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Université d'Hiver de la Formation Professionnelle 2018 : Un atelier pour innover dans la reconnaissance des compétences.

Référentialisation des compétences, développement des blocs de compétences, modalités de formation... sont autant de type d'innovations exploitées dans le cadre de cet atelier.

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L’évolution des contenus du travail et de ses modes d’exercice, les ruptures professionnelles, les mobilités professionnelles et géographiques, la nécessité de sécurisation des parcours professionnels appellent de manière de plus en plus cruciale le repérage et le développement de signaux sociaux de qualification sur le marché du travail national et / ou international, signaux qui se construisent dans un cadre de formation tout au long de la vie. Se pose alors, parmi d’autres, la question de la reconnaissance des compétences qui porte en elle plusieurs enjeux. Cet atelier a permis de porter un regard particulier sur certains de ces enjeux à travers l’exploration de plusieurs types d’innovations :
  • La référentialisation des compétences en lien avec la valorisation des parcours individuels,
  • le développement de « blocs de compétences» éligibles au financement CPF,
  • les modalités de formation et du développement des compétences, qui permettent le développement conjoint de l'activité et du potentiel d'action des professionnels.

Coordonnées et animées par Geoges Asseraf, Président de la Commission Nationale de Certifcation Professionnelle, quatre interventions dans cet atelier sont venues  illustrer ce propos:

  • Claire Ariston, Conseillère en formation continue, Ministère de l’Education Nationale, est venue expliquer comment l’Education Nationale française a travaillé sur les blocs de compétences,  quels choix ont été retenus, et quels en étaient les enjeux. Elle a montré en particulier comment l’offre de formation avait évolué pour répondre aux besoins de la commande publique et pour s'inscrire dans un  objectif de fluidification de l’accès à la certification.
  • Marie Bancal, Responsable des partenariats et du développement au nminstère de l'éducation nationale , a présenté la plateforme PIX[1] : PIX s’adresse à tous les citoyens français et francophones (élèves, étudiants, professionnels, décrocheurs, demandeurs d’emploi, etc.) qui souhaitent mesurer, développer et valoriser leurs compétences numériques. Le service se présente sous la forme d’une plateforme en ligne d’évaluation et de certification des compétences numériques.
  • Karine Ceysson Gillot, Directrice Compétences et Ingénierie, à ANFA (Organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), structure à gestion paritaire qui finance la formation professionnelle continue de la branche automobile) est intervenue pour rendre compte des travaux de rénovation des titres et des certifications professionnelles dans cette branche professionnelle, en lien respectivement avec le Ministère de l’Emploi et les organismes consulaires.
  • Astrid Destombes, chargée de mission, CCI France (chambre de commerce et d'industrie) a présenté le process d’ingénierie CCI France, articulé à un référentiel activités-compétences-certification et permettant l'individualisation des parcours.

Une récurrence dans les propos tenus  : développer, mesurer, valoriser, certifier les compétences : Qu'en est-il de ces questions en Europe ?

Car il y a beaucoup à apprendre des inititiatives menées en France dans la perpective de la réforme en cours de la formation professionnelle et plus largement des inititiatives développées à travers l'Europe

En Europe , en matière de reconnaissance des compétences on observe deux types de stratégies qui ne sont d'ailleurs pas nécessairement antinomiques mais qui correspondent à deux entrées différentes , l'une centrée sur l'ingénierie de dispositifs , l'autre plus centrée sur l'ingénierie de certification. L'on va ainsi trouver  :

  • des dispositifs plutôt tournés vers la valorisation, la mise en visibilité des compétences attendues à des fins de fluidifications des parcours. ainsi en est-il par exemple des dispositions de RVAE en Belgique, en Suisse ou encore en Italie.,
  • des dispositifs davantage centrés sur la certificationdes des compétences dans l'objectif de positionner les bénéficiaires , de fournir la preuve , la garantie de la maîtrise des compétences :  La VAE en France  et au Luxemnbourg , le passeport qualification au  Portugal

Ainsi pour prolonger ce débat sur l'innovation dans la reconnaissance, on pourrait se demander qu'est-ce-que ces différentes expérimentations apportent d'innovant, quelles sont les perspectives qui s'ouvrent pour demain ?

Ryadh Sallem, Président du CAPSAAA[2] indiquait  : "on innove vraiment quand on change la vie des gens" ce à quoi, pour ma part, j'ajouterais : "on innove quand on change le regard des gens et quand on change son propre regard sur les choses".

Ce changement de regard suppose cependant le temps long , davantage de l'ordre de la sédimentation lente des idées que du "big bang" dans l'action.

