Repérer les jeunes invisibles via les réseaux sociaux et les plateformes de jeux en ligne ? Plusieurs projets en cours.


Maraudes numériques : une démarche innovante ?
La question du non recours au droit est une question plus que jamais d’actualité. Non-recours au droit, décrochage, NEET, «publics dits invisibles », autant d’appellations différentes pour une question sociétale et démocratique centrale : comment expliquer qu’une partie significative de la population ne puisse recourir à des droits susceptibles d’améliorer sa situation. Les constats sont anciens et sans appel et le public jeune est en première ligne : « Les jeunes de 16-25 ans font face à un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne (21,8 % contre 9 % au 3ième trimestre 2020) ; il est près du double dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Dans son étude de février 2020, la DARES estime qu’en 2018, 963 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation (NEET), soit 12,9 % des jeunes de cette classe d’âge (1). » Comment expliquer cette situation et surtout quels leviers d’action publique mobiliser ? Depuis plusieurs années, les initiatives ont été nombreuses, notamment dans les dispositifs spécifiques initiés partout en France dans le cadre du programme d’investissement dans les compétences. Au-delà d’un travail de repérage ayant mobilisé de nombreux acteurs ces dernières années, une nouvelle approche est aujourd’hui développée, notamment de faciliter le repérage des jeunes invisibles via les réseaux sociaux et les plateformes de jeu en ligne. C’est le sens de l’appel à projets « maraudes numériques » lancé en juillet 2021 pour explorer ces nouvelles approches, prendre contact avec les jeunes et les remobiliser. Onze projets très différents ont été retenus à la suite d’une étape de sélection qui a impliqué des experts mais aussi un comité des bénéficiaires.
Le Haut-commissariat aux compétences a organisé le 24 novembre 2022 un évènement autour des maraudes numériques, une démarche innovante permettant d’aller à la rencontre des jeunes en situation de décrochage scolaire ou social afin de les remobiliser. Par ailleurs, un cahier de présentation des expériences a été publié. Utiliser le digital comme mode de captation, de prise de contact à travers les réseaux sociaux ; mettre en œuvre des actions de mobilisation en s’appuyant sur des activités et des médias dans lesquels les jeunes se reconnaissent ; assurer le passage de relais à des acteurs de proximité…on perçoit l’intérêt d’entrer en communication avec le public en utilisant son langage. On en perçoit aussi les risques et les limites : associer systématiquement jeu/médias numérique et désaffiliation. De nombreux jeunes jouent beaucoup tout en étant parfaitement intégrés. Il n’y a pas de lien de cause à effets. Mais les professionnels impliqués dans ces projets le savent bien : c’est d’abord trouver un autre moyen d’aller à la rencontre et de créer des liens avec les jeunes qui est essentiel. Sans jugement sur leurs usages et leurs passions.
[1] Appel à projets/Repérer et mobiliser les publics « invisibles » et en priorité́ les plus jeunes d’entre eux / Programme d’investissement dans les Compétences (PIC)