et à être moins timide. Personnellement, j’ai amélioré mes capacités de
travail en équipe et à compter sur les autres. Le faire dans une antenne du réseau ESN a
rendu cette expérience encore plus riche en me permettant de travailler et d'apprendre de
personnes venant de partout dans le monde et que je n’aurais jamais rencontré autrement.

Contact : Mathis NZOULOU, <mnzoulou@gmail.com>

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**English and german comment**

Generation's Career Challenges & Choices – ein persönlicher Bericht

@André Chauvet@susana MAJOR@David LOPEZ@Roseline Le Squère@Damien Amichaud

Learning in intercultural situations, encouraging training that allows you to see several environments: the Erasmus+ programme is known for offering this. However, other schemes, such as the Trinational Master's programme at the University of South Brittany, enable students to learn by spending semesters in different universities and countries.
Paula testifies to this learning in which formal and non-formal learning complement each other to build solid skills that can be deployed lifelong :

My name is Paula, I am 24 years old and currently enrolled in a trinational master’s program. Originally from Germany, I’ll be pursuing my studies in France and the Czech Republic.

Being young and learning these days is a huge chance: there are a million and one options to make a positive impact on society, a multitude of opportunities to make a difference. My generation is eager to learn, ambitious and powerful. Many of us are fortunate enough to travel the world and enrich our horizon.

With one million possibilities also come multiple challenges: After twelve or more years of continuous learning in school, we are set free into the whole wild world. We must choose a life path that aligns with our personality and strengths. Something we can build a career upon, as due to the ageing society, we will work for the majority of our lives. So, we strive to study something we are really interested in and passionate about – something that will not only earn us a living, but also pleases our family’s expectations, saves the environment, and changes the world.

The struggle to find the right path for the future is consequently not exclusive to governments. Many young people grapple with the decision of what to pursue in their careers:

“After finishing school, I didn’t really know what to do, so I began studying law.” – Babette, 27 years old

“I wanted to become a doctor, but my final grades were slightly below the requirement for medical studies.” – Selina, 25 years old

“I’m overwhelmed by the options available to me after completing my A-levels…can I even make the right decision?” – Amalia, 17 years old

“Becoming a teacher will provide me with the opportunity to prepare the little ones for the challenges of tomorrow. Not only the challenges they have to face thanks to our consistently changing world, but also the personal challenges of finding the right path.” – Henriette, 21 years old

Learning in the present day is not only about adapting to digitalisation and addressing media and political challenges within our society. Learning nowadays is about ensuring that the younger generations are well-prepared for both their opportunities and challenges. We need to help them understand the significant impact they can make by choosing an education that truly resonates with their individuality.

Als Bachelorstudentin der theoretischen Linguistik habe ich nach einem Master gesucht, der mir genau dies ermöglicht: mein persönliches Profil zu formen, eine interdisziplinäre Ausbildung zu genießen und so nach meinem Abschluss in der Arbeitswelt von morgen Veränderungen anzustoßen.

Gefunden habe ich den Master in regionaler und europäischer Projektentwicklung. Der trinationale Studiengang richtet sich an Bachelorstudierende unterschiedlichster Disziplinen: Geistes-, Wirtschafts-, Human- und Sozialwissenschafter:innen erhalten so die Möglichkeit, ihre bereits im Bachelor erworbenen Kenntnisse durch Fertigkeiten im Bereich des Projektmanagements auf internationaler Ebene zu erweitern.

Der durch die deutsch-französische Hochschule geförderte Studiengang spricht also ganz bewusst junge Menschen an, die drei- bis viersprachig studieren möchten, von der Interkulturalität des Programms profitieren und sich bestmöglich auf die Arbeitswelt von morgen vorbereiten möchten.

Im Unterschied zu einem Erasmus-Auslandssemester, können die Studierenden des REP-Masters auf einen gut organisierten Studienplan bauen: Projektmanagement steht im Fokus des ersten Semesters an der französischen Universität Bretagne-Sud in Lorient. An der Westsächsischen Hochschule im sächsischen Zwickau steht die Interkulturalität im Zentrum. Das Partnerland Tschechien steuert mit dem dritten Semester an der südböhmischen Universität in Budweis einen politischen Blick auf Europa bei.

Europa hat sich noch nie so greifbar angefühlt: aktives Sprachenlernen und die gezielte Vorbereitung auf den europäischen Arbeitsmarkt finden hier unter ausgezeichneter Betreuung und Koordination statt. Dozierende mit universitärem und realpraktischem Hintergrund geben ihr Wissen aus Theorie und Praxis weiter. Das Arbeiten innerhalb einer kleinen Kohorte, die drei Kulturen und vier Sprachen vereint, nehme ich als enorme Bereicherung wahr, die nicht nur meine berufliche Zukunft, sondern auch meine persönliche Entwicklung positiv beeinflussen wird.

Im 21. Jahrhundert sollte der Lernprozess mit all seinen Chancen und Herausforderungen noch stärker durch Studiengänge und Programmen wie den trinationalen Master in regionaler und europäischer Projektentwicklung gefördert werden.

