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Pratiques numériques et égalité des genres

L'ADIJ 22, association de la région Bretagne, spécialiste de l'info jeunesse témoigne de pratiques sur le numérique et égalité des genres.

L’Association Départementale Information Jeunesse ADIJ) 22 (région Bretagne, département des Côtes d’Armor) est une association loi 1901, créée en 1981 par des acteurs de la jeunesse, élus et professionnels. Elle coordonne, anime et développe le réseau Information Jeunesse. Elle crée et vend également des outils pédagogiques.

L'ambition de l'ADIJ 22 - par son action de proximité, de développement et de coordination du réseau Info Jeunes - est de permettre à tous les jeunes costarmoricains (de 11 à 30 ans) et à leur famille d'avoir accès à une information complète, fiable et gratuite et à un accompagnement personnalisé favorisant leur autonomie et leur citoyenneté.

Son champ d'action s'étend, sur l'ensemble du département des Côtes-d'Armor, autour des 5 missions suivantes :

1 - La coordination du Réseau Info Jeunes (14 S.I.J. actuellement sur le territoire)

2 - La coordination du Réseau des Promeneurs du Net (40 professionnels)

3 - La coordination du dispositif de cohabitation intergénérationnelle "1 Toit 2 Générations Côtes-d'Armor" (entre 10 et 15 cohabitation par an)

4 - La création, la mise à jour, la vente et la mise en œuvre d'ateliers de prise en main de 4 outils ludopédagogiques : Câlins-Malins, Mille Possibles, Potes et Despotes et Quiz'Inn

5 - Des animations de sensibilisation/prévention sur différents thèmes : La vie affective et sexuelle, l'estime de soi, le harcèlement et les discriminations, l'alimentation, les réseaux sociaux et les médias, l'engagement et les projets et les conduites à risques.

 

Élise Becavin, la directrice de l'Adij 22, explique au réseau EPALE comment l’action de l’association répond aux problématiques de genre dans le domaine du numérique.

Vous accompagnez les jeunes, et notamment sur le numérique. Quel regard portez-vous sur la place des jeunes filles dans cet univers du numérique ?

Avoir une réflexion sur le jugement porté autour de l'exposition des filles sur les réseaux sociaux. Par exemple : les garçons qui peuvent dire "elles ne se respectent pas si elles s'exposent trop, en maillot de bain, etc". Pouvoir questionner ce qui est gênant dans cette exposition ? Qu'est-ce que ça fait raisonner intérieurement ? Qu'est-ce qu'on s'autorise à faire (harcèlement, cyberharcèlement, rumeurs, etc.) quand on considère qu'une fille "ne se respecte pas". Questionner plus largement la question du respect de soi et des autres, qui fait peser une injonction contraire sur les épaules des filles (être sexy mais pas trop). Focaliser sur l'exposition des filles risque de nous dédouaner collectivement de ce qui pose vraiment problème : la construction de préjugés, stéréotypes et attitudes discriminantes. 

> Pensez-vous qu'il faille mettre en œuvre des actions spécifiques à destination des jeunes filles, en lien avec le numérique par exemple ?

Au-delà de la présence éducative en ligne, c'est un travail sur le rapport aux normes et aux modèles qu'il pourrait être intéressant d'engager, tous sexes confondus. Autrement dit, tout le monde est concerné.

Mettre donc en place des actions qui fassent réfléchir collectivement aux biais sexistes, et dont tout le monde serait destinataire. Biais sexistes dans le monde du jeu vidéo, comptes fisha, etc.

> Vous travaillez avec un réseau élargi des professionnel.le.s de la jeunesse. Comment l'égalité de genre est prise en compte dans les réflexions communes ?

Par la prise en compte de la construction sociale genrée et donc des préjugés, stéréotypes et discriminations qui peuvent en découler.

Sociologiquement (à partir d'observation en classe ou en animation), on sait qu'un garçon sera davantage interrogé sur des choses mettant en mouvement son imagination et sa créativité, alors qu'une fille sera d'avantage interrogée pour synthétiser des propos, restituer une information déjà apprise. Avoir conscience de ces biais permet une réflexion sur la posture de professionnel.le, afin de ne pas reproduire ou renforcer ces mécanismes. C’est ce que travaille le réseau Promeneurs Du Net des Côtes d’Armor ( https://www.promeneursdunet.fr/dept22 ) qui parallèlement commence à identifier des situations discriminantes touchant particulièrement les professionnelles. On voit par là que la question de la discrimination et du sexisme touchent toutes les générations.

> Comment cela se met-il en place dans votre structure ?

En incluant tout le monde. Nous proposons des animations égalités entre les genres.

> Vous préparez un projet européen Erasmus + sur les violences numériques des jeunes. Selon vous, quels sont les principaux enjeux européens sur le sujet ? Comment la vigilance sur les droits des femmes peut s'exprimer dans ces sujets ?

La surveillance numérique à grande échelle peut être un problème pour les droits des femmes. Exemples des données liées aux applications de suivi des menstruations et de la contraception, qui peuvent être utilisées contre les femmes dans les pays développant des politiques anti-ivg. Les outils de traçage tel les airtags peuvent être détournés de leur usage premier pour contrôler les déplacements des femmes, maintenir une emprise.

Concernant l'objet de notre projet Erasmus + , l’idée est justement de s’imprégner des propositions d'accompagnements d'autres pays. La mise en commun de ces savoirs développera à n'en pas douter nos moyens d'actions.

> Un message pour la communauté EPALE qui dédie de nombreux contenus à l’égalité des genres  ?

Peut-être une réflexion à avoir sur les raids masculinistes qui forment du cyberharcèlement de masse, avoir conscience du "vocabulaire" employé : mèmes, deep-fake, dogpile (=harcèlement en meute)... La médiatisation du procès opposant Johnny Depp à Amber Heard en est un bon exemple : https://www.france.tv/france-5/la-fabrique-du-mensonge/la-fabrique-du-mensonge-saison-3/4557595-affaire-johnny-depp-amber-heard-la-justice-a-l-epreuve-des-reseaux-sociaux.html

Enfin, il est nécessaire de parler pour ajuster nos représentations et nos actes. Du chemin reste à parcourir, mais ce dernier est identifié et de plus en plus emprunté.

Il est également important d’avoir une attention concernant la place des autres genres minorés dans le numérique.

Références :

BRODIN Oliviane, MAGNIER Lise, « Le développement d'un index d'exposition de soi dans les médias sociaux : phase exploratoire d'identification des indicateurs constitutifs », Management & Avenir, 2012/8 (N° 58), p. 144-168. DOI : 10.3917/mav.058.0144. URL : https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2012-8-page-144.htm

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