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L’éducation aux médias : le remède à la désinformation en ligne !

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Cet article est la synthèse de la conférence en ligne d'1h30 « Infos - infox : quels enjeux pour l’éducation aux médias pour les citoyens », diffusée le 24 juin 2021. Le replay est disponible ici

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Avec la pandémie de Covid-19 un cortège de fausses informations - sur le lien supposé entre le virus et la 5G ou sur la possibilité de se soigner avec du chlore ou de l’eau de Javel - a envahi les réseaux sociaux ; en janvier 2021, dernier épisode d’une série de « catastrophes démocratiques », des partisans de Donald Trump convaincus à tort que l’élection leur a été volée ont envahi le Capitole à Washington. Ces deux événements ont jeté une lumière crue sur le risque que les fausses informations font courir à la démocratie.

A cette occasion, les politiques, pour la plupart jusqu’alors convaincus que l’impact des désinformations était principalement limité à « un public adepte de théories du complot, de certaines personnes âgées ou peu éduquées au numérique » ont véritablement « pris conscience » des enjeux liés aux fausses informations sur le net.

C’est dans ce contexte que se développent aujourd’hui les actions de lutte contre la désinformation, éducation aux médias en tête, comme l’expose la sociologue Divina Frau-Meigs, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne-Nouvelle, en introduction d’un webinaire sur le sujet le 24 juin 2021 organisé dans le cadre de ses activités pour EPALE. Avec en tête une caractéristique qui donne la mesure de la tâche : sur le net, une fausse information se propage en 4h et les réfutations ne parviennent pas à ceux qui ont vu les fausses informations qui vont donc « rester sur leur impression première ».

 

Au niveau européen, une directive et un plan pour l’éducation numérique

Le cadre général de l’effort collectif d’éducation aux médias est fixé, depuis 2018, par l’Union européenne. Une directive oblige les États membres à agir, notamment par des programmes d’éducation aux médias et à l’information. Ceux-ci ont « une importance cruciale en Europe, dès avant la pandémie », explique ainsi Sophia Eriksson Waterschoot, directrice jeunesse, éducation et Erasmus + à la direction éducation et culture de la Commission européenne.

« L’éducation est une des boussoles qui permet de naviguer dans le monde numérique : elle ne nous apprend pas seulement à faire la différence entre fiction et réalité, mais donne les moyens d’accéder à des contenus, d’en créer et de les partager », détaille-t-elle. En la matière, la Commission « complète les efforts des États membres en les aidant à échanger des bonnes pratiques, en mettant à leur disposition des outils communs ».

Plus récemment, en septembre 2020, la Commission a rendu public son plan d’action pour l’éducation numérique qui « pose les bases d’une vision européenne de l’éducation numérique et de l’éducation aux médias ». Le texte prévoit notamment de renforcer le rôle des enseignants et des éducateurs pour l’éducation numérique et de mettre à jour un cadre européen des compétences numériques - un certificat européen de compétences numériques devrait ainsi permettre aux individus d’évaluer leur niveau.

Sophia DGEAC

 

Erasmus + s’ouvre à de nouveaux publics

Parmi les outils disponibles au niveau européen, le programme Erasmus + : Lionel Clémençon, responsable de la promotion « enseignement scolaire, formation professionnelle et éducation des adultes » à l’Agence Erasmus+ France y voit « un levier de financement important pour démarrer des projets européens sur la thématique transversale de l’éducation aux médias et à l’information ». Un levier d’autant plus puissant que le programme a vu son budget presque doubler sur la période 2021-2027 et qu’il veut renforcer son action « pour les publics fragiles, moins diplômés, les structures qui travaillent avec des migrants et celles qui travaillent avec des personnes âgées ».

« Nous cherchons à embarquer davantage d’acteurs dans le programme », témoigne-t-il. « Aujourd’hui, une petite association d’éducation aux médias peut démarrer un projet sans forcément avoir une expérience du montage de projet européen. Il n’est pas nécessaire d’avoir une ambition pharaonique, la procédure a été simplifiée. »

lionel

 

Le ministère de la culture, impliqué depuis 2015

Au niveau national, en France, c’est le ministère de la culture qui a pris en main la question « à partir de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015 », expose Jean-Christophe Théobalt, qui y travaille comme chargé de mission « médiation numérique et éducation aux médias ». En 2018, le ministère a accéléré la mise en place d’un plan d’éducation aux médias avec parmi les axes prioritaires le décryptage des « infox », la lutte contre les contenus haineux ou encore la désinformation scientifique.

« Au niveau régional des enveloppes sont mises à disposition pour financer des appels à projets et des résidences de journalistes calquées sur les résidences d’artistes, développer un travail sur la durée avec les habitants ou accompagner les médias de proximité », poursuit-il. Au niveau national, le ministère soutient des associations de professionnels de l’information, des activités régulières d’éducation aux médias, les fédérations d’éducation populaires et développent l’éducation aux médias dans les bibliothèques », poursuit-il.

