Thierry ARDOUIN, expert thématique EPALE s'est entrenu avec Patrick MATE, coach sportif. Il intervient à la maison d'arrêt de Rouen. 

Bonjour Monsieur Patrick Maté, vous êtes éducateur sportif, et vous intervenez dans de nombreuses associations, vers différents publics, et de tous âges. Et vous intervenez aussi au sein d’un centre de détention tant auprès des détenues –femmes que des surveillantes.

La plateforme EPALE porte un focus sur la formation en milieu pénitentiaire. Mais au delà et en parallèle de la formation, d’autres activités existent et peuvent favoriser les apprentissages, comme l’accès aux activités sportives.

J’aimerai en savoir plus et faire partager votre expérience et travail dans ce domaine.

Pour commencer  pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous et votre parcours ? Et comment en êtes vous venu à intervenir auprès de détenues et de surveillants ?

Je suis coach sportif, formé à l’école Interarmées des Sports de Fontainebleau. Ensuite passé par une structure de formation sur Paris, je suis devenu sophrologue. Le milieu carcéral s’est proposé à moi via le Comité  Départemental Olympique de Seine maritime. Pas réfractaire à travailler dans ce secteur, j’y suis allé avec de bonnes intentions et cela dure depuis 3 saisons. J’interviens à la maison d'arrêt de Rouen ainsi qu'au centre pénitentiaire du Havre. 

Vous intervenez auprès des détenues et des surveillantes, pouvez nous dire comment cela se passe, et quels sont les objectifs pour chacun des publics ?

J’interviens en tant que sophrologue pour les détenues, et comme coach sportif pour les détenues, les surveillants et les moniteurs de sport. 

Chaque intervention dure 2 heures. Les objectifs sont basés autour de la musculation et du sport santé. J’ai élaboré les visuels des différentes salles de musculation des deux structures, expliquer l’utilisation des machines ainsi que la planification des séances. 

Et j’ai formé les moniteurs de sport aux bonnes pratiques de la musculation. 

D’après vous, vos interventions s’inscrivent-elles dans une logique de formation ? En quoi participent-elles à un mieux être en milieu fermé ?

Mes interventions s’inscrivent dans une logique formation. En fait je suis parti d’un point zéro pour les salles de musculation, avec élaboration de planches à installer dans les salles de musculation. Cela oblige à travailler avec les différents acteurs et de tenir compte de la situation et de la disposition de la salle. Pour moi c’est  une étape très intéressante et aussi très agréable car étant parti d’un point zéro pour installer les salles, beaucoup de choses étaient à faire pour ce projet. Ainsi, je suis intervenu très régulièrement afin d'accompagner les différents protagonistes dans la durée.

Il y a donc une dimension formation pour et avec les moniteurs. Et aussi une dimension formation auprès des détenues pour utiliser l’espace, les planches et leur apprendre les enchainements et les postures.

Le sport représente la soupape de la prison car avec « la promenade », ces séances représentent le seul échappatoire à l'enfermement durant lesquelles les détenus peuvent se défouler, penser à autre chose et prendre soin d’eux mêmes.

D’après vous, comment ces séances ou ce travail  sont-ils utilisés ou peuvent être utiles à la formation, aux apprentissages  et/ou à la réinsertion des détenues ?

Ces séances de sport sont utiles à la formation et aux apprentissages car elles permettent de canaliser l‘effort, de renforcer la concentration et d’évacuer une part de tension. Elles s’inscrivent dans les logiques d’apprentissage dans la mesure où ces séances en étant régulières, en ayant un objectif, en devant suivre les consignes et en partageant l'environnement donne un cadre et des objectifs de dépassement.

Je vous remercie beaucoup pour cet échange et de vos apports, et je pense que les échanges pourront se poursuivre sur la plateforme.

Entretien réalisé par Thierry Ardouin (expert EPALE France) dans le cadre du mois sur la formation en milieu pénitentiaire.