 

Contact : Paula Bachmann, paulabachmann@web.de

Studentin des Masters RPE in Lorient, Zwickau und Budweis

Informations about the training programm :

https://www.dfh-ufa.org/programme/studienfuehrer/regionales-und-europaeisches-projektmanagement

https://www.fh-zwickau.de/studium/studieninteressenten/studienangebot/regionale-und-europaeische-projektentwicklung-trinationaler-master/

https://www.univ-ubs.fr/fr/formation-initiale-continue/formations/master-XB/arts-lettres-langues-ALL/master-gestion-de-projets-regionaux-et-europeens-gpre-5LEU00_217.html

 

 

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La collaboration gagnante : étudiants et entreprises ensemble pour réinventer l'apprentissage

Aujourd'hui, l'apprentissage ne se limite plus à l'acquisition de connaissances théoriques dans une salle de classe. Il s'est transformé en une expérience interactive, immersive et hautement personnalisée qui englobe l'exploration active, la collaboration et l'intégration des compétences dans des contextes réels.

Dans un monde en constante évolution, où les compétences et l'expérience sont essentielles, la collaboration entre étudiants et entreprises émerge comme une solution gagnante pour les deux parties, tout en dépassant le modèle traditionnel d’alternance. Les avantages sont indéniables, allant de la professionnalisation des étudiants à l'innovation pour les entreprises.

Camille Goninet, étudiant dans le Master GPRE (Gestion de Projets Régionaux et Européens) de l'Université Bretagne Sud, témoigne.

Témoignage :

Je m’appelle Camille Goninet, j’ai 21 ans et je suis actuellement en Master en Gestion de Projet Européens et Régionaux dans la ville de Lorient. Au cours de mes études, j'ai eu la chance de collaborer étroitement avec des professionnels de ce domaine, une expérience qui m'a grandement intéressée. Je me suis alors interrogée sur les raisons pour lesquelles ce type d'approche pédagogique n'était pas plus répandu dans les universités. Ainsi, c'est dans le but de promouvoir cet apprentissage novateur que je souhaite prendre part à cette discussion européenne sur "Comment mieux apprendre aujourd’hui ?".

Les entreprises recherchent des talents possédant des compétences spécifiques, mais les étudiants sont souvent confrontés à un paradoxe : ils ont besoin d'expérience pour être embauchés, mais comment l'acquérir sans emploi ? La réponse réside dans l'adoption de collaborations étudiants-entreprises.

En participant à des projets concrets pour des entreprises, les étudiants acquièrent une expérience précieuse qui complète leur formation théorique. La gestion de projets réels, la résolution de problèmes concrets et la collaboration au sein d'équipes multidisciplinaires développent des compétences essentielles. Ils deviennent ainsi plus attrayants pour les employeurs, réduisant la fracture entre l'enseignement et le monde du travail.

De plus, cette collaboration offre aux étudiants une occasion précieuse d'élargir leur réseau professionnel en interagissant directement avec des experts de l'industrie. Cela renforce leur employabilité future en établissant des liens précieux dans le monde professionnel.

Les entreprises bénéficient également de cette collaboration. Elles accèdent à un vivier de jeunes talents aux compétences fraîches et aux perspectives innovantes. Les projets étudiants injectent une dose d'énergie et d'originalité dans leurs initiatives, favorisant l'innovation et la créativité.  Les étudiants apportent alors un regard neuf sur les problèmes de l'entreprise. Leur perspective non conventionnelle peut générer des idées novatrices et des solutions créatives pour les défis auxquels les entreprises sont confrontées.

En outre, il convient de noter que la participation des étudiants à ces projets collaboratifs est entièrement gratuite pour les professionnels, ce qui représente une opportunité économique significative pour les entreprises partenaires. Cette approche encourage davantage d'entreprises à s'engager dans ces collaborations mutuellement bénéfiques, favorisant ainsi l'accès à des talents prometteurs sans frais supplémentaires.

Pour exploiter pleinement ces avantages, les établissements d'enseignement et les entreprises doivent travailler main dans la main. L'intégration de cours pratiques où les entreprises interviennent est cruciale. Les professeurs peuvent alors collaborer avec des entreprises afin de concevoir des projets concrets, qui seront, par la suite, confiés aux étudiants.

Derrière chaque projet réussi se trouvent des étudiants qui se sont épanouis grâce à cette collaboration étudiants-entreprises. Nous avons recueilli des témoignages de participants qui ont vécu cette expérience.

Jeanne, étudiante en Master Gestion de Projet Régionaux et Européens : "Travailler sur un projet avec une entreprise a été une expérience transformative pour moi. Cela m'a permis d'appliquer les concepts théoriques appris en classe à des situations pratiques. La collaboration avec l'entreprise m'a responsabilisée et m'a fait prendre conscience de l'impact de mon travail sur un projet concret."