Quels sont donc ces ferments d'innovation, de changement de regard que l'on peut voir poindre au travers des dispositifs actuellement expérimentés pour la reconnaissance des compétences en France comme en Europe ?

J'en proposerai  trois

  • 1er ferment : la prise de conscience de la nécessité de référentialiser les compétences de manière collective et concertée et à partir d'un langage commun entre monde de l'éducation et de la formation et monde du travail. On parle beaucoup dans cette université d'hiver d'un nécessaire" continuum emploi-formation", dyptique auquel j'ajouterais volontiers un troisième terme celui de "travail ".

     Car dans ce continuum trois éléments sont à traiter :

  • Identifier et nommer les compétences de manière à ce qu'elles permettent de rendre compte, de clarifier ce qui est requis dans les emplois d'aujourd'hui et de demain, à tout le moins à ce que l'on en anticipe,
  • dans le même mouvement, imaginer les dispositions de formation qui permettent d'atteindre les niveaux de performance ou de maitrise attendus,
  • et enfin comprendre comment ses attentes se traduisent dans l'exercice même du travail, comment elles s'impriment dans l'activité du professionnel, avec quelles conséquences pour ce dernier.

2ème ferment d'innovation : un regard différent à porter sur les processus de développement :

Car ce continuum formation-travail-emploi invite à en penser un second : le continuum du développement

  • Développement de la personne,
  • developpement de l'activité et des collectifs dans lesquel elle s'inscrit,
  • developpement des organisations et des territoires par le truchement des deux premiers.

Sur ce point, ce que nous ont appris, notramment, les dispositions de VAE, c'est que reconnaître les compétences dans une perspective de développement, c'est aussi permettre à la personne de se reconnaître elle-même, de porter un regard sur son propre travail et ses attendus, de faire des choix.

Ce que nous ont appris ces dispositifs c'est que les compétences ne s'acquièrent pas de manière additionnelle, ce ne sont pas des "choses" stockables, ce sont avant tout des manières d'agir en situation et cette possibilité d'agir de manière compétente repose sur un processus de développement qui, en combinant des acquis de nature différente, connaissances, manières de faire, manières d'ête en situation … structure le rapport à soi, à son travail et au collectif.

3ème ferment d'innovation : l'expérimentation de nouvelles formes de formation qui vont dans le sens de l'accompagnement :

On peut ainsi lire dans différents rapports récents (France stratégies[3], Amat, Berho , Blachère et al …[4]) la difficulté souvent énoncée de la formalisation de leurs compétences par les bénéficiaires des dispositifs d'orientation ou de formation tout au long de la vie .

La encore, les expérimentations menées nous montrent différents chemins possibles pour cette identification accompagnée par la personne de ses propres acquis et de leur plus ou moins grande proximité avec les compétences attendues  (formations en situation de travail (FEST),  VAE,alternance intégrative …

Pour nous résumer :

Innover dans la reconnaissance des compétences c'est dans le même mouvement :

  • Dessiner un horizon par la clarification des compétences individuelles et collectives  attendues; c'est là le rôle de la référentialisation ;
  • permettre aux personnes de s'équiper de bagages suffisants pour qu'ils puissent se drigier vers cet horizon et y désigner leurs propres buts ; c'est là le rôle del'ingénierie de formation;
  • fournir tout au long du chemin suffisamment de ressources afin que personne ne se perde en chemin ou ne soit laissé au bord de la route, c'est là le rôle de l'accompagnement.

L'atelier "Innover dans la reconnaissance des compétences" est disponible dans son intégralité sur Youtube. 

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Une partie des intervenants de l'atelier "Innover pour la reconnaissance des compétences"

 

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Isabelle HOUOT est experte thématique EPALE et maitre de conférence à l'Université de Lorraine. 

 

 

 

[1] https://pix.beta.gouv.fr

[2] Reconnue d’intérêt général, CAPSAAA est une association fondée en 1995 sur l‘initiative d’un groupe d’amis,tous inscrits dans le cercle sportif des Invalides de Paris. Leur but est de diffuser leurs valeurs sur le handicap grâce au sport. Le nom «CAPSAAA» trouve son origine dans de nombreux jeux de mots autour des lettres « CAP »  (« handiCAP », « CAP ou pas CAP », « la CAPitale »), du S de « Sport » et des trois « A » signifiant l’Aventure, l’Art et l’Amitié.

[3] Compétences transférables et transversales - Quels outils de repérage, de reconnaissance et de valorisation pour les individus et les entreprises ? France Stratégie Paris : France Stratégie, avril 2017, 97 p.

[4] Les blocs de compétences dans le système français de certification professionnelle : un état des lieux Françoise Amat ; Françoise Berho ; Michel Blachère et al. Céreq échanges, n° 4, janvier 2017, 109 p.

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