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Rencontre thématique EPALE / Coopérer et innover au niveau des territoires : comment et à quelles conditions ?

Cet article explicite la thématique choisie pour cette rencontre en ligne le 29 septembre 2020.

Quels sont les liens entre partenariat, territoire et innovation? N'y a-t-il pas des différences entre les différents projets partenariaux qui peuvent être mis en place? Quelles sont les nouveautés de ces démarches? Comment réussir à les pérenniser?

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[Interview d'André Chauvet, coordinateur thématique EPALE et pilote de cette rencontre. Sur la photo, au centre.]

 

Equipe EPALE France : Pourquoi avoir cherché à articuler dans cette rencontre ces 3 thèmes : partenariat, territoire et innovation ? Pouvez-vous préciser les termes et en quoi ils sont liés ?

André Chauvet : Il y a d’abord le constat partagé d’une inflation sémantique autour des termes coopération des acteurs au service du bien commun, de territoires apprenants et inclusifs, d’intelligence collective, d’innovation.....recouvrant des conceptions et des réalités très différentes. Par ailleurs, on observe une multiplicité de formes : à la fois des initiatives discrètes au niveau des territoires mais également des incitations voire des obligations dans de très nombreux cahiers des charges...Cela nous paraissait utile de clarifier cette tendance mais également de l’illustrer à partir d’initiatives de terrain. Nous voulions aussi montrer que ces projets sont souvent à la rencontre d’initiatives locales et de cadres d’interventions formels (cahiers des charges, lignes de financement...). Et que cette articulation nous paraissait intéressante à approfondir pour les acteurs qui ne savent pas trop comment se lancer et trouver des financements. Tout cela suppose de percevoir aussi que le partenariat n’est plus uniquement un choix ponctuel et optionnel mais bien une donnée de fait pour les acteurs de la formation et de l’accompagnement. Cela renvoie à une évolution dans la conception de l’action publique...veille sur les initiatives locales et au contexte, moins grande verticalité. On retrouve cette doctrine clairement affichée dans l’appel à manifestation d’intérêt[1] Fabrique de territoire. « A partir des besoins révélés auprès des porteurs de tiers-lieux mais aussi des territoires et des entreprises impliquées, le Gouvernement fait le choix de soutenir les tiers-lieux par une méthode d’intervention nouvelle. Sans prescrire, sans chercher à unifier mais bien en accompagnant, en accélérant et en outillant...L'objectif est simple : agir pour augmenter la capacité́ d’action des communautés et acteurs locaux et consolider les tiers-lieux, dans tous les territoires et pour toute la population. ». Cela a également de multiples conséquences sur les organisations et leur pilotage voire leur pérennité : la légitimité des structures (voire leur financement) n’est plus uniquement liée à leurs « parts de marché » mais plus largement à leur capacité à agir au service du bien commun ; ce n’est plus le partenariat qui est l’enjeu mais bien ce qu’il produit au service du bien commun ; la question du pour tous devient un enjeu central ; cela ouvre des pistes importantes en terme de concertations territoriales et de mutualisation des ressources. Par ailleurs, dans tous les projets initiés et financés aujourd’hui, on perçoit le souci de la place et de la contribution des publics (tous les acteurs parties prenantes ?).

 

Mais n’y a-t-il pas des différences entre tous ces projets partenariaux ?

A.C. : Bien sûr, on observe une grande variété de situations :  cela peut être une alliance autour d’un projet initié par un des membres ; la co-élaboration d’un projet autour d’une problématique territoriale ;  la réponse commune à un cahier des charges : alliances, consortium....et parfois même un mixage de ces différentes options. On peut aussi discuter du plus ou moins grand formalisme du projet tant dans sa création que dans son pilotage. Par ailleurs, on peut être simplement dans une répartition des rôles (voire des publics) ou au contraire dans une réelle synergie d’action commune. Là encore avec toutes les variantes possibles. Ce qu’il y a de commun, c’est à la fois une logique d’efficience qui amène à coordonner au mieux les différents acteurs (rationalisation des moyens) ; une utilisation des complémentarités dans une perspective de service mieux articulé. Il y a le constat partagé d’un système complexe, peu simplifiable aujourd’hui qui nécessite de viser une lisibilité pour l’usager (un système d’acteurs complexes peut être lisible pour l’usager). Mais il ne faut pas oublier la concurrence plus ou moins explicite entre des réseaux ayant des histoires, des cultures et un professionnalisme différent mais également des statuts contrastés.