Min Culture

 

Un outil de l’AFP pour détecter les fausses images grâce au big data

Au titre des expérimentations européennes pour lutter contre la désinformation, figure un projet mené en France par l’Agence France Presse, qui se revendique « leader mondial du fact-checking », grâce à des financements du programme-cadre de recherche et d’innovation Horizon Europe. Denis Teyssou, responsable éditorial du medialab R&D de l’agence explique comment ses équipes ont mis au point un logiciel qui permet de chercher des images par similarité, à l’aide du big data, pour tenter de retrouver leur origine.

L’extension proposée, accessible via Chrome store, permet « en quelques clics, de vérifier si une vidéo a déjà été diffusée auparavant » - dans un autre contexte. « La plupart - 90 % - des fausses images sont de fausses images décontextualisées », poursuit-il.

L’AFP travaille aussi à la mise à disposition de contenus pédagogiques pour les enseignants et au développement de MOOC pour que chacun puisse se former à détecter les fausses images en circulation sur internet.

Photos AFP

 

Alessandra Falcone, directrice du centre Alberto Manzi à Bologne, détaille une autre expérimentation européenne, « Play your role », destinée à « combattre les discours de haine sur les réseaux sociaux » avec le jeu vidéo pour développer l’esprit critique des jeunes. « L’idée est de faire travailler ensemble adolescents, enseignants et éducateurs, pour faire en sorte que les adolescents jouent leur rôle dans la mise en place d’une stratégie d’engagement », explique-t-elle.

Falconi

 

Une multiplicité de formations pour des publics variés

Du côté des formations, les initiatives sont multiples. François Laboulais, chargé de mission « éducation aux médias » pour l’association d’éducation populaire des Céméa, intervient auprès des jeunes publics et témoigne : sur 8 000 jeunes gens, seuls 20% avaient participé auparavant à une activité de fabrique de l’information - un journal scolaire par exemple. Or, il s’agit pour lui d’« un enjeu majeur » que les plus jeunes soient accompagnés dans leur usage des écrans. Son association a mis au point un jeu intitulé « Je publie ? » composé de 46 cartes représentant chacune une situation de façon à inviter à la discussion sur l’opportunité de publier telle ou telle information.

cemea

Monique Epstein intervient, elle, à l’autre bout de la chaîne : elle dirige l’association E-senior qu’elle a fondée « pour lutter contre la fracture numérique » que vivent les plus âgés - 57 % des personnes âgées de plus de 70 ans déclarant par exemple ne pas être à l’aise avec les outils numériques. « Cette fracture numérique isole et rend vulnérable », témoigne-t-elle. « Ces personnes ont peur de sauter le pas et aller vers le numérique : la formation ne doit pas forcément être technique, il faut d’abord casser l’appréhension et montrer à quoi ces outils peuvent servir. Il y a 15 ans l’ordinateur était un jouet. Aujourd’hui l’informatique est une nécessité pour les tâches administratives, sécurité sociale, retraite, recherche d’emploi, banques. ». Et si le financement des ateliers est de plus en plus une question - les personnes concernées étant « de moins en moins en mesure de payer », l’association E Senior a « trouvé des solutions », notamment via la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie ; et en postulant - depuis 2007 - à des projets Erasmus + sur l’éducation des adultes.

M Epstein

 

En Europe, une éducation aux médias fondée sur les droits humains

Éducation populaire, éducation nationale, développeurs, professeurs, etc. : de nombreux acteurs ont pris le problème à bras le corps. « Ces échanges nous sortent du désarroi où nous étions il y a 3 ou 4 ans », résume Divina Frau-Meigs qui voit se dessiner une perspective optimiste. « Une des leçons à retenir est que nous ne sommes pas seuls, il convient de se saisir de ces outils, mettre en musique les différentes initiatives. »

Parmi les chantiers en cours, la question des compétences. « Le cadre européen pour les compétences numériques devrait faire figurer des compétences en matière d’éducation aux médias et à l’information, pour essayer d’avoir un cadre de référence des compétences en la matière dans les deux à trois ans à venir », poursuit-elle. « Ceci nous permettra de nous inscrire dans une vision partagée - une vision qui, en Europe, est basée sur les droits humains, sur des valeurs démocratiques, sur le soutien à la liberté d’expression. »

***

Le replay d'1h30 de la conférence en ligne est disponible sur le compte YouTube de l'Agence Erasmus+ France

 

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Considering how much available time people had/have due to the unprecedented conditions of the pandemic, that paved the way for extensive use of the social media. People took advantage of it and started spreading fake news without realizing its effects and impact. Now, it's extremely important to learn how to spot and critically analyze whatever we read on the social media.

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