Les tiers-lieux: échange d’expérience et mode d’emploi

À nouveau, ce sont les tiers-lieux qui nous occuperont dans cette publication. Au cœur des thématiques prioritaires d’Epale Belgique Wallonie-Bruxelles pour l’année 2023, ce thème rejoint les Thematic Focuses d’EPALE, notamment celui de l’Engagement, sous les « étiquettes » des « Communautés d’apprentissage » ou encore des « espaces collaboratifs ». Bien souvent assimilés, à tort, à des espaces de co-working, nous avions défini ces espaces dans un précédent blog post, mais aussi dans le cadre d’un podcast, suite à une première exploration lors de la dernière rencontre des journées de l’apprentissage des adultes en Belgique francophone. Ce blog constitue donc un 4e épisode d’une longue série de publications, qui verront le jour sur cette plateforme autour des tiers-lieux.
Nous revoici donc plongés dans ce monde tentaculaire et passionnant qui, à chaque fois, nous ouvre des horizons inspirants. Plus nous explorons le sujet, plus nous découvrons sa complexité, ses variantes et ses possibilités. Cette fois, nous sommes invités par la coopérative Crédal qui dans le cadre de son programme « Do It Coop » souhaite offrir des opportunités de formation ou d’accompagnement à des acteurs qui sont amenés à gérer des projets collectifs (coopératives, associations…). Elle a organisé une après-midi d’échange d’expériences et d’informations qui a offert à la soixantaine de participants présents un panel d’orateurs de choix, tant pour les aspects plus formels que pour le volet témoignages.
C’est la ministre wallonne de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-Être animal qui a l’honneur d’ouvrir la journée avec une intervention qui avait pour but de présenter les initiatives politiques wallonnes mises en place pour développer les tiers-lieux ruraux.
En effet, en 2022 la Région wallonne a lancé un vaste appel à projets visant à soutenir des initiatives qui ambitionnent de créer des espaces multiservices répondant au mieux aux besoins des populations rurales : services de proximité, de lieux de convivialité, de travail, de formation… Cet appel à projets s’inscrit dans le cadre du Plan de Relance de la Wallonie. Si 23 projets vont bénéficier d’une aide publique, ce ne sont pas moins de 102 candidatures qui avaient été déposées lors de l’appel à projets lancé par la ministre et son collègue ministre de la mobilité, preuve de l’expansion de la demande de ce type de structures.
La ministre nous a accordé une courte interview que vous pouvez retrouver ici en audio.
Ces aides wallonnes se matérialiseront sous la forme d’un accompagnement individuel et d’une mise en réseau qui soutiendra les lauréats pour une durée de 3 ans, à hauteur de 500 000 €. Vous pouvez retrouver ici la liste des 23 projets sélectionnés…
Ensuite, ce fut au tour d’Hubert Maldague du laboratoire d’étude en planification urbaine et rurale (LEPUR) de l’Université de Liège, qui nous a aidés à définir le tiers-lieu en nous faisant découvrir ses caractéristiques, son organisation, ses parties prenantes, ses espaces, ses fonctions…
Il était notamment question des liens entre les aspects économiques et le développement territorial dans lequel s’insèrent les tiers-lieux. Au travers d’exemples concrets, il a été démontré que ces lieux émanant de réseau d’acteurs sont la preuve d’un ferme attachement au territoire. Ils sont aussi souvent des lieux « totems » emblématiques à forte richesse patrimoniale. Enfin, l’aboutissement de cet apport à mis en lumière 7 dimensions à prendre en considération lorsqu’on pense aux tiers-lieux : Outre le lieu en lui-même, il faut se pencher sur qui est la communauté porteuse du projet, l’écosystème local dans lequel il s’implante, le nécessaire choix du statut juridique ainsi que le modèle économique à privilégier… ce dernier étant lié aux types d’offres, de services et d’animations proposés.
Il est bon à noter qu’un vadémécum des tiers-lieux à vocation économique a été édité par la CPDT. Vous pouvez également retrouver ci-dessous, un replay des « midis de LEPUR » sur les tiers-lieux.