Haroun, étudiant en Master Responsable du Développement International : "Ce type d'enseignement a vraiment changé ma vision de l'éducation. Je me sens désormais prêt à affronter le monde professionnel. Travailler aux côtés d'une entreprise m'a donné une perspective concrète sur la manière dont les compétences que j'acquiers ici sont directement applicables dans un contexte professionnel réel. J’ai trouvé ça très intéressant de pouvoir travailler en collaboration avec une vraie entreprise durant mes heures de cours."

Ces témoignages illustrent comment la collaboration étudiants-entreprises ne se contente pas de développer des compétences professionnelles, mais transforme également la mentalité des étudiants, les préparant de manière plus complète pour leur future carrière. En investissant dans l'apprentissage professionnel, les écoles et les entreprises créent une synergie puissante qui prépare les étudiants à réussir dans un monde en constante évolution. La professionnalisation étudiante devient non seulement possible, mais également incontournable pour une éducation supérieure de qualité. Alors, pourquoi ne pas sauter dans cette aventure et investir dans l'avenir dès aujourd'hui ?

Contact : Camille Goninet, <camille.gnt@icloud.com>

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Apprendre aujourd’hui avec les intelligences artificielles : alliées ou ennemies du savoir ?

Dans la lignée des questionnements portés par @André Chauvet , l'intelligence artificielle questionne beaucoup l'apprendre aujourd'hui. Les témoignages de jeunes étudiants sont pour cela précieux, pour prendre en compte, accompagner les usages en matière d'apprentissage.

Jeanne Royer, étudiante dans le Master trinational Gestion de Projets Régionaux et Européens de l'Université Bretagne Sud réagit à ces questions.

Son contact : jeanneroyer035@gmail.com

Témoignage :

Je m’appelle Jeanne Royer, j’ai 23 ans et je suis en première année de Master gestion de projets régionaux et européens (GPRE) à l’Université de Bretagne Sud (UBS), à Lorient. J’ai remarqué que l’utilisation de l’intelligence artificielle par les étudiants était de plus en plus répandue et je me suis intéressée à leur place au sein de l’apprentissage aujourd’hui.

A l’ère du numérique, l’apprentissage a dépassé les limites des salles de classe traditionnelles. Les périodes de confinement et d’enseignenent à distance nous ont montré la nécessité de nous adapter rapidement et nous n’avons pas eu d’autre choix que d’utiliser les outils numériques. « Apprendre » est défini dans le Larousse comme suit : « acquérir par l’étude, par la pratique, par l’expérience une connaissance, un savoir-faire, quelque chose d’utile ».  Nous évoluons dans un monde en perpétuelle mutation, et les évolutions de l’apprentissage ne font pas exception.  L’éducation et l’apprentissage ont subi une transformation profonde, notamment avec l’avènement de l’intelligence artificielle et son accessibilité au plus grand nombre.

Au-delà du cadre scolaire, l’apprentissage se fait tout au long de la vie. Apprendre ne se limite pas aux apprentissages théoriques : cela englobe également des compétences sociales et interculturelles. Apprendre aujourd’hui n’est plus seulement un processus individuel, mais un enjeu collectif et une nécessité pour trouver sa place dans le développement d’un monde instable et en perpétuelle évolution.

La notion d’intelligence artificielle est relativement récente et difficile à définir. Elle regroupe un ensemble de théories et de techniques visant à réaliser des programmes capables de simuler l'intelligence humaine. L’IA est une arme à double tranchant. Pourquoi faire l’effort d’apprendre lorsque tout s’offre à nous en un clic ? Internet et ses moteurs de recherche apportaient déjà un accès infini à la connaissance, à condition de savoir utiliser ces outils pour en tirer les bonnes informations. La connaissance excède d’ailleurs le temps disponible pour y accéder, et il faut aujourd’hui renoncer à tout savoir. Cependant, la facilité d’utilisation des IA qui réfléchissent et travaillent pour nous, nous donnant l’impression d’accéder au savoir, peut nous rendre paresseux et moins courageux face à l’apprentissage. Pourquoi se donner cette peine alors qu’elles peuvent réfléchir à notre place, à moindre effort ? Le corps enseignant peut se sentir dépassé face à des élèves qui ne travaillent plus qu’avec ces nouveaux outils et ne développent plus leur réflexion personnelle. L’IA, entre de bonnes mains, est un excellent soutien à l’apprentissage. Mais chez des personnes inexpérimentées, elle se transforme vite en un substitut à la connaissance.

L’intelligence artificielle peut se présenter comme une alliée à l’éducation. Il existe des applications pour l’apprentissage des langues, comme Duolingo, qui se basent sur une IA capable de s’adapter au profil de chaque utilisateur et donc de personnaliser son enseignement. L’IA utilisée ici est plus facile à gérer qu’avec Chatgpt par exemple, à qui on peut demander d’écrire entièrement une dissertation… en moins de 2 minutes.

On ressent aujourd’hui le besoin, probablement encore plus qu’avant, de développer un esprit critique. Les apprenants doivent développer leur créativité et leur réflexion personnelle malgré la tentation de l’utilisation des IA qui se trouvent à portée de main, ce qui demande une certaine rigueur et du courage face à l’effort d’apprendre. Maîtriser ces nouveaux outils se présente finalement comme un travail supplémentaire d’apprentissage auquel nous n’étions pas confrontés avant l’arrivée du numérique. Mais dans quel contexte allons-nous apprendre à utiliser ces outils, et comment former les enseignants, premiers spectateurs des dérives de l’utilisation des IA, à apprendre à leurs élèves à les utiliser correctement ?