 

Est-ce que tout cela est vraiment nouveau ? En quoi ces questions-là se posent différemment aujourd’hui ?

A.C. : Il y a bien évidemment des points fédérateurs : mutualisation des ressources et des énergies pour plus de rayonnement et d’efficience ; augmentation du potentiel d’innovation par la multiplicité d’acteurs et de points de vue mais également le soutien d’une forme de communauté d’acteurs centrés sur le même objectif.  Mais il ne faut pas oublier qu’historiquement le partenariat a surtout consisté à se partager le public, se répartir les rôles ou le territoire...c’est encore le souvent le cas.    Ce qui est nouveau : c’est ce lien de dépendance et de solidarité au service d’une œuvre commune elle-même au service du bien commun...L’ensemble est alors plus que la somme des parties. D’où la notion d’intelligence collective. Ce qui ouvre des possibilités de ne pas faire simplement plus de la même chose et de ne pas réduire l’innovation à un simple changement de forme (un peu de multimodalité et de numérique). Cela suppose une adaptation incessante à l’évolution des contextes et des usages. Là encore, il s’agit de ne pas confondre partage des tâches et des publics et co construction d’un objectif et de projets communs au service des personnes du territoire. En ce sens, l’innovation est d’abord une réponse à un constat partagé de décalage entre ce qui est proposé et les problématiques du contexte. Et cela intègre la question cruciale du « pour tous », des non-publics....

 

N’y a t-il pas toujours le risque que les projets s’arrêtent avec les personnes parties prenantes et que l’on ait des difficultés à pérenniser ces démarches ?

A.C. : Ces questions traversent toute l’histoire des partenariats, et à tous les échelons géographiques. Cela pose la question de la dépendance vis-à-vis de certains acteurs impliqués mais également de la capacité réflexive à formaliser les principes d’intervention qui ont soutenus les projets. Sans réflexivité collective et modélisation, le risque est toujours que le projet s’arrête avec les financements ou avec la lassitude des personnes proactives.  Alors, comment aller au-delà d’une action ponctuelle et éphémère ? Comment passer d’actions concertées localisées à des modèles d’intervention partageables et inspirants pour tous ? Comment dépasser la seule mobilisation des personnes initiatrices et porteuses des projets ?

Comment faire vivre et évoluer les projets dans un environnement imprévisible ? Comment passer de projet/produits à des projets partenariaux processus permanents ? Comment modéliser et capitaliser au service du bien commun ? A toutes ces questions, plusieurs réponses sont envisageables. La première relève d’une capacité de chacun des acteurs à assurer une veille sur les innovations en cours. Sur ce plan, la plateforme Epale a un rôle à jouer dans la possibilité d’inspirer d’autres acteurs et de nouer des collaborations. Mais toutes les formes de partage et de veille seront utiles au-delà des seules structures d’appartenance. La deuxième relève plutôt d’une nécessaire modélisation des projets afin d’en réaliser une analyse réflexive, nécessaire à une intégration dans des ingénieries publiques. C’est sur ce plan que la formation et le conseil manquent encore de lieux, de « réservoirs d’idées » susceptibles d’influencer la commande publique. Un beau projet partenarial en perspective ? Alors, rendez-vous sur EPALE?

 

A SUIVRE : vidéo séquencée de la rencontre, synthèse graphique, lien vers des ressources utiles...

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