[Traduction (anglais - français) : EPALE France]

Je travaille à la Glasgow Women’s Library (bibliothèque des femmes de Glasgow) où je suis chargée de la promotion de l'alphabétisation et de l'apprentissage du calcul chez les adultes. J'accompagne les femmes dans leur apprentissage de la lecture et de l'écriture, quel que soit leur niveau.
Certaines n'ont jamais appris à lire ni à écrire, et ce pour diverses raisons : maltraitance, traumatisme, situation de réfugié ou difficultés d'apprentissage. D'autres, après avoir quitté depuis longtemps le système éducatif, reprennent leurs études ou veulent écrire leur propre histoire, faire des mots croisés ou lire un poème. Je participe également à beaucoup d'autres activités : ateliers d'écriture créative, théâtre, tout ce qui a trait à l'histoire des femmes.

Il me semble que j'ai entendu parler d'EPALE pour la première fois en 2016 lorsque j’ai lu sur le site de Glasgow's Learning ou de RaPAL un communiqué sur l'inégalité des sexes à l’occasion de la Journée internationale de la femme, ou à peu près à cette période-là. Je me suis inscrite et j'ai commencé à lire les discussions et à interagir sur la plateforme - pas autant que j'aurais aimé, puisque je suis très occupée avec mon travail, mais chaque fois que j'y jette un œil, il y a toujours quelque chose d'intéressant à lire, avec des discussions qui suscitent la réflexion.

À la Glasgow Women's Library, nous avons une petite équipe chargée de l'alphabétisation et de l'apprentissage du calcul pour les adultes. Trois d’entre nous travaillent à temps partiel et nous sommes actuellement en télétravail. Nous travaillons avec des femmes de tous les milieux, cultures, âges et niveaux de compétence - des femmes qui ne savent pas du tout lire ni écrire, d’autres qui souhaitent retrouver les bancs de l’école après les avoir longtemps désertés, et qui veulent de l’aide pour rédiger des essais, etc. En général, la plupart des femmes avec lesquelles nous travaillons sont vulnérables, isolées et préfèrent des séances individuelles.

Chez nous, c’est l’apprenante qui dirige.

Nous laissons aux apprenantes le choix de faire ce qui leur tient à cœur : écrire un poème, faire des mots croisés, créer des recettes, lire des livres pour enfants, les aider à visiter une galerie d'art, rédiger un CV, postuler un emploi, jouer au Scrabble...

Au début du confinement, j'étais vraiment inquiète pour nos apprenantes et ne voyais pas bien comment nous pourrions les aider, mais depuis quelques semaines, je suis plus rassurée parce que nous avons réussi à trouver des moyens créatifs pour travailler ensemble et réaliser de belles choses.
Malheureusement, la pauvreté numérique est un problème - la pauvreté en général d'ailleurs. La plupart d'entre elles ont néanmoins un téléphone, et nous utilisons donc la technologie pour rester en contact - appels téléphoniques, WhatsApp, Zoom, etc. Nous avons guidé nos apprenantes, et nous avons désormais trouvé notre nouvelle dynamique. Nous avons préparé des documents contenant des ressources gratuites pour les apprenantes, des suggestions à destination des parents pour apprendre en famille, divertir et éduquer ses enfants à la maison, ainsi que des fiches détaillées simples et visuelles pour expliquer aux apprenantes comment s'inscrire sur Zoom avec un ordinateur portable ou un smartphone.

Certaines de nos apprenantes ont malheureusement des problèmes administratifs, de santé ou sont demandeurs d'asile. Nous avons dirigé ces personnes vers les organisations appropriées et veillé à ce que celles dans le besoin reçoivent des colis alimentaires et d'autres aides. Pour certaines de ces femmes qui ont des enfants ou d'autres personnes à charge, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul doit être suspendu pour quelque temps, mais dans ces cas-là, il est vraiment essentiel de leur passer un coup de fil et leur prêter une oreille attentive.

Aujourd'hui, une de mes apprenantes m'a confié adorer nos appels téléphoniques hebdomadaires et les attendre avec impatience. C'est suffisant pour sentir que je leur apporte quelque chose de précieux.

Mais avec beaucoup d'autres, nous continuons à faire preuve de créativité dans nos séances d'alphabétisation. J'ai une apprenante passionnée d'histoire de la Rome antique qui suit un cours gratuit sur le sujet. Nous lisons ensemble ses devoirs pour l'aider à lire et à comprendre. Une autre apprenante doit prendre des notes dans le cadre de son travail. Je lui fais la lecture, elle prend des notes et les tape. Nous partageons ensuite nos écrans sur Zoom et nous corrigeons son travail. Cette fonction de partage d'écran et de tableau blanc interactif disponible sur plusieurs plateformes en ligne est vraiment utile pour travailler sur la grammaire, l'orthographe, la rédaction de journaux intimes et l'écriture créative avec plusieurs autres apprenantes. Avec une autre, nous travaillons sur la lecture, la compréhension et l'écriture en utilisant les 100 mots les plus fréquemment utilisés en anglais.
Une de mes apprenantes s'est inscrite à un cours accéléré de psychologie légale. Elle rencontre quelques difficultés, tant au niveau du contenu que de la motivation, alors je me suis également inscrite à ce cours, et nous le faisons ensemble. D'ici la fin de ce cours, les témoignages de crime n'auront plus aucun secret pour moi ! J'ai trouvé des jeux de mots, des mots cachés, des mots croisés en ligne que nous faisons ensemble avec les apprenantes.

Nous avons aussi un petit groupe appelé Conversation de Café où les femmes dont la langue maternelle n'est pas l'anglais se réunissent avec quelques tuteurs et... discutent, comme autour d'un café. Cela se fait désormais sur Zoom et les femmes se relaient pour proposer un sujet de conversation et d'écriture. 

Vous savez, c'est vraiment très rassurant de poser tout cela par écrit et se rendre compte qu'en ces temps étranges, nous pouvons encore faire un travail utile avec les apprenantes.

Qui sait, une fois tout cela terminé, nous pourrons peut-être conserver le mode numérique pour atteindre encore plus d'apprenantes qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas se rendre à la GWL.

Nous sommes impatients de lire votre témoignage. N’attendez plus pour partager votre histoire !