La clé est de savoir utiliser l’intelligence artificielle comme une alliée tout en restant vigilant. Savoir utiliser ces outils constitue un réel apprentissage qui demande une bonne approche. D’un côté, si le potentiel de l’IA est utilisé à bon escient, l’éducation peut être améliorée. De l’autre, l’IA peut rapidement se présenter comme une solution de facilité et représenter un réel frein à l’apprentissage… Les prochaines années nous montreront de quelle façon les IA auront été intégrées dans l’enseignement, et dans quelle mesure elles peuvent se présenter comme un soutien, ou un frein, à ce dernier.

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La transition écologique nécessite d’apprendre autrement

… et développe les nouvelles formes d’apprentissage en retour

 

Dans la lignée du débat lancé par André Chauvet sur la nécessité de penser l’apprentissage autrement à l’heure de la permacrise, précisions les liens avec les enjeux écologiques. Apprendre autrement implique nécessairement de tenir compte des bouleversements en cours et à venir s’agissant des enjeux environnementaux ainsi qu’à leurs conséquences sociales et sociétales. A l’inverse, l’avènement d’une réelle transformation de notre société, de nos modèles de pensée et de nos modes de vies n’est possible que si la manière d’apprendre et de se former s’adapte à de nouveaux besoins. Ceux-ci sont d’au moins 3 types : le besoin d’intégrer de nouveaux savoirs, savoir-faire et questionnements, le besoin de positionner les apprenants et les organisations au centre des processus d’apprentissage et celui de développer des savoir-être permettant des réalisations concrètes qui intègrent réellement la diversité des acteurs et de leurs modes de fonctionnement.

 

Intégrer de nouveaux savoirs, savoir-faire et questionnements

Du fait de l’enchevêtrement des enjeux environnementaux, entre eux et avec les enjeux économiques et politiques, les modes de production et de consommation, les enjeux de justice sociale, la géopolitique, le rapport à la nature, et bien d’autres problématiques et défis, il est impossible de concevoir des réponses sans considérer ce besoin d’embrasser la vision globale, à quelque niveau que ce soit, industriel, individuel ou politique, entre autres. L’articulation d’enjeux locaux et globaux reste donc toujours fondamentale pour s’assurer de la pertinence et de l’efficacité écologique et sociétale de nos actions. Comme la conception et le déploiement de ces dernières doivent toujours s’ancrer dans les problématiques des parties prenantes concernées (un secteur donné, un groupe d’individus identifiés, un territoire, un tissu associatif bien particulier), la nécessité d’adopter la vision systémique consiste en une capacité à proposer des actions pertinentes, faisables et acceptées localement et répondant aux affres du monde, c’est-à-dire proposant une compatibilité avec les problématiques écologiques, économiques et sociétales de différents échelons de la société. La compréhension des enjeux physiques est incontournable (comme comprendre comment une eau est polluée et comment elle peut se purifier ou intoxiquer d’autres milieux) et l’appréhension du fonctionnement de nos systèmes sociaux l’est également (comme comprendre ce qui meut les individus dans les processus de changement). Un « désilotage » de nos apprentissages est donc nécessaire et peut ainsi s’appuyer sur les sciences naturelles, sur les sciences humaines et sociales et sur des dispositifs permettant de les travailler ensemble en situation concrète.  Face à des situations complexes, aux multiples réponses possibles, à l’absence de données fiables ou à une multitude d’études contradictoires, à des idéologies ou lobbys à l’œuvre, l’apprentissage doit nous permettre de développer davantage la pensée critique et une posture plus réflexive. Enfin la crise écologique ne peut être abordée comme un simple sujet important mais que l’on pourrait isoler ou pour lequel nous pourrions attribuer un niveau de priorité par rapport à certains autres enjeux. La croute terrestre, notre environnement, est le media dans lequel nous baignons et dont nous dépendons toutes et tous avec nos compagnons animaux et végétaux ! L’économie de questionnements philosophiques et morales est un mauvais calcul. D’autres appuis nous sont précieux et sont souvent peu considérés : s’abreuver ou questionner les savoirs ancestraux, la spiritualité ou la citoyenneté, à titre d’exemples, est nécessaire.