La 3e intervenante, Coralie Mattelaer est avocate et médiatrice spécialisée en droit des entreprises sociales. Son exposé nous a éclairés quant aux possibilités de formes juridiques envisageables pour structurer son tiers-lieu. Pour ce faire, il y a lieu de se poser toute une série de questions comme celle de viser un but lucratif ou pas, celle d’évaluer le « risque » que l’activité peut susciter, celle de la destination de bénéfices éventuels… Ces questions doivent impérativement tourner autour de différents points de vue comme les financements nécessaires, la nature des organes de gestion requis, les responsabilités engagées, la fiscalité, les obligations… En fonction de la réponse à toutes ces questions, le porteur de projet s’orientera vers une structure de type ASBL, coopérative ou encore vers une fondation. Il est aussi souligné la forme hybride qui peut être choisie, soit à la fois une coopérative adoubée d’une ASBL, toutes deux avec des missions et des objectifs propres.
Enfin, l’après-midi s’est clôturée par un échange d’expériences, animé par Jérôme Mabille, chargé de mission au Réseau wallon du développement rural (RWDR) et qui a rassemblé plusieurs intervenants tels que le Monty, tiers-lieu artistique, culturel et citoyen à Genappe, le Quatre-Quarts, coopérative éco-responsable à Court-St-Etienne, l’Arbre qui pousse, tiers-lieux d’émergence à Ottignies et aussi une représentante des Buurtpunten, de chez nos voisins de Flandre.
Il est difficile de relater toute la richesse de ces échanges et des sources d’inspiration qu’ils peuvent représenter, c’est pourquoi nous vous invitons à consulter le replay de cet après-midi, disponible via ce lien…
Quelques morceaux choisis : « Ruralité vivante », « Mise en réseau » « On y refait le monde » « C’est un projet sur les parcours de vie » « Une vision territoriale d’avenir » « Ces lieux appartiennent aux citoyens et aux associations locales » « Ces tiers-lieux sont au service de la transition territoriale » « Il y a là comme une souplesse de réaction » « Des lieux d’encapacitation, de pouvoir d’agir » « C’est une histoire de rencontres, c’est un organisme vivant, lieu de transition et incubateur de transitions » « On y ensemence les imaginaires communs »…
Tous ces acteurs ont évidemment abondé dans l’importance du caractère citoyen de ces initiatives, dans la dimension de participation citoyenne et donc dans l’importance de la notion d’engagement (devrions-nous dire de sacerdoce ?) que requièrent la création et l’animation/dynamisation des tiers-lieux en Belgique… Nous en reparlerons bientôt !
Commentaire
Tiers lieux
Les tiers lieux sont héritiers des pratiques de l'éducation populaire ou de l'éducation permanente.
J'avais écrit un blog sur ce thème en France (Ile de France). A partager.
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire
Les tiers lieux quelle richesse
Récit d'une conférence pour mieux comprendre ces nouveaux lieux de participation citoyenne, de création, de production et d'utopies...
Cet article et cette initiative donnent de l'espoir a ceux qui vivent dans de milieux ruraux et éloignées, qui vieillissent loin des villes tout en tenant compte des immenses possibilités que donnent les nouvelles technologies... plus essentielles pour la vie dans des milieux ruraux qu'ailleurs. C'est tout un nouveau domaine de recherche et d 'activités puisque les rapports avec l'environnement malgré tout sont determinants....les rapports entre espace, les personnes âgées et la digitalisation devraient être recherches davantage. Mes et nos félicitations.
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire
Merci pour votre commentaire…
Merci pour votre commentaire et vos encouragements! Tout comme vous, je perçois dans le potentiel des tiers-lieux, de magnifiques opportunités pour les territoires, en ce compris les plus reculés (oubliés?), et les populations qui y vivent...
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire
opinion of Third Places: Sharing Experiences and Guidelines
The article "Third Places: Sharing Experiences and Guidelines" is a fascinating and informative exploration of the concept of "third places" and their potential benefits for education and lifelong learning. The author provides a detailed analysis of what constitutes a third place and how it differs from traditional educational settings such as schools and universities.
One of the most interesting aspects of the article is the focus on the role of third places in promoting social inclusion and community building. The author notes that third places can serve as a gathering space for diverse groups of people, providing opportunities for social interaction and the exchange of ideas. This, in turn, can help to build strong and vibrant communities and promote social cohesion.
Overall, "Third Places: Sharing Experiences and Guidelines" is a thoughtful and insightful exploration of a fascinating concept that has the potential to transform education and lifelong learning. The author provides a wealth of practical advice and guidance for those interested in creating or supporting third places, and makes a compelling case for their importance in promoting social inclusion, community building, and lifelong learning. Anyone interested in education, community development, or lifelong learning would do well to read this article and consider the potential of third places in their own context.