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S’orienter à l’aide d’un portfolio

Le portfolio s'est largement répandu ses dernières années dans la champs de l'orientation et de la formation des adultes. Isabelle HOuot, Experte thématique EPALE France retrace par ce blog les caractéristiques du portefeuille des compétences, ses usages, son utilisation pour l'orientation...

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Qu'est qu'un portfolio ?

Un portfolio est un dossier personnel, documenté et systématique.

Originellement utilisé par les artistes (photographes notamment) pour conserver traces de leurs activités artistiques et valoriser leurs œuvres.

Son usage en formation d'adultes se répand outre-Atlantique (en particulier au Québec) dans les années 80, notamment dans le cadre de la formation et de l'évaluation des enseignants, ouvrant par-là la voie à une pratique de documentation des activités réelles engagées en situation pédagogique.

Les années 2000, au travers du déploiement de nombreux projets européens, verront une expansion de son utilisation dans les espaces pédagogiques, en formation initiale mais aussi et surtout dans le cadre de la formation professionnelle des adultes.

Les types de portfolio sont aujourd'hui nombreux - "book" de présentation de soi, de ses réalisations, portefeuille de compétences, portefeuille d'apprentissages, dossier réflexif…-  et correspondent à des usages sociaux différents – Présentation de soi en vue d'un recrutement, d'un bilan de compétences, présentation de ses acquis en vue d'une évaluation en formation, en situation professionnelle, en vue d'une validation et/ou certification de ses acquis professionnels …

Mais dans tous les cas, (et en référence aux travaux de Rabardel[1]) il importe de différencier deux dimensions distinctes et toutes deux relatives à l'activité propre à la réalisation d'un portfolio :

  • la dimension productive qui vise la finalisation du document lui-même et donc l'atteinte concrète du but recherché : recueillir et assembler des données personnelles, organiser son dossier …
  • la dimension constructive qui, par le biais de la remémoration, et de la formalisation engage à une prise de distance envers ses réalisations et ses acquis, et ceci d'autant plus qu'il s'agit ici de finaliser un dossier "adressé ", c’est-à-dire susceptible de "parler" à une ou plusieurs personnes dont il s'agit d'envisager les attentes.

 

A quoi sert, en particulier, un portefeuille de compétences?

Se poser cette question est essentiel car cela détermine la nature du travail à mener pour le réaliser :

  • S’agit-il prioritairement de capitaliser les traces et/ou preuves de son expérience vécue, d’en dresser un bilan ? ce qui suppose alors de mener un travail de remémoration, de mise en mots, d’objectivation ;
  • ou bien s’agit-il avant tout de valoriser son parcours, de dresser un portrait de soi ? ce qui suppose dans ce cas de mener un travail de « re-subjectivation » et de communication.

Et ce travail devient d’autant plus sensible lorsque le portfolio devenu « e »-portfolio élargit de fait le lectorat potentiel.

Elaborer son portfolio nécessite en effet du temps, des hésitations, des retouches successives, ce qui s’avère assez difficilement compatible avec la diffusion immédiate et large que permet a priori le numérique.

En revanche, bien adressé, il permet de faciliter la mise en réseau dont sait à quel point elle est déterminante dans les parcours professionnels.

 

Quels usages d’un portfolio pour l’orientation tout au long de la vie ?

 

Lorsque l’on observe les usages[2] qui sont faits des portfolios, en particuliers lorsqu’ils sont numériques, l’on s’aperçoit que l’exploitation des interfaces[3] reste assez faible au regard des possibilités et que subsiste encore largement dans les représentations l’idée qu’un portefeuille de compétences ne pourrait être au final qu’un CV amélioré »…

Les usagers, qui repèrent cependant bien l’intérêt potentiel de disposer d’un tel « portefeuille », achoppent cependant le plus souvent à identifier les faits à décrire et qui pourraient être de nature à prouver ou illustrer qu’ils « ont » des compétences.

Pour les accompagnateurs dédiés, en centre de bilan, d’orientation ou de formation, se pose cette même difficulté de disposer d’une définition suffisamment opératoire de la notion de compétence pour conduire efficacement leur activité d’accompagnement.

 

Etre ou avoir ? Des auxiliaires qui font obstacle

Car aucune des expressions communément employées pour définir ce que sont les compétences ne semblent pertinentes pour le rédacteur d’un portfolio.

  • Quelles sont mes compétences ? Est-ce que j’ai des compétences ? Cette formule « avoir des compétences » suppose que ces dernières soient en quelque sorte des « denrées stockables ». Or, chacun sait et constate que ce n’est pas les cas : il suffit de peu de choses, une variation dans l’activité, pour qu’une personne estimée compétente un jour ne le soit plus le lendemain
  •  
  • Est-ce que je suis compétent ? Cette autre formule « être compétent(e) » n’est pas plus satisfaisante car elle renvoie à l’idée que les compétences seraient « naturelles », indivisibles et propres à chaque personne. Or deux observateurs distincts d’une même personne en activité peuvent développer une estimation très différente de ses compétences.