 

Positionner les apprenants et les organisations au centre des processus d’apprentissage

Qui est le plus responsable des émissions de gaz à effet de serre : les industriels, les États-Unis, la Chine, les consommateurs, le numérique ? On se posait peu certaines questions liées à la crise écologique il y a 20 ou 30 ans. Et les réponses dépendent de nombreux facteurs. Des consensus apparaissent au bout d’un certain temps mais peuvent ensuite évoluer en fonction des évolutions technologiques, sociétales ou scientifiques. Certaines questions sont remplies d’incertitudes mais elles sont surtout de plus en plus nombreuses. Les savoirs sont instables, en perpétuel mouvement. Comment apprendre ou faire apprendre dans ce contexte ? L’une des réponses est de positionner l’apprenant en acteur de son propre apprentissage, comme dans les classes inversées ou les projets. Les éducateurs et formateurs ont un grand rôle à jouer mais ce dernier peut différer de leurs pratiques initiales. Les apports de l’éducation populaire sont à cet effet précieux. Ces méthodes d’apprentissage ont également pour vertu d’opérer un passage à l’action rapide, d’expérimenter plus concrètement les savoirs en question, de toujours s’appuyer sur les savoirs les plus récents ou pertinents et de commencer à sortir de l’écoanxiété par cette action. Un des objectifs majeurs est de pouvoir permettre aux apprenants de développer leur pensée en toute autonomie, condition sine qua none à la pensée critique et l’alignement avec ses valeurs.

Les organisations peuvent aussi devenir « apprenantes » pour répondre à ces défis. Ainsi les salariés d’une entreprise peuvent disposer de davantage d’autonomie dans leur travail et décisions et apprendre en continu pour rester à la page et avoir à entreprendre parfois différemment des processus habituels. Ces organisations ont souvent un grand intérêt, lorsqu’elles osent le faire, à ouvrir leurs collaborations à l’extérieur et ainsi s’emparer de problématiques les dépassant de manière plus collective. Des entreprises ou des établissements de l’enseignement supérieur n’hésitent plus à élaborer à plusieurs la réponse à certaines de leurs problématiques communes, notamment dans le domaine de la formation des enseignants ou des salariés pour faire face à ces enjeux qui bousculent la nature ou les habitudes de travail existant depuis des dizaines d’années. Des experts, des représentants de secteurs ou de territoires, des enseignants ou éducateurs ont tout intérêt à créer à leur niveau des communautés de pratiques pour partager les retours d’expérience et les savoirs dans l’inclusion des enjeux de transitions dans leurs professions. « Comment as-tu surmonté les écueils du débat politique sur les réponses à donner à la crise écologique dans tes enseignements ? » « Comment une discussion sur la justice sociale t’a-t-elle permis de faire passer à l’action les jeunes ? » « Quels outils et analyses as-tu du produire pour arriver à intégrer la biodiversité dans les métiers de ton entreprise ? » sont les types d’interrogations auxquels il est plus facile de répondre collectivement que seul.

 

Développer des savoir-être permettant des réalisations concrètes qui intègrent réellement la diversité des acteurs et de leurs modes de fonctionnement

Les crises écologiques et sociétales font peur et relèvent de leviers complexes. Un grand nombre d’acteurs se sont engagés pour y répondre. Or, si l’état des lieux des pratiques, des causes et des phénomènes en question est souvent conduit, et dans le cas où des réponses sont proposées, il est plus rare que ces dernières tiennent réellement compte de phénomènes psycho-sociaux limitant le passage à l’action ou les changements de comportements. Les réponses sont souvent présentées comme des injonctions : « il faut faire cela ». Or comme Roseline Le Squère l’a commenté, si « les individus doivent continuer à apprendre pour s'adapter aux évolutions de la société, (…) les enjeux collectifs ne doivent pas négliger les besoins et aspirations individuelles ». Point de réponse unique valable pour tous. L’avènement de transitions répondant aux enjeux écologiques et sociétaux dépend de cette compréhension des besoins et des fonctionnements des autres et de soi, des émotions et des valeurs. Sans quoi chaque proposition restera une énième feuille dans le tiroir des injonctions au changement.

Enquêter sur l’existence d’autres points de vue que le sien ou celui d’un discours dominant est donc important. Apprendre à écouter la différence et la divergence d’opinion, se mettre à la place de, adopter une posture d’ouverture réelle face à des idées hors de sa ligne habituelle de pensée : autant de savoir-faire et savoir-être permettant l’émergence de propositions décalées, parfois plus pertinentes ou sources d’inspiration, et renforçant le caractère démocratique des débats nécessaires sur les directions à suivre. Ainsi la capacité de composition et de collaboration avec une vraie diversité de connaissances, de compétences et de points de vue est-elle nécessaire. Ecouter et discuter avec des experts, des chefs d’entreprises, des citoyens, des élus, des climatosceptiques, des « techno-rassuristes », des ONG, des entreprises faussement ou réellement engagées est une étape nécessaire dans le long cheminement consistant à embarquer un maximum de personnes dans les changements à opérer. Il y aura toujours quelqu’un qui sera « contre » dans un groupe de travail. A-t-il raison de l’être ? Doit-on suivre sa direction ? Peut-il changer d’avis par la discussion et l’échange d’arguments ? L’utilisation des ordres de grandeur est une compétence permettant souvent d’arriver à démêler le vrai du faux ou à établir les vraies priorités dans ce genre de cadre. Apprendre à dissocier idéologie et science, à discerner les intentions de nos interlocuteurs ou à faire preuve de pédagogie sont également des savoir-faire indispensables pour renforcer la possibilité de faire advenir les changements les plus souhaitables.

