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L'aventure engagée : à la rencontre de Benjamin de Molliens

A 37 ans, l'éco-aventurier Benjamin de Molliens montre que l'on peut continuer de voyager en toute sobriété !

Peux-tu commencer par te présenter ?

Benjamin : Bonjour, moi c'est Benjamin De Molliens, j'ai 37 ans, j'habite à Marseille, mais je suis breton. Depuis 5 ans, je porte le projet Expédition Zéro, des aventures sportives itinérantes que je réalise pour raconter une autre façon de voyager, de faire du sport, tout aussi kiffante mais moins polluante et pour lesquelles je respecte un nouveau code civil du voyage, où je limite mes déchets, mon empreinte carbone, mon matériel. 

 

A travers ces aventures, j'essaye de façonner un nouvel imaginaire du voyage, du sport pour faire rêver les gens de plaisirs différents et moins polluants. Tout ça m'a amené, pour en vivre, et pour diffuser le message, à devenir conférencier. Aujourd'hui, je partage mes aventures et ma vision sur l'écologie, sur la vie en sobriété, à travers des conférences en entreprise ou dans les collectivités. En parallèle avec Alice mon associé, on a créé l'agence Objective Zéro, qui est une agence de sensibilisation à la transition écologique axée plus particulièrement sur le volet sobriété et avec laquelle on organise des journées RSE, où on mélange ateliers, conférences et petits éco-défis pour les équipes.

 

Avant ça, j'ai grandi en Bretagne, j'ai fait des études d'ingénieur à l'ICAM, l'Institut catholique des arts et métiers à Lille, et un master en école de commerce à l'ESSEC, en France puis à Singapour. Après, j'ai travaillé 7 ans à l'étranger, en Asie, en Afrique et aux Etats-Unis, dans les médias et le digital. J'ai passé pas mal de temps un peu partout dans le monde à faire ça. Puis, je suis rentré en France en 2017, et là, j'ai co-fondé un projet qui s'appelle Plastic Odyssey, un tour du monde sur un navire pour lutter contre la pollution plastique dans les pays en voie de développement. J'ai été trois ans associé de ce projet, puis j'ai quitté l'aventure pour lancer Expedition Zéro.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de créer Expédition Zero ? 

Ça fait depuis que je suis tout petit que je suis un passionné de voyages et d'aventures. J'ai toujours été fasciné par la nature, la montagne, la mer... Pendant longtemps, j'avais juste envie de voyager partout dans le monde, d'avoir tous les visas, d'aller visiter tous les pays de la Terre. Pour moi, le monde était un village et il fallait que j'aille tout explorer. Quand je voyageais, ça me paraissait évident que partir en vacances, ça voulait dire prendre un billet d'avion et partir loin.

 

Et puis, j'ai commencé à avoir une prise de conscience écologique à partir de 2015-2016, d'abord sur la pollution plastique, puis sur le changement climatique dont on entendant de plus en plus parler. Et puis, lors du confinement en 2020, je me suis dit comme plein de gens, qu'il fallait réfléchir à voyager différemment. J'ai réalisé que je ne pouvais plus continuer à voyager à l'autre bout du monde tout en préservant l'environnement. Et donc, comme j'avais toujours envie de profiter et de voyager, je me suis dis que j'allais simplement essayer de voyager différemment en m’imposant des règles sur l'empreinte carbone et sur plein de petits aspects. J'ai démarré à la sortie du confinement avec un premier voyage local, en vélo, de chez moi à chez ma copine de l'époque et je me suis dis que c'était une bonne histoire à raconter. Petit à petit, j'ai vu que ça prenait, que ça plaisait aux gens. Donc, j'ai commencé à imaginer ce concept d'expédition zéro avec au début trois zéros : zéro déchet, zéro empreinte carbone, zéro matériel neuf. L'idée n'étant pas d'être un super zéro, mais d'essayer de m'améliorer d'expédition en expédition. 

Raconte nous ta dernière aventure : 

Ma dernière aventure, c'était un défi vélo ski alpi de Marseille au massif du Dévoluy, un massif qui se situe dans les Alpes du Sud. Je vais souvent faire du ski de rando depuis Marseille. En général, ça représente deux heures et demie, trois heures de route en voiture aller retour. Or, il y a une étude de l'ADEME qui montre que 52% de l'empreinte carbone des stations de ski est lié au transport des gens qui viennent. Le problème c'est qu'en station, il y a peu de transport en commun, c'est mal connecté et c'est quand même plus simple et facile d'y aller avec sa voiture. Mais la voiture en montagne, ça pollue énormément car la pollution reste bloquée et s'accumule en bas des cols. C'est notamment pour ça qu'il y a beaucoup plus d'effets du réchauffement climatique la haut. J'ai réalisé que je passais mon temps en montagne, mais que pour y aller, je n'avais pas d'autre choix que d'utiliser du carburant. Alors même si je faisais du covoiturage, j'essayais de prendre souvent le train etc mais tu as toujours besoin de prendre la voiture à un moment. C'est là que j'ai découvert le concept de vélo-ski, où tu attaches tes skis à ton vélo. Je me suis dit que certes, c'est un peu extrême, tout le monde ne peut pas faire ça, mais l'idée, c'est de raconter une aventure où je fais vraiment du bas carbone de A à Z, depuis chez moi jusqu'au ski, jusqu'au sommet. J'ai fait du vélo-ski, j'ai rajouté l'alpi, parce que je voulais que ce soit un peu plus sensationnel. 

