Onze apprentis vont partir un mois, le 29 janvier prochain, en Allemagne dans des opéras, des théâtres. : Berlin, Dresde, Leipzig. Ils vont se confronter au travail en équipe, apprendre de nouvelles techniques liées à leur métier de futur régisseur de spectacle vivant (son, lumière, plateau, vidéo). 

Quatre autres s'envoleront ensuite du 13 avril au 13 mai faire la même chose, dans un pays plus méconnu : l'Estonie.  

Mais le principe est le même : il s'agit de se dépasser, de dépasser sa zone de confort, d'aller vers l'autre, accepter que cet autre pose des questions, soit curieux des aspirations, des goûts que ces jeunes emportent avec eux. 

Est-ce un effet du COVID, ou une plus grande pudeur à se livrer ? En 2024, les jeunes entre 18 et 27 ans se munissent souvent d'une carapace, pour affronter le dur monde du travail. Surtout lorsqu'ils sont en apprentissage. 

Mais lors de cette expérience de la mobilité, il faudra  accepter de la déposer. Et combien, alors, ils seront heureux de pouvoir échanger, plaisanter, sortir ensemble, pour découvrir des villes où ils mettent parfois le pied pour la première fois !

Quand ils reviennent, ils sont en général bien transformés. 

Mon rôle est de les aider dans les démarches administratives (bourse Erasmus, conventions de stage, recherche de subventions), mais aussi de les motiver, les convaincre de partir. Les voyages forment la jeunesse, et pas que. 

Lorsque les mobilités concernent les adultes, c'est le même engouement, la même euphorie qui nous saisit, lorsque le voyage approche. La même adrénaline qui nous pousse à faire nos valises. 

Cela a toujours été l'apanage des curieux, de par les siècles : voir ce qu'il y a au-delà des horizons. Parfois on en revient déçu, conforté dans l'idée que décidément c'est mieux dans notre verte vallée, mais souvent on en revient avec des étoiles plein les yeux, repu de tout ce que l'on a vu, vécu, et prêt à repartir dès que l'occasion se présentera. 

C'est ainsi que les hommes sont. 

L'interculturalité, ce terme à la mode, qui veut tout et rien dire, au fond, je préférerai le remplacer par la curiosité des mœurs, des usages, de ce qui ne relève pas de ma culture. Elle peut enrichir un individu, le faire prendre conscience de sa grandeur, comme de sa bassesse. 

L'acquisition de compétences, de techniques, de savoir n'est qu'une étape, dans ce long processus. 

La connaissance de l'autre, avec ses distinctions, ses ressemblances, marque un individu. Souvent pour toute une vie.