 

In fine, si la transition écologique et sociétale implique de pouvoir apprendre différemment, apprendre dans le contexte de cette transition revient également à alimenter et à développer toutes ces nouvelles formes d’apprentissage.

 

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L’apprenant contributeur ?

En consultant les documents officiels faisant références dans le domaine de l’enseignement et de la formation professionnelle, on constate qu’ils sont emprunts d’objectifs qui se veulent répondre aux enjeux sociétaux du moment et de demain. 

Il en est ainsi des orientations des États et des Ministères concernés mais également des recommandations de l’institution européenne.

Ainsi, comme tente de le mesurer le CEDEFOP (note d’information du 20 mars 2023), les pays membres sont amenés à mettre en œuvre des politiques de formation en lien avec les priorités de l’Union Européenne à l’horizon 2030. A savoir :

  • Mieux s’adapter aux besoins du marché du travail
  • Proposer une offre de formation numérisée et écologique
  • Assurer l’égalité des chances des apprenants.

Charge aux institutions et aux ingénieurs de formation des pays membres de mettre en œuvre des dispositifs de formation qui répondent aux objectifs visés et permettent les apprentissages nécessaires.

Mais derrière ces priorités louables (bien que peut-être restrictives ?), rares sont les moments où il est donné aux personnes concernées par ces dispositifs de formation, c’est à dire les apprenants eux-mêmes, d’exprimer leurs besoins et ressentis (au-delà des enquêtes liées aux normes « qualité ») et au final de contribuer aux ingénieries. 

Comment se vivent les parcours de formation sensés répondre aux priorités institutionnelles ? Sont-ils opérants ? Quels sont les besoins, les attentes des apprenants ? Qu’est-ce qui pourraient permettre de faciliter les apprentissages ? Comment valoriser les apprentissages informels et non-formels ? … sont des exemples de questionnement qui mériteraient d’être investis.

Pour reprendre les théories médiatiques (BRUNS.A, 2009) ou initialement celles de la santé publique (DONABEDIAN.A, 1992), ce temps d’écoute pourrait se positionner comme une première étape vers une logique « d’usager-contributeur » (« produser »).

Ainsi, pour l’ensemble des parcours de formation, comment imaginer un consommateur engagé (l’apprenant) qui participe au contenu qu’il consomme (le programme de formation) ? 

Une première étape vers « l’apprenant contributeur » ? :

C’est pour tenter de répondre à cette problématique et tendre vers un «éco système contributeur» que dans le cadre du programme européen "ApprEUannce", il a été proposé à chaque partenaire du programme de recueillir la parole des apprenants.

Le questionnement a voulu différencier les apprentissages qui se situent dans les 3 « lieux de vie des apprenants » (puisqu'il s'agissait d'alternants) ; social, professionnel, et scolaire.

En résumé, 4 même questions posées dans les 3 espaces différents

  1. Donnez un exemple concret de situation ou je pense avoir appris ?
  2. Comment j’apprends ?
  3. Qu’est-ce que j’apprends ? 
  4. Quelles sont les conditions favorables pour apprendre ?

Quelques enseignements : 

L’ébranlement de la forme scolaire :

« On n’apprend pas le piano en écoutant un virtuose » ALAIN, 1932.

Au sein de l’école, la crise liée à la pandémie a mis en évidence des problèmes qui lui été bien antérieurs. Rien de bien nouveau donc mais qu’ils s’agissent d’apprentissage, de relationnel, d’activités, …, les apprenants semblent privilégier des formes scolaires qui s’éloignent du modèle académique traditionnel. La demande auprès de l’équipe éducative est donc beaucoup plus multiforme et quand la démarche de transmission du savoir est mise en avant par les élèves, c’est toujours dans le cas d’un relationnel positif instauré par le formateur.

La place des pairs :

 « Il me manque toi, mon alter ego » AUBERT. JL, 2001

Qu’ils soient adolescents ou jeunes adultes, l’importance de « l’alter » (l’autre) est centrale. 

Équipe éducative (et pas seulement les formateurs) dans le centre de formation, maîtres de stage et d’apprentissage, collègues au sein de l’entreprise, amis et famille dans le milieu social ; les adultes (notamment) favorisent les conditions de confiance en soi, de bien-être et d’apprentissage (« Les Bonnes fées » ALTER.N, 2023). 

Cela est d’autant plus important que comme nous l’avons signalé, les apprenants naviguent dans un univers complexe (au sens de MORIN.E, 1991) entre milieu et centre de formation.

Dans ce contexte, la famille est une « valeur refuge » et occupe une place privilégiée dans l’accompagnement des apprenants.  

Apprendre par l’action :

« L’expérience, ce n’est pas ce qui nous arrive, c’est ce que nous faisons avec ce qui nous arrive » HUXLEY.A, 1932

Dans la vie de tous les jours, dans l’entreprise bien sûr et même au sein de l’organisme de formation à travers des projets pédagogiques, la mise en action est plébiscitée par les apprenants.