 

Et on est partis avec un copain vidéaste, Antoine, un copain encadrant alpinisme au Club Alpin Français, l'équivalent d'un guide et on a fait 260 bornes de vélo, et 3700 de dénivelé positif de la Méditerranée jusqu'à la montagne, vraiment de la mer jusqu'au flocon... On a roulé deux jours et demi, on a dormi chez des gens via le réseau d'entraide entre Cyclo Tourist et Warm Shower, c'était super sympa à raconter aussi. On est arrivés dans le Dévoluy, on a pu faire du ski alpin, on a fait quelques courses, on a dormi chez des gens, dans une cabane, et tout ça va être dans un documentaire qu'on a hâte de le partager.

Une idée de ta prochaine aventure ? 

Dans quelques mois, on va partir faire de la voile sur un petit bateau de 6 mètres avec ma copine pour aller naviguer sur les cotes bretonnes et faire découvrir la France tout simplement depuis la mer. C’est une petite croisière aventure en prévision d’un plus grand voyage à la voile dans quelques années peut-être autour de la Méditerranée, l’objectif c’est déjà d’apprendre à naviguer ensemble.

 

A coté de cela, j’ai un autre projet c’est de réaliser un Ultra Trail, aujourd’hui je ne sais pas si j’en suis capable mais j’aimerais tenter l’Echappée Belle fin aout. L’idée serait d’y aller en train en racontant ma préparation de coureur lambda jusqu’à l’ultra et d’en faire un documentaire en parlant de l’écologie à travers ça. 

 

Mon objectif c’est de faire des aventures couplées à de la performance pour ensuite parler d’écologie car j’ai compris qu’un Killian Jornet qui fait un exploit incroyable gagne plus de visibilité en faisant ça qu’en parlant d’écologie mais une fois qu’il a cette visibilité il peut avoir parler à bien plus de monde. En fait, un sportif qui parle d’écologie aura plus d’impact qu’un écolo qui veut faire du sport donc c'est un super levier pour faire passer des messages.

Qu’à tu appris grâce à tes aventures ? 

Mes aventures elles m’ont appris que voyager local c’était hyper kiffant, que la France était un pays magnifique et qu’on a énormément de chance de vivre dans un pays avec autant de diversité. J'ai réalisé que si je devais être confiné toute ma vie à un endroit, je suis probablement dans le meilleur pays aujourd'hui.

 

Cela m’a aussi permis de changer mon imaginaire du voyage en passant du rêve de farniente à Tulum ou de moto sur la Route 66 à celui du kayak dans la Dordogne, de la traversée du Jura en ski pulka, de la Bretagne en voilier... En fait, de changer d'échelle, pour passer d’un imaginaire international à un imaginaire local. 

 

Plus globalement, ça m’a appris la sobriété car dans ce genre d’aventure ton quotidien est très simple : tu dois avancer d’un point A à un point B, il y a de l’effort physique tu dois trouver de quoi te nourrir, où dormir et comment te laver : c’est très frugale et ça te force à revenir à l’essentiel. 

 

Au final, tu trouves du réconfort dans l’inconfort, en particulier dans des aventures un peu engagées, ça m’a appris à revenir à des choses très primaires, à de la simplicité et à m’épanouir avec pas grand chose en pleine nature.

L’environnement est régulièrement sur le podium des principales préoccupations des Français, d'après toi, pourquoi on n'agit pas davantage ? 

Dans notre modèle actuel, la plupart des entreprises ne sont pas construites pour préserver l’environnement, le système est fait de telle sorte que c’est presque contre-nature dans leur structure de ne pas exploiter les ressources pour faire du chiffre d’affaire. Aujourd’hui, le problème c’est qu'il y a trop de porosité entre les intérêts privés et politiques donc on est dans une situation de blocage qui crée de l'inertie. Il y a aussi une forme de découragement face à l’ampleur du problème et un sentiment d’injustice entre l’éco-geste que l’on demande à certains et la surconsommation que l'on observe chez d'autres. Avec l'émergence des fake news, on constate également une recrudescence du climatoscepticisme qui fait de plus en plus d'adeptes. Et enfin, il y a une crise économique qui fait que l’enjeu de fin du monde passe après celui de fin du mois, la priorité pour plein de gens malheureusement c’est déjà de survivre financièrement.

Quels conseils donnerais tu à quelqu'un qui a envie d'agir pour protéger l'environnement ? 

Les conseils que je donnerai à quelqu’un pour agir c’est d'arrêter de changer ses habitudes pour la planète mais de le faire pour soi. Déjà, qu'est ce que ça veut dire agir ? Pour moi voyager bas carbone, c’est moins cher et il y a un côté sportif qui est bon pour ma santé donc je le fais pour des raisons plus terre à terre, pour ma santé, pour mon porte monnaie et il y a plein d'autres cobénéfices que l'on peut imaginer pour se motiver. 

Aurais-tu une recommandation culturelle à partager ? 

Récemment, j’ai beaucoup aimé le roman “Tout le bleu du ciel” de Mélissa Da Costa. Ce n’est pas directement sur la sobriété mais les personnages vivent une aventure dans les Pyrénées, simple avec plusieurs messages sur la lenteur et c’est ça que j’aime dans ce récit : le message de sobriété n'est pas frontale, mais c’est une invitation à faire un voyage lent proche de chez soi. 

 

Il y a aussi le livre “Dans la forêt” de Jean Hegland qui m’a beaucoup marqué sur les nouveaux imaginaires, un sujet qui me passionne. 

 

Retrouvez plus d'informations sur le site de l'agence de sensibilisation de Benjamin : Objective Zero

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