Pour dépasser cette difficulté[4] , il convient sans doute de partir du raisonnement suivant : qu’est-ce que j’ai acquiqui m’a permis d’agir, ou qui me permettra d’agir demain avec les compétences attendues. Quelles conditions sont nécessaires pour cela ?

  • Cela permet d’insister sur le fait qu’il s’agit moins d’avoir des compétences que de disposer d’acquis suffisants pour agir de la manière qui est attendue.
  • Cela permet d’insister sur le fait qu’il s’agit moins d’être compétent, que d’être reconnu comme tel.
  • Cela permet enfin de mettre l’accent sur le fait que développer des manières de faire compétentes ne va pas sans conditions et s’inscrit dans une l’histoire personnelle de chacun, autrement dit son expérience.

 

Alors comment faire ?

Dans un portfolio bâti dans une perspective d’orientation professionnelle on va faire recours à la notion de compétences selon deux acceptions distinctes :

  • Tout d’abord pour identifier ce qui est attendu dans l’espace professionnel auquel on se destine : c’est l’horizon que l’on observe avant de cheminer et tout en cheminant. A cet égard la consultation des référentiels de compétences est tout à fait déterminante.
  • Ensuite, on va faire recours à la notion d’activité et à celle de « résultats d‘apprentissage » ou « acquis » (qu’est-ce que j’ai appris, retenu de mes activités). Ici la notion de compétence est utilisée pour réfléchir aux questions suivantes :
    • A quels moments dans mon parcours, ai-je été reconnu(e) compétent(e) : par qui ? (autrui ou moi-même), sur quels critères ?
    • Qu’est ce qui me permet d’agir de cette manière « compétente » ?
    • Quelles « leçons » ai-je tiré de mon expérience : Qu’est-ce que je connais bien aujourd’hui (des situations de travail, des manières de faire, des références à utiliser ….) ?
    • En quoi suis particulièrement habile aujourd’hui ?
    • etc

Il s’agit ici d’identifier ce qui va constituer le bagage dont on dispose et qui est issu de son passé personnel et professionnel. C’est le regard en arrière, vers le passé qui permet de s’engager sur le chemin qui mène au futur.

 

Avec quel accompagnement ?

Rappelons ici, même si cela paraît un truisme, que l’on ne peut accompagner quelqu’un que s’il est décidé à cheminer, que s’il s’est engagé lui-même à aller quelque part.

  • De ce point de vue, l’aide à l’orientation est un travail d’accompagnement d’un projet.
    • De ce projet (même embryonnaire) résulte le choix de l’activité à mener autour du portfolio
      • Faire le point, observer les possibles
      • Mesurer ses acquis
      • Analyser son expérience
      • Présenter ses acquis
      • Fournir la preuve d’une reconnaissance de sa manière de faire
      • Etc
  • De point de vue, le travail de l’accompagnateur est un travail d’aide à la réflexion, au retour réflexif sur un parcours.
  • C’est enfin un travail d’aide à la décision : le travail d’aide à l’orientation repose sur un postulat de l’homme capable, capable de ce retour sur son passé, capable de l’analyse de son présent, capable d’opérer des choixet de se mouvoir vers un futur.

Le cadre d’accompagnement fournit les conditions de ces capabilités.

  • La première de ces conditions est l’ouverture à la lisibilité de l’environnement (l’horizon)
  • La seconde est le dialogue formatif : celui qui permet l’expression des choix librement consentis.

 

Pour cela, il faut des dispositifs et des dispositions d’orientation

  • qui s’adressent au plus grand nombre pour éviter les effets de stigmatisation,
  • qui donnent accès à l’information la plus large (l’état du marché de l’emploi, les choix possibles, les opportunités en matière de formation et d’emploi) de manière à ouvrir l’horizon des possibles,
  • qui favorise l’auto et la co-évaluation de ses acquis et de ses potentiels,
  • qui offrent le plus de choix possibles d’usage qui en définitive appartiennent toujours aux personnes elles-mêmes.

Pour le dire autrement, l’enjeu de l’aide à l’orientation est de promouvoir des formes d’accompagnement humaines et matérielles qui soient au service des personnes et de leurs projets afin de leur permettre de se déplacer dans leur environnement en toute connaissance de cause.

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Isabelle HOUOT est experte thématique EPALE France

 

 


[1] On trouvera un bon résumé des travaux de cet auteur ici :  http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/DDP_Rabardel.aspx

[2] Voir notamment :  Vers un modèle dynamique expérience-compétences au service du projet professionnel des étudiants » (format pdf)

[3] A suivre prochainement sur epale :  Lorrfolio, une expérience de 10 ans dans la Région Grand-EST : quel bilan et quelles perspectives ? : Interwiew du porteur de projet.

[4] Lire à ce sujet LeBoterf, G. (2018). Développer et mettre en œuvre la compétence. Paris : Eyrolles.

 

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L'utilisation de la démarche de portfolio dans le cadre d'une formation de conseiller en évolution professionnelle a permis de faire prendre conscience aux apprenants, futurs conseillers, du processus complexe de la construction de la compétence.
La maitrise de la démarche de portfolio devrait être un prérequis de qualification pour tout intervenant dans le domaine de l'éducation formation, formelle ou informelle.
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