Ainsi à leur écoute on décrypte les conditions favorables permettant de transformer une expérience en apprentissage :

·       

Vivre l’expérience dans un contexte favorable,

·       

Être actif et impliqué,

·       

Pratiquer de façon répétée,

·       

Appliquer les leçons apprises dans d’autres situations,

·       

Recevoir des appréciations constructives,

·       

Réfléchir sur les expériences vécues.

Des questionnements :

Ces quelques enseignements nous permettent d'entrevoir quelques pistes qui mériteraient d’être explorées afin de réfléchir à ce que peuvent être des dispositifs de formation qui privilégient et instaurent des environnements "capacitants".

Propositions pour une organisation pédagogique apprenante :

Ainsi, l’écoute des apprenants et les désormais nombreux travaux autour du concept d’apprenance (par exempleCRISTOL.D, depuis 2019), nous donnent des indications sur les conditions favorables à un contexte apprenant et nous permettent de les regrouper autour de 3 dimensions :

·       

Affective (affects, sentiments, émotions, …, ressenties au contact du savoir, du formateur, du tuteur, de l’expérience, …)

·       

Conative (dispositions à s’engager dans l’action ; « affordance ») 

·       

Cognitive (capacité à gérer son apprentissage ; savoir, pouvoir, vouloir apprendre)

Dans ce contexte, le concept d’apprenance n’invite-t-il pas les ingénieurs de formation, les pédagogues à porter un regard neuf sur l’acte d’apprentissage ?

Car les apprenants incitent à se focaliser davantage sur eux-mêmes et sur leurs capacités et motivations à apprendre plutôt que sur notre propre action de pédagogue. 

La relation pédagogique est ainsi renversée : ils ne demandent pas en priorité de transmettre le savoir mais d’être accompagné à chercher le savoir dans leur environnement (scolaire, socioprofessionnel).
Ainsi, comment le pédagogue porte-t-il en priorité un regard sur l’apprenant et son contexte d’apprentissage ? 

D’autant qu’avec l’alternance, ce contexte d’apprentissage n’est pas limité à la seule formation formelle et intentionnelle. L’apprenant apprend tout le temps, à tout moment, dans tout lieu. 

L’apprenance, ce n’est donc pas seulement l’attitude face à la formation, mais plus globalement face à l’apprentissage. 

Ainsi les apprenants invitent à penser le rôle de formateur en donnant toute sa place au sujet apprenant et en favorisant les conditions d’émergence d’environnements « capacitants » (« capabilités » - SEN.A, 2008). 

En résumé » : Le centre de formation et singulièrement les formateurs doivent être médiateur entre les ressources et l’apprenant, stimuler la motivation d’apprendre sans oublier d’accompagner les projets de vie des apprenants et animer la communauté des partenaires (familles, maîtres de stage, d’apprentissage, …). 

Une mission impossible ?

Quoiqu'il en soit, il nous semble que sans une réflexion sur le métier (et donc la formation) du formateur, rien ne sera possible.

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Merci André Chauvet pour cette réflexion essentielle. Plus que jamais, il faut réfléchir à APPRENDRE, à l'apprentissage, la formation. Il le faut d'autant plus que les questions posées par André sont fondamentales: le lien entre l'individuel et le collectif, le rapport aux ressources, le rapport à l'injonction ou au désir.

Plus que jamais encore, parce que les outils de l'apprentissage et de la formation ont évolué. On peut supposer qu'un enseignant de 1920 ou un "animateur / éducateur" des mêmes années, s'il revenait travailler avec nous, serait surpris et sans doute en difficulté pour prendre en charge une séance de travail avec des apprenants, devant les outils immédiats, devant l'organisation de l'espace, devant la place et la parole de l'apprenant. 

Cependant, quelque chose devrait être plus que jamais pris en compte, c'est le lien essentiel, fondamental entre éducation formelle et éducation non formelle. Ce que nous appelons en France éducation populaire quelqu'en soit ses origines (laïques en lien avec l'école, religieuses ou syndicales) existe depuis plus de 150 ans et n'a eu de cesse de créer des outils, des situations éducatives où l'apprenant quelque soit son âge, son origine, ses connaissances antérieures est le centre du processus de l'apprendre. Il ne l'est pas comme un objet mais comme un sujet.

APPRENDRE aujourd'hui c'est quelque soit le lieu de l'apprentissage, la nécessité absolue de préciser les analyses des besoins, les objectifs, les contextes, pour créer un cadre apprenant en réponse.

L'éducation formelle doit se nourrir de l'éducation non formelle, et vice -versa. Nommer ces deux pôles est de mon point de vue, déjà une erreur éducative. Comme le disait d'anciens penseurs de l'éducation : "Il n'y a qu'une éducation, elle est de tous les instants et elle est pour tous (toutes)".

Je rentre de Martinique où durant une semaine pour les ERASMUS DAYS, j'ai rencontré des proviseurs, des étudiants, des jeunes, mais aussi des animateurs, des éducateurs, des personnels de pôle emploi, d'insertion, de probation, des représentants de collectivités territoriales. Et toutes ces personnes quand il s'agit d'agir pour des mobilités doivent partager les mêmes outils, les mêmes actions éducatives.

Depuis de nombreuses années, au Conseil de l'Europe, l'éducation non formelle et formelle sont mises en avant pour par exemple agir sur le cadre de l'éducation à la démocratie. 

Partageons des expériences multiples.

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@André Chauvet@susana MAJOR@Thierry Ardouin@Divina FRAU-MEIGS@Roseline Le Squère@David LOPEZ@Damien Amichaud

Merci pour le lancement de cette discussion concernant un sujet majeur.

L'apprentissage est un processus fondamental de développement humain, qui transcende les frontières des enjeux individuels, collectifs et de société.

Il est essentiel de comprendre comment les interactions de ces trois dimensions dans la construction d’une une société.

Les enjeux individuels, collectifs et de société s'entrecroisent et s'influencent mutuellement dans le contexte de l'apprentissage.

Les enjeux individuels représentent les aspirations, les besoins et les objectifs personnels de chaque apprenant. L'apprentissage commence souvent par une motivation individuelle, qu’elle soit poussée ou non, que ce soit pour acquérir des compétences professionnelles, poursuivre des passions ou simplement satisfaire une curiosité personnelle. Les individus cherchent à développer leurs talents, à atteindre leurs objectifs et à se réaliser. L'apprentissage individuel est le point de départ, mais il est rarement isolé des autres dimensions.

Les enjeux collectifs se situent à l'intersection des enjeux individuels et de société. Ils concernent les objectifs et les aspirations d'un groupe, qu'il s'agisse d'une équipe de travail, d'une communauté locale, ou d'une société dans son ensemble. Les organisations, les entreprises et les institutions éducatives jouent un rôle clé dans la promotion de l'apprentissage collectif, en encourageant la collaboration, la créativité et la résolution de problèmes. L'apprentissage collectif peut contribuer à la croissance économique, à l'innovation sociale et à la cohésion communautaire.

Je considère qu’un des exemples marquants se trouve dans la démarche professionnelle projet. Par exemple, dans le contexte des réponses à appels d’offre des programmes européens, tel qu’Erasmus+, Horizon 2030, Interreg. Répondre à de tels appels d’offre signifie préparer, en collectif, un projet répondant à la fois à des enjeux individuels (de personnes et de structures professionnels), collectifs (de structures et de territoires) et de société. Faire ensemble, partager des objectifs, les confronter, les faire évoluer, pour répondre à des enjeux forts de société.

Les enjeux de société sont sans doute les plus vastes et les plus complexes. Ils englobent les questions politiques, culturelles, environnementales et économiques qui façonnent le contexte dans lequel nous vivons et apprenons. L'apprentissage doit s'adapter aux évolutions de la société, en préparant les individus à relever les défis de l'ère moderne. Cela inclut, entre autres, l'acquisition de compétences numériques, la compréhension des enjeux environnementaux, la promotion de l'égalité des chances et la consolidation de valeurs démocratiques.

Aussi, il semble essentiel de reconnaître que l'apprentissage individuel et collectif alimente le progrès de la société. Les individus qui acquièrent des compétences et des connaissances peuvent contribuer de manière significative à la résolution de problèmes collectifs. L'apprentissage collectif favorise la collaboration et le partage de connaissances, créant ainsi des solutions collectives aux défis sociétaux. Les résultats des projets européens sont des exemples clés en la matière, soutenus par des méthodes d’évaluation visant la maximisation de l’apprentissage par le vécu du projet par ses parties prenantes.

En cela, les actions clé du programme Erasmus + (par exemple, Action clé 2 : Coopération entre organisations et institutions ; Action clé 3 : Soutien à l'élaboration des politiques et à la coopération), financent des projets développant des outils, des pratiques qui permettent de montrer comment l'éducation formelle et informelle intègrent les enjeux de société dans ses programmes. Les écoles, les universités et les programmes de formation préparent les apprenants à comprendre et à agir sur les enjeux majeurs de notre époque. Le programme renvoie d’ailleurs à la promotion de l’éducation civique, environnementale et sociale. ; et soutient de nombreux consortium sur ces sujets.

La démarche professionnelle projet renvoie à de nombreux exemples de ce que peut être apprendre aujourd’hui pour les professionnels, par exemple.

L'apprentissage tout au long de la vie est essentiel pour maintenir l'équilibre entre les trois dimensions : individuelle, collective et société. Les individus doivent continuer à apprendre pour s'adapter aux évolutions de la société, et les enjeux collectifs ne doivent pas négliger les besoins et aspirations individuelles qui peuvent évoluer et nécessiter des ajustements.

Apprendre relève d’un processus dynamique qui relie ces enjeux individuels, collectifs et de société. Il semble essentiel de favoriser un apprentissage qui encourage la réalisation personnelle tout en s'engageant dans des projets collectifs et en prenant en compte les enjeux sociétaux. Peut-être que l’articulation de ces dimensions, par le contexte de crise forte vécu à travers le monde aujourd’hui, représente aujourd’hui plus que jamais un défi clé pour l'éducation du 21e siècle.

 

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